«Ces chérubins auront les ailes étendues en avant et dominant le propitiatoire » (Chemoth 25,20).
On raconte que mon vénérable ancêtre, rabbi Yits’hak Eizik de Kalov, avait l’usage de se rendre chaque matin au Talmud Tora de la ville de Kalov, pour écouter les Berakhoth du matin des enfants et pour y répondre Amen.
De même, de nombreuses histoires circulent sur les Tsadikim des générations, qui avaient une haute estime pour les prières des enfants, et les initiaient à la prière. Notre maître, le Ba’al Chem Tov, avait l’usage, dans sa jeunesse, de réunir tous les jeunes enfants de sa ville qui étudiaient la Tora dans la synagogue afin de répondre Amen yehé Chemaya Raba.
À ce sujet, nos Maîtres (dans le traité Chabbath 119b) affirment que le monde subsiste uniquement grâce à l’haleine des jeunes enfants qui étudient la Tora et sont dépourvus de fautes. Cette faculté peut éliminer les desseins perfides des ennemis du peuple juif, comme l’affirme le roi David dans les Tehilim (8,3) : « Par la bouche des enfants et des nourrissons Tu as fondé Ta puissance. En dépit de Tes détracteurs, Tu réduis à l’impuissance ennemis et adversaires rancuniers. »
Cette faculté a été également employée par Mordekhaï Hatsadik après la promulgation du décret de destruction d’Israël, comme l’indique le Midrach (Esther Rabba 8,7) lorsqu’il réunit 24000 enfants avec lesquels il adressa des prières. Lorsque Hachem entendit la voix de ce troupeau sacré, ces enfants qui étudient la Tora en faveur des enfants d’Israël dans le désarroi, Sa compassion fut aussitôt éveillée, et Il orchestra le miracle de Pourim. Soudain, Haman, apporta le cheval et les vêtements d’apparat et y fit monter Mordekhaï, et tout s’inversa en bien.
Dans le Zohar Hakadoch figure un remarquable récit. À la mort de rabbi Yossi de Pekiyin, des personnes arrivèrent chez lui pour s’occuper du défunt, mais en entrant dans sa maison, ils y découvrirent son jeune fils au chevet de son père, pleurant et adressant une prière à Hachem, lui demandant pourquoi Il lui avait pris son père. Il eut le mérite que son père rabbi Yossi ouvre les yeux et revienne à la vie. Nous déduisons de là la valeur de la prière d’un jeune enfant priant innocemment du plus profond de son cœur, qui peut agir jusqu’à provoquer la résurrection des morts.
La prière des enfants est indispensable surtout à notre époque, afin de remplacer le service des Korbanot (sacrifices) qui nous manque depuis la destruction du Beth Hamikdach, comme l’expliqua l’illustre Maguid rabbi Ya’akov de Doubna par le biais d’une belle parabole : un homme très aisé causait beaucoup de peine aux autres, au point que tout le monde finit par s’éloigner de lui et par ressentir une hostilité à son égard. Par la suite, il perdit toute sa fortune dans le sillage d’une mauvaise affaire au point de devenir démuni. La situation devint si grave qu’il n’y avait plus de pain chez lui, et il fut contraint de frapper aux portes pour faire l’aumône.
Il passait de maison en maison, et à chaque endroit où il allait, non seulement ne récoltait-il rien, mais de plus, il était renvoyé avec humiliation. En effet, les personnes sollicitées se souvenaient de l’époque où, lorsqu’il était riche, il leur avait causé des ennuis, et ils le renvoyaient. Peiné, il rentrait chez lui les mains vides.
Il réunit ses enfants, à qui il dit : « Écoutez, mes enfants. Il est vrai que généralement, le père doit subvenir aux besoins de ses enfants, du fait qu’en général, les adultes ont plus de compétences pour travailler. Ceci est valable lorsqu’il s’agit de commerce ou de travaux manuels, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, car nous n’avons d’autre choix que de mendier aux portes, et c’est spécifiquement vous les enfants, qui êtes dotés d’un charme particulier, qui pourrez éveiller la compassion plus que moi. »
Le leçon : tant que nous avions le Beth Hamikdach, l’autel et le service des Korbanoth, ainsi que beaucoup de Tora, de Mitsvot et de bonnes actions, la parnassa des enfants était procurée par les pères, car les enfants n’ont pas leur part dans le service du Temple. Mais par nos fautes, depuis que nous avons été exilés de notre terre, il nous reste uniquement à implorer la miséricorde et la bonté de Hachem, et les enfants ont plus de facilité pour ce rôle, grâce à leur haleine pure et dénuée de faute, et par leur mérite, même les aspirations des adultes se réalisent.
Rabbi YEhochoua de Dinov donne une belle raison expliquant pourquoi les Tsadikim et ‘Hassidim de notre époque ne sont pas méticuleux de prier à l’heure du Nets, à l’aube. En effet, à notre époque, l’air est très pollué en raison des forces d’impureté. De ce fait, les Tefiloth tardent à s’élever, et de ce fait, on prie au même moment que les jeunes enfants qui étudient la Tora. En effet, par le biais de leur prière, ils nettoient l’air du monde et éliminent les forces de l’impureté, et ainsi, même les prières des adultes peuvent s’élever sans délai.
Ainsi, parents et maîtres doivent encourager leurs enfants à adresser une prière à Hachem, chacun en fonction de son âge et de son niveau, en leur expliquant combien leur prière a de valeur pour notre Père au Ciel, et à travers leur Tefila, ils peuvent attirer des influx positifs pour leur famille et pour l’ensemble du Klal Israël.
Ainsi, dans notre verset : «Ces chérubins auront les ailes étendues en avant » : les deux chérubins qui ressemblaient à de jeunes enfants, avaient les bras étendus, une posture indiquant une prière adressée à Hachem, loué soit-Il. Moché Rabbénou avait dit à Pharaon (Chemoth 9,29) : « J’étendrai mes mains vers l’Éternel », « et dominant le propitiatoire » : ils protégeaient l’Aron Kodrch où était déposé le Séfer Tora et l’Arche de l’alliance. Tout ceci était un signe pour les Brné Israël, afin qu’ils se remémorent constamment l’importance de la prière des jeunes enfants qui étudient la Tora, grâce à laquelle ils protègent le peuple d’Israël qui étudie la sainte Tora.
Chabbath Chalom !
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