«Sacrifice du Chabbath, offert chaque Chabbath, indépendamment des sacrifices perpétuels et de leur libation » (Bamidbar 28,10).
L’un des disciples du Sar Chalom de Belz zatsal se rendait fréquemment à Presbourg pour rendre visite au ‘Hatam Sofer. Ce dernier l’interrogeait sur la Tora de son rabbi et s’intéressait à ses idées. Le ‘Hatam Sofer écoutait et inscrivait ces propos dans son carnet et les appréciait beaucoup.
L’un d’eux était le Dvar Tora suivant : il est écrit dans la Paracha Lekh Lekha (Beréchith 13,6) : « Le terrain ne put se prêter à ce qu’ils demeurassent ensemble » : on peut l’interpréter ainsi : pendant les jours profanes, ils pouvaient se supporter mutuellement, mais une fois le Chabbath arrivé, le saint Chabbath, la différence entre eux était très marquée. Avraham Avinou prenait part dans sa maison aux repas de Chabbath avec ses disciples et ses esclaves, avec des chants et des louanges et des paroles d’émouna et de sainteté. En revanche, Lot et ses esclaves étaient gloutons et tenaient des propos de débauche, et de ce fait, ils étaient tenus de se séparer.
Chaque Juif doit faire preuve de vigilance dans ce domaine, en évitant de se conduire le Chabbath comme ceux qui se conduisent comme des animaux. Les Tsadikim expliquent que c’est pourquoi il est écrit à propos de la Mitsva de Chabbath (Chemoth 20,9) : « Toi, ton fils et ta fille, ton esclave mâle ou femelle, et ton bétail » : dans le terme Avdékha (tes serviteurs), il n’est pas écrit Veavdékha (et tes serviteurs) pour le rattacher à «Toi, ton fils et ta fille», pour nous indiquer que le Chabbath de chaque Juif et de sa famille doit être distinct de celui de ses serviteurs et de ses animaux, en proscrivant toute gloutonnerie et débauche.
Il existe une Mitsva de se réjouir le Chabbath et le Yom Tov, mais la débauche n’a rien d’une joie authentique, comme l’indique le Rambam (Hilkhoth Chevitath Yom Tov 6,20) : « Lorsqu’un homme mange, boit et se réjouit lors d’une fête de pèlerinage, il ne fait pas appel à la boisson, à la plaisanterie et à la légèreté en affirmant que toute personne qui en rajoute ajoute à la joie de la Mitsva. En effet, l’ivresse, la moquerie et la légèreté ne sont pas de la joie, mais de la débauche et de la folie. Il ne nous a pas été prescrit de nous livrer à la débauche et à la folie, mais de nous imprégner de la joie ressentie lors du service du Créateur, comme il est dit (Devarim 28,47) : « Parce que tu n’auras pas servi Hachem ton D’, dans la joie. »»
L’essentiel de la joie doit se focaliser sur l’aspect spirituel, comme l’indiquent nos Maîtres (Chabbath 118b) sur le verset (Tehilim 37,4) : « Cherche tes délices en l’Éternel, et Il t’accordera les demandes de ton cœur » : le verset évoque le ‘Oneg Chabbath, le délice du Chabbath. L’essentiel du Chabbath consiste à se délecter de la ‘Avodath Hachem par le biais de l’étude de la Tora, de la prière, des chants et des louanges, comme il est dit : « Yisme’hou BeMalkhoutekha Chomré Chabbath » (Ils se réjouiront de Ton règne, ceux qui respectent le Chabbath).
Le plaisir de la nourriture et de la boisson est un instrument qui conduit au plaisir spirituel, comme l’explique l’auteur de l’ouvrage Toldot Ya’akov Yossef au nom du Ba’al Chem Tov par le biais d’une parabole : le fils d’un roi avait reçu une lettre de son père, alors qu’il se trouvait en captivité, et il voulut danser de joie. Il alla chercher une boisson enivrante chez des bandits et ils se réjouirent et dansèrent sous l’effet de la boisson, et notre homme dansa avec eux. Or, il se réjouissait en raison de son père, le souverain. De la même façon, l’âme est une partie du divin qui se trouve dans notre corps : chaque Chabbath, elle reçoit une abondance de sainteté. Ainsi l’essentiel de la joie et du délice du Chabbath doit se focaliser sur l’âme et afin que le corps ne soit pas en reste, il faut également lui faire profiter par une consommation matérielle.
Si un homme veut savoir s’il a respecté le Chabbath selon la Halakha et a bénéficié d’un véritable ‘Oneg Chabbath, il doit vérifier ce qui se produit à l’issue du Chabbath. S’il ressent une satisfaction et une joie, qui l’aident ensuite à commencer la semaine avec une vitalité émanant de la sainteté, c’est le signe qu’il a célébré le Chabbath convenablement, avec la joie de la Mitsva. Ce n’est pas le cas s’il sent en revanche un vide et une dépression, à l’instar du sentiment des laïques à l’issue d’un match ou de fêtes de débauche et dans ce cas, c’est le signe qu’il n’a pas célébré le Chabbath correctement.
Rabbi Israël de Tchortkov zatsal déclara au début de la seconde assemblée de l’Agoudath Israël qui se déroula à Vienne en 1929 qu’il avait une preuve démontrant que cette assemblée était réunie Lechem Chamayim, pour une Mitsva. En effet, il était resté de la première assemblée un sentiment de joie pendant une longue période, et c’est le signe manifeste qu’il y régnait une joie de Mitsva. En effet, toute autre joie n’est qu’un plaisir fugace, au terme duquel le cœur s’emplit de tristesse.
Le rabbi de Tchortkov ajouta que c’est le sens des propos du roi David (Tehilim 68,4) : «Mais que les justes se réjouissent, jubilent devant D’, et s’abandonnent à des transports de joie !» : en effet, la joie des Tsadikim devant D’, c’est-à-dire la joie de Mitsva, demeure et continue à réjouir le cœur. C’est le sens de ces termes : « ils s’abandonnent à des transports de joie » : ils se réjouissent d’une joie qu’ils ont ressentie longtemps auparavant.
Le Chabbath est une source de joie pour les Juifs qui en profitent de manière appropriée, comme il est dit (dans le chant Ma Yedidouth) : « Kol Hamitaneguim Ba Yizkou Lerov Sim’ha» : tous ceux qui s’en réjouissent bénéficieront d’une grande joie. De nombreux Ba’alé Techouva m’ont confié que depuis qu’ils respectent le Chabbath, ils ont commencé à sentir pour la première fois une véritable joie de vivre, et toute leur vie s’est transformée en bien. Ceux qui se renforcent dans le respect strict du Chabbath et se consacrent beaucoup à la Tora, à la prière, aux chants et louanges, ressentent de plus en plus de joie dans leur vie.
Nous pouvons en découvrir une allusion ici dans le verset : «’Olat (Holocauste) du Chabbath » : l’élévation (‘Ola est de la même racine que Aliya) ressentie par le Juif le jour du saint Chabbath, dépend de «chaque Chabbath »: la manière dont il célèbre cette journée. On peut le reconnaître en fonction du «’Olat Hatamid (sacrifice perpétuel) » : son élévation perpétuelle par la suite, « et de sa libation » : la joie de Mitsva, à laquelle il est fait allusion dans le fait qu’à l’offrande des sacrifices s’ajoutait la libation du vin, qui réjouit le cœur des hommes. Lorsqu’on célèbre le Chabbath convenablement, on continue à s’élever également dans les jours de la semaine, grâce à une joie éternelle.
Chabbath Chalom !