«Tes serviteurs ont fait le dénombrement des gens de guerre qui étaient sous leurs ordres, et il n’en manque pas un seul » (Bamidbar 31,49).
On raconte qu’un jour, l’auteur du Imré Emet, l’Admour de Gour zatsal, se trouvait au moment de la Tefila de Moussaf dans son Beth Hamidrach à Gour, en Pologne, et à ses côtés, son cadet, le futur Admour de Gour, le Pné Mena’hem, qui avait alors quatre ans. Au milieu du passage : Kéter yitnou Lekha, l’enfant remarqua deux enfants qui se disputaient, il leva les yeux de son Sidour et suivit leur échange.
À l’issue de la prière, l’Imré Emet appela son fils et lui dit : « Sache que lorsqu’on apportera à Hachem la couronne réalisée aujourd’hui grâce aux Tefiloth du peuple d’Israël, on verra dans le Ciel que la couronne est remplie de diamants, mais il en manquera un. La question sera posée : pourquoi manque-t-il ici un diamant ? Les anges répondront que c’est dû au fait que l’enfant Pin’has Mena’hem de Gour n’a pas récité correctement le passage « Kéter », parce que sa pensée a été détournée au même moment. »
Les propos qui sortent du cœur pénétrèrent dans le cœur de l’enfant, qui saisit combien le service divin de chaque individu a de valeur dans le Ciel, et depuis lors, il fit preuve d’une grande vigilance afin de préserver les diamants sur la couronne de Hachem.
La couronne du roi est formée d’un mélange de pierres précieuses de toutes les couleurs, et chaque pierre de couleur embellit la couronne. L’association de nombreuses pierres de couleurs variées, différentes les unes des autres, forme une couronne parfaite. Mais s’il manque une seule pierre d’une couleur dans la couronne du roi, celle-ci souffre d’un défaut. De la même manière, chaque Juif a un rôle particulier qui lui est assigné dans le service divin, qui représente la beauté de la couronne du Roi des rois.
De la même façon, dans un orchestre où jouent de nombreux instruments, les spécialistes parviennent à distinguer s’il manque un seul instrument. En effet, chaque instrument contribue à la perfection du morceau de musique. De même, pour certains appareils et ordinateurs responsables de projets à grande échelle, si le moindre élément se détériore, cela peut mettre à l’arrêt de nombreuses usines.
Chez les nations du monde, l’être humain est considéré comme un grain de sable, comparable à une infinité d’autres grains de sable, en particulier dans un pays comme la Chine où vivent plus d’un milliard d’habitants. L’individu, à leurs yeux, est considéré comme une goutte d’eau dans l’océan qui se fond dans la masse. De ce fait, la valeur de la vie humaine est dénuée d’importance et seuls les gouvernants ont de la valeur. En revanche, chez les Juifs, chacun ressemble à un diamant précieux qui n’a pas son pareil dans tout l’univers.
Rabbi Tsadok Hacohen de Lublin écrit dans son ouvrage Pri Tsadik que c’est à ce sujet qu’il est dit (Sanhédrin 37a) : « Chacun est tenu de dire : « le monde a été créé pour moi. » » En effet, le monde a été créé pour chaque Juif, comme il est dit (Berakhoth 6b) sur le verset : « Car c’est là tout l’homme » : il est comparable au monde entier. Le monde entier n’a été créé que dans ce but. C’est valable pour chaque individu, qui est, chacun à sa façon, élevé et particulier, et c’est pour cette raison que le monde entier est créé pour lui et que sa présence est nécessaire sur terre.
Rabbi Chlomo de Karlin zatsal déclare : « Chaque Juif est tenu de penser qu’il est unique dans le monde de son point de vue, et qu’aucune autre personne ne lui est comparable dans le monde. Si une personne identique à lui avait vécu dans ce monde, sa présence n’aurait pas été nécessaire. »
C’est le principe fondamental du concept des Guilgoulé Nechamoth (réincarnations). En effet, si un homme n’a pas rempli ses obligations sur terre, il sera obligé de revenir dans le monde dans une incarnation différente pour rectifier ce qu’il n’a pas rectifié lors de son premier passage. En effet, il est le seul à pouvoir agir dans le domaine précis qui lui est assigné et justifie sa création.
En conséquence, chaque Juif doit procéder constamment à une introspection. Bien qu’il y ait de nombreux Juifs, aucun ne ressemble à l’autre, et personne ne peut dire : « Peu importe à Hachem si j’étudie ou je prie, car il y a des millions de Juifs dans le monde », au contraire, il faut savoir que chaque âme juive vient au monde pour mener à bien une mission qui lui est particulière. Hachem a transmis à chaque âme des forces qui lui sont propres et lui permettent de remplir son rôle.
Dans cette perspective, les Tsadikim commentent ce passage mentionné par Rachi : les Bené Israël sont comparés à des étoiles. Il est écrit à propos des étoiles (Tehilim 147,4) : «Il détermine le nombre des étoiles, à elles toutes Il attribue des noms. » Le saint béni soit-Il attribue des noms aux étoiles, car Il attribue un rôle particulier à chacune des milliards d’étoiles. Les enfants d’Israël ont chacun un rôle spécifique à jouer, et de ce fait, Hachem a demandé de les compter, pour illustrer cette idée. Dès qu’il manque une personne, le dénombrement change.
Dans cet esprit, on peut interpréter le passage de notre paracha où les officiers s’adressent à Moché Rabbénou après qu’il a dénombré le peuple d’Israël : « Tes serviteurs ont fait le dénombrement des gens de guerre qui étaient sous leurs ordres » : par le biais du décompte, on a instillé une fierté de la sainteté chez les Bené Israël qui sont des soldats dans l’armée de Hachem, le Roi des rois, « et il n’en manque pas un seul » : ils retiennent l’idée que chacun d’entre eux est un homme de valeur et ainsi, ils réussiront dans leur guerre contre le Yetser Hara’.
Chabbath Chalom !