«Tu ne chercheras pas leur paix et leur prospérité » (Devarim 23,7).
Le rabbi de Klausenboug zatsal affirmait au nom de rabbi Naftali de Ropshitz zatsal : « Un homme intelligent est un apostat, un ascète est un prêtre et un homme au bon cœur est un infidèle. » L’idée est qu’il faut manifester de la vigilance lorsqu’on fait appel à ces traits de caractère. En effet, celui qui ne suit que l’intelligence peut finir par devenir, que D’ préserve, un hérétique, lorsqu’il méditera sur des sujets profonds et ne trouvera pas de réponse qui satisfasse son esprit aiguisé. Celui qui est uniquement ascète et abstinent, en se mettant à l’écart de ce monde, peut finir par se conduire comme les prêtres abstinents qui développent la colère et de mauvais traits de caractère. Celui qui se conduit toujours avec bon cœur, en manifestant de l’amour à tout un chacun, risque de devenir infidèle, en se liant à de mauvaises fréquentations.
On relate que le rav et auteur du Avné Nézer de Sokhtchov désirait s’installer en France, lieu de résidence des Ba’alé HaTossafoth, qui se consacraient à la Tora dans la sainteté et la pureté, pensant qu’il obtiendrait davantage d’inspiration dans son étude de la Tora. Mais il ne concrétisa pas son projet, du fait que les français sont plongés dans la débauche. Comme ils sont par nature calmes et d’un bon tempérament, ils sont entraînés par la Mida de bonté vers la débauche. Cette atmosphère d’impureté risquait de nuire au but désiré, celui de s’imprégner de la sainteté des lieux, et de ce fait, il ne serait pas gagnant.
Nous vivons à notre époque une grande épreuve dans ce domaine : l’usage courant consiste à se lier à toute personne sans aucune distinction, même s’il s’agit d’un homme douteux plongé dans les fautes. C’est le facteur principal qui détourne les jeunes gens de notre époque. En effet, il est possible aujourd’hui de se lier facilement à de nombreuses connaissances douteuses par le biais de divers outils technologiques. J’ai malheureusement moi-même rencontré de nombreux jeunes hommes issus de très bonnes familles qui se sont dégradés ainsi jusqu’aux bas-fonds.
C’est l’une des raisons pour lesquelles c’est une grande Mitsva de déployer tous les efforts possibles pour inscrire chaque enfant juif dans une bonne école juive de Tora, où il pourra fréquenter de bons amis. En effet, lorsqu’on étudie avec des amis peu recommandables, qui passent le plus clair de leur temps plongés dans leurs téléphones non-filtrés, on devient victime d’une influence négative et destructrice.
Lorsqu’on rencontre un jeune qui commet des fautes sous l’influence de mauvaises fréquentations, il faut traiter la source du problème qui l’y a conduit, et tenter de l’inciter à couper tout contact avec ces mauvaises fréquentations. Comme l’indique rabbi Yossi (Pirké Avoth 2,9) : « Sortez et voyez quelle est la mauvaise voie dont l’homme doit s’écarter : un mauvais ami », qui constitue un poison mortel pour l’homme.
Tout comme il faut s’éloigner d’un homme atteint d’une maladie contagieuse, dangereuse pour la santé, par crainte d’être contaminé, il convient de la même manière de se préserver et ne pas se lier à un homme contaminé par une maladie spirituelle et contagieuse, qui affecte l’âme de l’homme.
Il faudra également s’éloigner de la théorie très répandue dans le monde à notre époque, qui prône la compassion et la tolérance à l’égard de ceux qui ont des pulsions indésirables, pour les aider à satisfaire à leurs pulsions. Retenons cependant que d’après la Tora, il est interdit d’avoir pitié de quelqu’un qui cherche à satisfaire ses désirs à l’encontre de la volonté du Créateur.
Remémorons-nous la mise en garde de rabbi Eliézer Tsvi de Kamarna dans son ouvrage Zaken Béto : notre maître, le Baal Chem Tov, avait l’usage d’expliquer à sa fille ‘Haya, qu’il refusait d’héberger chez lui des groupes de pauvres qui erraient d’une localité à l’autre, affirmant qu’il était interdit d’avoir pitié d’eux. En effet, les pauvres errants de son époque avaient l’usage de transgresser de graves fautes dans leur errance. Or, en les soutenant financièrement, on les encourageait à poursuivre dans cette vie dépourvue de valeurs.
Le meilleur bienfait pour l’homme consiste à s’écarter des mauvais désirs, acquérant ainsi un bien éternel pour son âme. C’est également un bienfait dans ce monde-ci, car il échappe ainsi à la sanction de perdre sa Parnassa et autres punitions découlant de cette faute. De plus, il bénéficie de la sérénité, comme l’indiquent nos Sages (Soucca 52b) qui mentionnent une règle : « Lorsqu’on le satisfait, il a faim, et lorsqu’on l’affame, il est satisfait » : lorsque l’homme tente d’assouvir son désir, cela éveille une soif et un désir incontrôlable et constant, ce qui n’est pas le cas de l’homme qui s’habitue à contrôler son penchant, il est satisfait et mène une vie de bonheur.
Le Midrach (Sifri) nous révèle qu’avant le don de la Tora, lorsque les nations du monde interrogèrent Hachem sur le contenu de la Tora, Il répondit à chaque peuple en fonction du trait de caractère qui lui était propre. Chaque nation répondit qu’elle ne pouvait accepter la Tora. Au peuple d’Amnon et de Moav, le Saint béni soit-Il répondit que la Tora contenait cet interdit : « Tu ne commettras point d’adultère », car ils étaient particulièrement dépravés. Ils commettaient des fautes et entraînaient d’autres à en commettre, par exemple lorsque les filles de Moav entraînèrent des hommes juifs à fauter.
Dans cette optique, revenons à notre verset de la Paracha qui évoque Amon et Moav : Hachem, dans Sa sainte Tora, adresse une mise en garde à chaque Juif et à chaque époque : «Tu ne chercheras pas leur paix et leur prospérité » : ne t’inspire pas du modèle de paix des nations du monde, qui sont dénuées de valeurs, comme Amon et Moav, en imitant leur conduite, mais réfère-toi à la paix et à la prospérité selon le sens que leur accorde la Tora.
Chabbath Chalom !