«Ils prendront pour Moi une offrande prélevée de la part de quiconque y sera porté par son cœur, vous recevrez mon offrande » (Chemoth 25,2).
Un jour, un Juif se présenta devant le Maguid de Douvna et se plaignit qu’il honorait le Chabbath en dépensant beaucoup d’argent en vue du ‘Oneg Chabbath, mais les dépenses qu’il effectuait pour le Chabbath ne lui étaient pas remboursées, en dépit de l’affirmation de nos Sages (Bétsa 15b) stipulant que sur les dépenses du Chabbath, D’ dit : « Empruntez auprès de Moi et Je vous rembourse. »
Le Maguid lui répondit par le biais d’une parabole : un homme aisé avait deux fils qui vivaient au loin. L’un était extrêmement riche, l’autre très démuni. Ces frères n’avaient pas vu leur père depuis de longues années. Un jour, une lettre arriva de leur père : le cadet de la famille allait se marier et le père désirait que ses frères participent à son mariage et aux célébrations. Il écrivit une missive à son fils aisé pour lui demander instamment de venir avec son frère au mariage, et de revêtir toute sa famille, ainsi que celle de son frère démuni, de leurs plus beaux atours. Il ne devrait pas craindre d’effectuer de grandes dépenses, car il prendrait en charge toutes les dépenses effectuées en son honneur. Lorsque le fils aisé reçut cette lettre de son père, il se rendit rapidement dans un magasin et acheta de nombreux tissus onéreux pour fabriquer de somptueux vêtements pour son épouse et ses enfants, et se prépara pour le voyage. Avant de monter dans le carrosse, il se remémora l’autre demande de son père et demanda à son serviteur : « Appelle rapidement mon frère démuni : il faut qu’il arrive de suite. » Le frère arriva et l’interrogea : « Que désires-tu ? » Il répondit : « Quel est le sens de cette question ? Monte avec moi dans le carrosse. » Le frère monta, s’installa, et le convoi se mit en route. Lorsque le carrosse s’approcha de leur destination, on apprit que les fils, les épouses et les petits-enfants du marié arrivaient.
Les Me’houtanim (parents de la future mariée) partirent à leur rencontre avec des instruments de musique pour leur faire un accueil joyeux. L’homme aisé, paré de vêtements somptueux, descendit du carrosse. Les Me’houtanim demandèrent de qui il s’agissait et on leur répondit que c’était le fils du seigneur. Puis à sa suite arriva un pauvre vêtu de haillons, qui marchait pieds nus. Ils posèrent la question à son sujet et on lui répondit qu’il résidait dans la même ville que son frère. C’était très étrange à leurs yeux. Le fils aisé resta chez son père après le mariage et attendit que son père l’interroge sur les dépenses effectuées en vue du mariage. Mais deux semaines s’étaient écoulées depuis les noces et son père ne l’avait pas interrogé à ce sujet, le fils dit à son père : « Mon cher père. Je me suis plié à ta demande de venir me réjouir avec vous et tu sais que je suis un homme d’affaires et que je ne peux m’absenter trop longtemps. » Son père répondit : « Fais comme tu le désires, mon cher fils, tu peux tranquillement reprendre la route du retour. »
Lorsque le fils entendit les propos de son père, il s’attrista de toutes les dépenses qu’il avait engagées, pour lesquelles son père avait promis de payer. Il voyait désormais que son père faisait abstraction de cette promesse. Il se dit en son for intérieur : « J’ai gardé le silence et me suis retenu jusque-là, mais le moment est venu de prendre la parole. » Il se présenta devant son père et exposa devant lui le détail des frais importants qu’il avait effectués : le montant dépensé pour fabriquer son vêtement, le montant pour les vêtements de son épouse et ses enfants, et les frais du voyage… Son père lui répondit : « Tu t’es confectionné des vêtements, je te bénis de les user et de t’en faire fabriquer de nouveaux. » Le fils répondit à son père : « Mais tu m’avais promis de prendre en charge toutes les dépenses que je ferais à cette occasion.» Le père rétorqua : « Ne mens pas, mon fils, car il s’agit là d’une parole mensongère. » Le fils sortit de son sac une lettre manuscrite de la main de son père, posa la lettre devant lui et lui dit : « Regarde, mon père, je dis la vérité. » Le père répliqua : « Lis les propos de la lettre où j’écris : « Toutes les dépenses que tu feras en mon honneur, je paierai tout », mais en vérité, réfléchis mon fils, si vraiment tu avais agi pour m’honorer, alors comment as-tu pu faire abstraction de ma demande pour ton frère ? Tu as fait venir ton frère démuni en guenilles et pieds nus, tu n’as pas eu la présence d’esprit de le revêtir de beaux vêtements pour m’honorer et me donner de la satisfaction ! J’en déduis désormais que toute cette largesse était pour toi, alors comment me réclamer de l’argent ? »
Voici la leçon : D’ prescrit à l’homme de préparer très généreusement des repas de Chabbath et de fête. Il dit : « Empruntez sur Mon compte et Je rembourse » ; toutes les dépenses que vous réaliserez en Mon honneur, pour les délices du Chabbath et des jours de fête, vous seront remboursées. Mais si l’homme se pare de somptueux vêtements et dresse de somptueuses riches, mais qu’il délaisse son frère démuni, il s’avère que tout ce qu’il a fait n’était pas destiné à honorer D’, mais uniquement à procurer des délices à son propre corps. Dans ce cas, D’ lui répond : « Comment peux-tu Me réclamer quelque chose pour des dépenses que tu as faites pour toi ?! »
D’après cette parabole du Maguid de Douvna, nous pouvons ainsi interpréter les propos adressés par D’ au peuple juif dans le désert : « Ils prendront pour Moi une offrande prélevée » : prélevez de votre argent un don pour Moi, à Mon intention, comme l’indique le commentaire de Rachi.
Comment peut-on distinguer un homme qui prélève des fonds au nom du Ciel ? À ce sujet, il est dit : « de la part de quiconque y sera porté par son cœur » : en fonction de ce qu’ils donneront généreusement aux autres afin qu’ils puissent aussi servir D’, « vous recevrez mon offrande » : vous pourrez ainsi déterminer que le don a été effectué de manière désintéressée.
Chabbath Chalom !