« Cet impôt sera considéré pourr vous comme le blé prélevé de la grange » (Bamidbar 18,27)
À notre époque, nous constatons fréquemment que lorsqu’on s’adresse à des Juifs en leur proposant de s’améliorer, soit à travers des conférences publiques ou lors de conversations privées, cela peut déclencher aussitôt des changements positifs.
Ceci s’applique même à des individus devenus dépendants des contenus d’Internet sans filtre par exemple. D’après les psychologues, ils ne pourront se déconnecter immédiatement, mais dans la réalité, on remarque que ces Juifs qui sont réceptifs à ces propos et désirent se renforcer dans leur judaïsme prennent la résolution de se déconnecter et parviennent à tenir leur engagement.
Je peux moi-même en attester de par mon expérience : en effet, lorsque je demande à des hommes, femmes et enfants qui viennent solliciter une Berakha et se renforcer, de me promettre fermement d’accomplir une certaine Mitsva, souvent, lorsque je demande à des jeunes gens de se préserver au niveau des mœurs ou de respecter d’autres Mitsvot, ils me citent l’avis des psychologues selon lesquels c’est impossible. Je leur prouve alors le contraire et s’ils acceptent de prendre une bonne résolution, ils remarquent par la suite qu’ils parviennent à se maîtriser. Ils méritent ensuite une vie heureuse et fondent des foyers fidèles à la Tora.
Les psychologues ne se trompent pas, car d’après les voies de la nature qu’ils maîtrisent bien, l’homme a beaucoup de difficultés à surmonter ces grandes épreuves. Nous voyons que parmi les non-Juifs qui ont un certain sens de la moralité, certains se révoltent contre les dégâts terribles d’Internet, qui détruisent les enfants au niveau du corps et de l’esprit, mais ils n’ont pas de solution au problème. Il est encore plus difficile d’aider quelqu’un qui est déjà devenu dépendant, c’est au-delà des forces humaines.
Mais les Juifs qui s’engagent à surmonter ces tentations y parviennent, car ils bénéficient d’une aide divine, et comme l’affirment nos Sages (Yoma 38b), toute personne qui désire se purifier y est aidée. En l’absence d’aide divine, il est effectivement impossible de surmonter ces épreuves, comme l’indiquent nos Sages (Kidouchin 30b) : « En l’absence du Saint béni soit-Il qui apporte Son aide à l’homme, celui-ci ne pourrait se maîtriser ». Mais soutenu par Hachem, il est possible de surmonter toutes les épreuves, même lorsqu’elles paraissent insurmontables.
À ce sujet, j’ai entendu une histoire qui remonte à rabbi Baroukh de Mézibouz, qui se trouvait un jour avec son ancêtre, le Baal Chem Tov, chez un seigneur non-juif. Ce seigneur fit remarquer au Baal Chem Tov : « Je ne comprends pas comment tu surmontes toutes les tentations. » Et le Baal Chem Tov répondit : « J’ai pris de l’âge et mon sang chaud s’est apaisé. » En quittant les lieux, rabbi Baroukh demanda au Baal Chem Tov pourquoi il ne lui avait pas répondu qu’il était juif, et qu’un Juif a des forces pour surmonter ses tentations. Ce à quoi le Baal Chem Tov répondit : « Il est difficile d’expliquer à un non-Juif l’essence du Juif. »
Rabbi Baroukh relatait cette histoire à un stade avancé de sa vie, et pour conclure, il soupirait et déclarait : « Aujourd’hui, il est devenu difficile d’expliquer à un Juif l’essence du Juif.»
À cette époque difficile qui précède la venue du Machia’h, le mauvais penchant tente de faire oublier aux Bené Israël la force particulière dont ils disposent pour surmonter toutes les épreuves, afin que le Juif qui cède à ses penchants se décourage et renonce à se repentir. Le mauvais penchant tente également d’infiltrer cette idée chez les parents et éducateurs, les rabbanim et les responsables communautaires, afin qu’ils soient ouverts à l’avis des psychologues qui découragent les hommes et ne les remettent pas sur la bonne voie.
C’est pourquoi le Juif doit constamment méditer sur sa valeur intrinsèque. En effet, tous les Juifs sont fils du Roi des rois, et notre Père compatissant aide tous Ses fils qui désirent se repentir et se rapprocher de Lui, de manière surnaturelle. Il faudra se renforcer pour éviter de suivre le Yétser Hara qui tente de faire oublier à l’homme la distinction entre Israël et les nations, afin de le prendre dans ses filets. Rabbi Chelomo de Karlin résume cette idée ainsi : « Le plus grand Yétser Hara est lorsque le Juif oublie qu’il est fils de roi. »
Cette aide divine intervient surtout lorsqu’un Juif prend une bonne résolution qu’il formule à voix haute. Le fait de l’articuler l’aide à éprouver l’engagement contenu dans sa promesse, surtout lorsqu’il fait part de sa résolution à d’autres personnes, car il aurait honte de se rétracter. Il bénéficie aussi d’une segoula, car cette parole imprégnée de sainteté attire sur l’homme une grande sainteté, qui l’aide à échapper aux forces de l’impureté et à se rapprocher de D’, comme l’explique le Zohar.
Ainsi, dans l’ouvrage Sfat Emet (Matot), l’auteur commente ce propos du roi David dans les Tehilim (119,106) : « J’ai fait le serment, et je le tiendrai, d’observer les règles de Ta justice. » Lorsqu’on fait un serment, on mérite ensuite d’observer les règles. Lorsqu’on s’engage à respecter une Mitsva, la sainteté de celle-ci nous donne la force de tourner notre attention vers le service divin et d’accomplir notre bonne résolution.
Dans cette perspective, nous pouvons interpréter ce verset : « Ce prélèvement (Terouma) sera considéré pour vous » : connaissez vos forces qui vous aident à vous élever au-dessus des convoitises matérielles et à vous rapprocher de D’, ce qui est « comme le blé prélevé de la grange » : comme le prélèvement des céréales de la grange, à titre de Terouma. Au départ, la récolte est ordinaire, mais dès l’instant où un Juif prononce cette formule : Haré Zé terouma (C’est une Terouma), une grande sainteté repose alors sur cette récolte qui appartient désormais à une autre sphère. De la même manière, lorsqu’un Juif exprime un engagement, il devient investi d’une grande sainteté et devient quelqu’un d’autre, et mérite une aide divine pour respecter son engagement, même de manière surnaturelle.
Chabbath Chalom !
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