Paracha Nasso – La valeur d’un cours de Tora au Beth Hamidrach«Voici la tâche des enfants de Kehat, dans la tente d’assignation : elle concerne les choses très saintes» (Bamidbar 4,4). La Michna (Avoth 3,2) dit : « Deux hommes qui, en se rencontrant, n’échangent pas de paroles de Tora, forment un groupe de plaisantins. » Les commentateurs s’interrogent : il aurait fallu dire en vérité : ce sont des plaisantins. S’ils ne font pas de plaisanteries, mais passent du temps ensemble à ne rien faire, alors pourquoi serait-ce une assemblée de plaisantins ? Un enseignement, au nom de mon ancêtre, maître et rav, rabbi Yits’hak Eizik de Kalov, que son mérite nous protège, explique le sens de cette Michna : si deux hommes se retrouvent pour étudier, mais pour une raison inconnue, ne parviennent pas à échanger de paroles de Tora, cela signifie que ce lieu était autrefois un lieu où se réunissaient des plaisantins, et de ce fait, il a été imprégné d’impureté, et ceux qui viennent ensuite s’asseoir au même endroit seront atteints par cet esprit d’impureté, de sorte qu’ils auront du mal à mettre en pratique leur volonté d’étudier. De là, nous pouvons déduire le raisonnement inverse : si, en revanche, on étudie la Tora, on attire un esprit de Kedoucha, qui imprègne le lieu, si bien que par la suite, lorsque des hommes se retrouvent en ce lieu pour étudier, la Kedoucha présente sur place influera sur leur conduite et les aidera à mieux étudier. Pour illustrer cette idée, mentionnons un récit relaté par l’Admour de Ra’hmatrivka chlita, qu’il avait entendu de rabbi ‘Haïm Tsvi Eisenbach, qui le tenait d’un ‘Hassid présent au moment des faits : ce ‘Hassid était parti en voyage avec le rabbi de Komarna et ils arrivèrent à une auberge. Le rabbi demanda au propriétaire de l’auberge de lui attribuer une pièce pour la Tefila, et il accepta. À l’issue de la prière, le rav fit remarquer au propriétaire des lieux : « J’ai ressenti au moment de la Trfila une sainteté particulière, dis-moi à qui appartient cette pièce et parle-moi de lui. » Le propriétaire lui répondit : « Ce n’est pas moi qui ai bâti cette auberge, mais je l’ai héritée de mon père, et ce dernier, de mon grand-père, et j’ai appris par mon grand-père qu’un jour, avait séjourné chez lui le rabbi de Berditchev, qui avait sollicité une pièce spéciale pour la prière, et on lui avait attribué cette salle. Il avait également demandé à qui appartenait cette salle. Mon grand-père lui avait répondu : » Ce n’est pas moi qui ai bâti cette auberge, mais je l’ai obtenue en héritage de mon père, et mon père, de son grand-père. Celui-ci relata qu’un jour, le Ba’al Chem Tov y avait séjourné et avait prié dans cette salle. » Le rav de Berditchev avait alors répondu : « Maintenant j’ai compris. »» Nous apprenons de là que l’homme doit déployer de grands efforts pour fixer des moments d’étude de la Tora dans l’enceinte d’un Beth Hamidrach, car le Beth Hamidrach en soi est un lieu saint, du fait que le Saint béni soit-Il y fait reposer Sa Chekhina, et cela influe grandement sur l’homme qui y étudie pour se sanctifier. Nos Sages ont qualifié ces maisons d’étude de sanctuaire en miniature, pour nous indiquer que leur sainteté remplace celle du Beth Hamikdach, et compte tenu de sa grande sainteté, toutes sortes de forces impures sont éliminées en ces lieux. Dans l’ouvrage Déguel Ma’hané Efraïm (paracha Bechala’h), l’auteur cite à ce sujet ces propos de nos Sages (dans le traité Kidouchin 30b) : « Si vous rencontrez un mécréant, amenez-le au Beth Hamidrach : s’il est fait de pierre, il s’adoucira, et s’il est fait de métal, il se brisera », c’est-à-dire qu’il convient d’étudier spécifiquement dans un Beth Hamidrach, du fait de sa sainteté, et les influx négatifs disparaîtront. Lorsqu’on étudie dans un Beth Hamidrach, c’est une segoula pour découvrir la vérité de la Tora, comme il est dit dans les versets (Devarim 17,8) : « Si tu es impuissant à prononcer sur un cas judiciaire (…), tu te rendras à l’endroit qu’aura choisi l’Éternel, ton D’. » Nos Sages ont dit à ce sujet (Sanhédrin 14b) : « Cela nous enseigne que le lieu a une influence» : un lieu saint comme le Beth Hamikdach est imprégné d’une sainteté qui renforce la vérité. Nos Sages, dans le Talmud Yerouchalmi (Berakhoth 5,1) affirment ceci : « Nous avons une garantie : celui qui étudie le Talmud à la synagogue ne l’oubliera pas rapidement. » La Tora étudiée dans un lieu saint se retient plus facilement que ce qu’on étudie ailleurs, et l’oubli ne s’y applique pas. Il existe une autre vertu du Beth Hamidrach : même si l’homme n’a pas réussi à comprendre ce qu’il étudiait, il est récompensé pour sa marche vers le Beth Hamidrach et sa participation à un cours de Tora, suivant l’interprétation des Tsadikim de ce texte de nos Maîtres (Avoth 5,14) : «Un homme qui va au Beth Hamidrach, mais n’étudie pas est récompensé », car le fait même d’y être allé affaiblit la force du mauvais penchant, et insuffle en lui la force de triompher du Yétser Hara’. De ce fait, il mérite un salaire, car il a fait un effort pour éviter de commettre une faute. En effet, nos Sages (Makoth 23b) affirment : « Toute personne qui s’abstient de commettre une faute obtient le salaire d’un homme qui accomplit une Mitsva. » De ce fait, le Rambam (Hilkhoth Tefila 11,9), indique que la simple présence d’un homme parmi ceux qui étudient à la synagogue est une Mitsva, même sans étudier. En effet, le roi David (Tehilim 54,5) dit : « Heureux ceux qui habitent dans Ta maison » : l’homme accroit ainsi sa sainteté. Ainsi, même si quelqu’un, pour une raison ou une autre, a du mal à étudier tous ses cours de Tora au Beth Hamidrach, devra au moins faire l’effort d’assister à un cours au Beth Hamidrach, car cela lui permettra de s’élever dans la sainteté. Nous en avons ici une allusion dans le verset : « Voici la tâche des enfants de Kehat, dans la tente d’assignation » : le terme de Kehat est un mot qui fait référence à une assemblée, comme il est dit (Beréchit 49,10) : « Vélo Yikehat Amim, À lui l’assemblée des peuples », c’est le résultat du service divin des Bené Israël rassemblés dans un Beth Mikdach en miniature, « elle concerne les choses très saintes » : cela contribue à aider l’homme à s’élever en Kedoucha. Chabbath Chalom ! |