«Ne vous rasez pas entre les yeux, en l’honneur d’un mort » (Devarim 14,1).
La localité de Carlsbad est connue pour ses sources thermales aux propriétés curatives, et à proximité des sources se trouve une grande place, autour de laquelle toutes les personnes qui ont bu de l’eau doivent courir. En effet, grâce à la gymnastique du corps, l’eau thérapeutique absorbée par l’homme se diffuse dans tout son corps.
Lorsque rabbi Méir Sim’ha de Dvinsk zatsal se rendit un jour à Carlsbad et but cette eau de source pour se guérir, on le vit courir à la périphérie de la place, située sur une colline. Certaines personnes lui firent remarquer qu’il était dangereux de courir à côté d’une pente. Le Gaon leur répondit : « Il est plus dangereux de courir en plein milieu de la place, car tout le monde court ensemble, hommes et femmes, et il existe un danger de voir des scènes interdites !»
Lorsqu’on regarde des femmes impudiques par exemple, on porte atteinte à la sainteté de l’âme, et cela peut également porter préjudice au corps, car l’esprit s’abrutit, et l’on peut être entraîné à agir de manière destructrice. Des risques existent également au niveau de la santé du corps, car toute personne qui ne préserve pas son regard, diminue son mérite de protection suprême contre les maladies.
À ce sujet, l’ouvrage Bina Léitim affirme que l’usage d’étudier les Pirké Avoth lors des Chabbatoth d’été tient au fait que les familles se rendent dans leurs résidences estivales et dans des stations thermales dans le but de se soigner et d’améliorer leur état de santé, mais il convient également de se soucier de la santé de l’âme, par le biais de l’étude du Moussar, car seule la santé du corps alliée à celle de l’esprit apporte le bénéfice nécessaire au corps et à l’esprit.
Dans le même esprit, le rabbi et auteur du Beth Israël de Gour zatsal, rapporte au nom de son père, l’Imré Emet de Gour zatsal, qu’aux mois de Tamouz et d’Av, il nous incombe de nous concentrer particulièrement dans le domaine de la préservation du regard, sachant que la guérison du corps et celle de l’esprit sont liées et lorsqu’on se rend dans une source pour soigner le corps, il faut retenir la nécessité de protéger son esprit en évitant d’observer des scènes interdites.
Le Beth Israël de Gour ajoute que la Guemara (Baba Metsia 107b) mentionne que Rav affirme avoir vu au cimetière que 99 pourcent des morts étaient décédés du mauvais œil. Rav explique que le sens de ce verset (Devarim 7,15) : « L’Éternel écartera de toi tout fléau » porte sur le Ayin Hara’, qui déclenche toutes les maladies. D’après ce que nous avons expliqué, l’idée de Rav visait ceux qui regardent des scènes interdites, et dans ce sens, ont un «mauvais œil», et se privent ainsi de la protection contre les maladies.
L’auteur du Tiféret Chelomo de Radomsk zatsal commente ainsi le verset (Devarim 32,10) : « Il le garde comme la prunelle de son œil» : tout comme l’homme protège son regard, dans la même mesure, Hachem le protège et le sauve, comme il est dit (Chemouël I 2,9) : «Il veille sur les pas de Ses adorateurs» et il commente aussi ce verset (Devarim 33,28) : «Et Israël réside avec sécurité, elle coule solitaire la source de Ya’akov » : en protégeant ses yeux, on réside avec sécurité.
Toute difficulté ou peine que l’homme éprouve lorsqu’il surmonte les grandes épreuves liées à la préservation du regard constitue un mérite et diminue largement les souffrances décrétées à son égard.
On sait également que celui qui protège son regard bénéficie d’une longue vie, comme il est dit (Tehilim 119,37) : «Détourne mes yeux de la vue des choses frivoles, fais-moi vivre dans Tes voies » : l’Ibn Ezra commente que l’homme mérite une longue vie s’il ne se laisse pas entraîner à voir des scènes interdites.
Il faut beaucoup se renforcer à ce sujet à une époque où l’on déplore un nombre très important de malades et de morts, que D’ préserve, et où la Parnassa est difficile. On raconte dans la Guemara (Ta’anith 8b) qu’un jour, une famine et une épidémie frappèrent simultanément, et le peuple ne savait pas sur quel sujet concentrer leurs prières. Rabbi Chemouël bar Na’hmani préconisa au peuple d’implorer Hachem de leur envoyer de la nourriture, car cette demande contient l’imploration de vivre, puisqu’on ne donne pas de nourriture aux morts.
Mon vénérable ancêtre, le Maguid de Koznitz zatsal, explique ce principe en profondeur : dans le Ciel, est promulgué un décret stipulant qu’il y aurait « une mort de la famine» : le Tsadik peut abolir la famine en œuvrant à éliminer la lettre Ayin du terme Raav (רעב) qu’il introduira dans le terme mort (מות) et ainsi, on obtient les termes : מעות רב (beaucoup d’argent) et de ce fait, les deux décrets seront abolis.
Il interprète ainsi ce verset (Tehilim 33,18) : « Voici, les yeux de Hachem sont ouverts sur Ses adorateurs, sur ceux qui ont foi en Sa bonté » : Hachem transmet la lettre Ayin aux Tsadikim, pour qu’ils modifient sa place, par statut céleste : « afin de sauver leur âme du trépas, et de les conserver en vie pendant la famine » afin qu’ils puissent abolir le décret de mort et de famine.
Rabbi Méir de Drizkov zatsal, dans son ouvrage Imré Noam ajoute qu’un homme qui craint D’ et qui préserve la sainteté de son «Ayin», conscient que l’œil appartient au Créateur, loué soit-Il, et sait qu’il ne convient pas de s’en servir contre Sa volonté – entraîne que la lettre Ayin soit placée au bon endroit et il sera décrété qu’il obtiendra beaucoup d’argent.
Dans cette optique, nous pouvons interpréter le verset de notre Paracha : « Ne vous rasez pas entre les yeux » : n’agissez pas de sorte que la lettre Ayin soit éliminée de son emplacement correct dans le terme מעות et qu’il se transforme en מת par le terme מות.
La Tora, dans notre Paracha, fait ainsi allusion à cette idée. En effet, cette Sidra est lue à une période de vacances où la nécessité de préserver son regard est importante, et l’on est prêt à retourner sur le lieu de travail où il est également impératif d’exercer cette même vigilance et d’établir des distances pour s’écarter de la débauche et des outils technologiques, etc. Les Écritures nous exhortent à renforcer cette protection, par le mérite de laquelle nous bénéficions d’une protection suprême contre les maladies et divers préjudices, et profitons aussi d’une longue et belle vie en bonne santé.
Chabbath Chalom !