Le rabbi de Kalov, par. Pekoudé : préserver son langage pour voir les prières exaucées

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« Telle sont les comptes du tabernacle, résidence du Statut » (Chemoth 38,21).

On raconte qu’un jour, rav Avraham Abich de Francfort voyageait en carriole d’une ville à l’autre. Ils devaient passer par une certaine ville, mais le cocher se rappela que ce jour-là, les non-Juifs célébraient une fête et qu’il était dangereux de circuler parmi eux.

Il confia au rav sa peur de traverser la ville en carriole et expliqua qu’il préférait contourner celle-ci en passant par les champs. Mais le rav répliqua : « Si l’on emprunte la voie de contournement, les chevaux en souffriront, en raison des nombreuses pierres, et de ce fait, je désire passer par la ville. Il ne faut rien craindre des non-Juifs, je prie que Hachem nous aide afin qu’à notre arrivée dans la rue principale de la vie, un feu éclate sur leur lieu de culte, et ils seront tous occupés à éteindre l’incendie. Absorbés par cette tâche, ils ne nous regarderont pas et nous pourrons traverser les lieux en toute sérénité. »

Le cocher savait qu’il fallait écouter le rav et qu’auprès de celui-ci, il n’y avait rien à craindre. Il poursuivit donc son chemin à travers la ville. Et les choses se déroulèrent exactement comme le rav l’avait prévu. Arrivés dans la rue principale, leur lieu de culte partit en flammes, et tous les résidents crièrent : « Au feu, au feu !» et ils traversèrent la ville sans encombre.

Le cocher observa le rav avec fascination, et ce dernier, devant son étonnement, lui dit : « Écoute, ce n’est pas une grande nouveauté. En effet, toute ma vie, j’ai veillé à ne pas pervertir ma langue en usant de mensonge et de propos indignes. De ce fait, lorsque je prends la parole, on l’accomplit dans le Ciel.

Nous trouvons une allusion à cette idée dans le verset : « Il ne peut violer sa parole : tout ce qu’a proféré sa bouche, il doit l’accomplir » (Bamidbar 30,3), à savoir que lorsque l’homme ne viole pas sa parole, tout ce qu’a proféré sa bouche sera réalisé par Hachem. » Et de poursuivre : « Tu pourras aussi te conduire de cette façon si tu préserves ta langue. »

Ce principe est mentionné dans le Séfer ‘Hassidim en ces termes : « L’homme ne proférera aucune parole avant d’être certain qu’elle correspond à la volonté du Créateur, et dans ce cas, Il l’appliquera et cela se réalisera. » Le Chla Hakadoch affirme que les Richonim possédaient ce niveau où leur prière était entendue, car ils veillaient à ne pas user leur langue pour des conversations vaines ou autres interdits du langage.

De ce fait, leurs paroles de prières étaient pures, ils engendraient une satisfaction au Ciel et éveillaient la compassion. En revanche, la prière d’un homme qui porte atteinte à sa langue n’est pas acceptée, comme l’indique le Zohar dans la Paracha de Pekoudé : lorsqu’un homme profère des propos interdits, des anges affectés à cette tâche empêchent sa prière de monter vers le Trône Céleste pendant quarante jours.

Dans cette perspective, le ‘Hafets ‘Haïm, dans son ouvrage (Cha’ar Hazekhira, chap. 7) explique que la Tora dit, à propos du Metsora’ (lépreux) : « Et il appellera : impur, impur !» (Vayikra 13,45). Nos Maîtres (Chabbath 67a) en déduisent qu’il confiera sa souffrance à la collectivité, pour qu’elle puisse prier en sa faveur. En effet, la Tsara’at découle d’une faute de Lachon Hara’ (médisance). Or, la prière d’un Metsora, qui a fauté par sa langue, n’est pas agréée dans le Ciel et on est on tenu de demander à d’autres personnes d’implorer la Compassion divine à son égard.

Rabbi Méïr de Premishlan cite à ce sujet une parabole : si on prépare un plat de grande qualité, prêt à être servi à des rois, mais qu’il est servi dans un ustensile dégoûtant, il ne sera pas digne d’être mangé et si on l’envoie dans un tel ustensile au roi, il ne sera pas accepté.

De la même façon, un homme qui tient des propos de sainteté doit impérativement avoir une bouche dénuée de toute parole qui la souille. Dans l’ouvrage Yitav Lev figure à ce sujet une belle parabole, illustrant la nécessité impérieuse de surveiller la sainteté de la bouche pour que nos prières soient agréées.

Certains hommes, après avoir fauté contre le roi, regrettèrent leurs actions, voulurent apaiser le roi et lui demander pardon, mais ils eurent honte de se présenter directement devant le roi. De ce fait, ils envoyèrent au préalable un messager pour intercéder en leur faveur, pour dans un second temps, pouvoir se présenter devant le roi. Mais ce n’est possible que si le messager est innocent. S’il a également participé à la révolte contre le souverain, leur désir de se rapprocher du roi ne pourra pas aboutir.

La leçon : il n’existe aucun homme vertueux sur terre qui ne fait que du bien et ne commet de faute sur aucun de ses membres. Mais s’ils regrettent et abandonnent leur crime, ils pourront rectifier le tir, en affirmant de vive voix : « Pardonne-nous, car nous avons fauté » et autres implorations. La bouche est le messager qui intercède auprès du Roi, au nom de tous les organes : il entre et sort dans la maison du roi, pour prier, entonner des cantiques et des louanges.

Tout ceci n’est pertinent que s’il n’a pas fauté avec sa bouche et s’est abstenu de dire du mal, mais s’il n’a pas préservé sa langue et que celle-ci s’est rebellée contre le Roi, qui pourra se présenter pour intercéder en sa faveur devant le Roi et l’implorer ? Il n’y a plus d’espoir : l’entrée est fermée et on ne peut plus se présenter devant le Roi. Tout individu qui a fauté avec sa langue devra se repentir à ce sujet et s’engager à préserver sa bouche et sa langue, et même s’il a fauté avec un autre organe, il pourra revenir et se rapprocher du Roi par le biais du messager : la bouche.

Nous pouvons affirmer que cette idée figure en allusion dans le verset, dans « les comptes du tabernacle » : ce lieu est réservé aux hommes qui sont cacher pour le témoignage, et non à ceux qui profèrent des mensonges, qui sont psoulim pour témoigner, car ils viennent dans le tabernacle pour adresser une prière à Hachem, et il faut préserver sa langue pour que les prières soient agréées.

Chabbath Chalom !

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