«Ne me retenez point, puisque D’ a fait réussir mon voyage » (Beréchit 24,56).
Nous constatons une résurgence importante de l’antisémitisme chez diverses personnes dans le monde entier ; chacun est à même de prendre un couteau pour agresser des Juifs, que D’ préserve. De plus, on découvre combien les terroristes, dont le but est de porter atteinte aux Juifs sont nombreux et équipés d’armements de guerre.
De ce fait, par la nature des choses, il pourrait y avoir bien plus d’attentats meurtriers, que D’ préserve. Il est vrai que nos nombreux ennemis nous veulent du mal, et certains se préparent dans ce but. Mais Hachem ruine leurs desseins, et ne les laisse faire de mal à aucun Juif, à moins qu’il ait été décrété du Ciel qu’on lui porterait préjudice. Dans la majorité des cas, nous ne sommes même pas au courant du danger encouru et du sauvetage.
À l’époque du ‘Hozé de Lublin, un ministre détestait les Juifs, et voulut mettre à mort le rabbin de la communauté de sa ville. Un jour, il envoya son serviteur creuser un trou profond sur la route que le rav empruntait chaque matin en direction du Beth Hamidrach avant le lever du jour, en pensant que le rav ne le remarquerait pas et y tomberait.
Mais du Ciel, on orchestra qu’un hôte distingué était invité chez ce rav ce soir-là, et ils conversèrent de Divré Tora jusque tard dans la soirée, et de ce fait, le rav se leva plus tard le lendemain matin, se rendit au Beth Hamidrach alors qu’il faisait déjà jour, et aperçut le trou profond qu’il contourna.
Lorsque le ministre apprit ce qui s’était passé, il déclara : « Je dois maintenant reconnaître la grandeur du D’ des Juifs, qui est omnipotent et orchestre tout, Il protège Ses enfants bien-aimés par Sa Providence divine particulière, et leur épargne de grands dangers dont ils n’ont même pas connaissance. »
Lorsque le ‘Hozé de Lublin eut vent de ce récit, il déclara : « Le roi David dit dans le Livre des Tehilim (117,1) : « Louez l’Éternel, vous tous, ô peuples, glorifiez-Le, vous toutes, ô nations, car immense est Sa bonté en notre faveur. » Nous louons Hachem pour la bonté qu’Il nous prodigue, certes, mais désormais, j’ai compris qu’il s’agissait de la bonté qui nous sauve de l’emprise des non-Juifs, si nous savions combien ils pensent du mal de nous et combien Hachem nous sauve de leur emprise. Le bénéficiaire d’un miracle n’est même pas au courant qu’il en a bénéficié. »
Rabbi Nathan David de Shidlovtsa interprète ce passage de la prière de Nichmat Kol ‘Haï : Bekhol ‘èt tsara vetsouka ein lanou Mélekh ‘ozer vesomekh éle Ata( (à chaque détresse et angoisse, nous n’avons pas d’autre Roi qui nous aide et nous soutient si ce n’est Toi) : cela se divise en deux : au départ nous affirmons qu’à chaque moment – une détresse et une angoisse : à chaque moment, nous sommes en situation de détresse et d’angoisse du côté des ennemis du peuple juif qui planifient toujours en secret de nous causer du tort, pas uniquement lorsque nous savons que nous sommes en période de détresse. Ensuite, il en résulte ceci : « Aucun Roi nous aide et nous soutient si ce n’est Toi » : les dirigeants humains n’ont pas la faculté de nous protéger de ces dangers cachés.
Même les dangers qui sont révélés de manière naturelle par les dirigeants des nations du monde qui nomment des policiers pour tenter de les dissiper, s’inscrivent également au-delà de la nature, car la nature des nations du monde est de détester le peuple d’Israël. Or, Hachem incline leur cœur en faveur du peuple juif, comme il est dit (Michlé 21,1) : « Le cœur du roi est comme un ruisseau dans la main de l’Éternel ; Il le dirige partout où il veut. »
Le Gaon Rabbi Yits’hak de Volozyn relate que lorsqu’il se rendit chez le tsar Nicolaï en Russie afin d’intercéder en faveur du peuple juif, il aperçut dans la cour du palais d’imposants chiens de chasse, qui s’approchaient de chaque visiteur et lui léchaient les jambes.
Il interrogea leur maître sur ce phénomène : comment était-il possible que les chiens aient changé leur nature et ne fussent plus prédateurs ? En effet, si le chien est attaché à une laisse, il sent qu’il ne peut agir comme bon lui semble, on peut donc le dresser pour qu’il surpasse sa nature, mais si on lui ôte la laisse, le chien renouera avec sa nature originelle et attaquera l’homme en face de lui.
Le rabbi de Volozyn affirma que l’on pourrait tenir le même discours à propos de la conduite des nations à l’égard du peuple d’Israël. En réalité, la nature des dirigeants des nations du monde est d’attaquer le Juif, semblable à un agneau parmi soixante-dix loups. Lorsqu’on observe parfois que les gouvernements prodiguent du bien au peuple juif, c’est du fait qu’ils sont menottés par Hachem, qui les oblige à leur prodiguer du bien, mais si Hachem les libérait, ils implanteraient immédiatement de sévères décrets.
Dans cette perspective, nous pouvons interpréter ce passage de notre paracha à propos du chidoukh de Rivka :
Betouël était le roi d’Aram Naharim où vivaient des mécréants qui détestaient le Tsadik Avraham. Il voulut tuer Eliézer, le serviteur d’Avraham, et dans ce but, il déposa du poison mortel dans un bol qu’il lui servit, mais un ange échangea le bol d’Eliézer avec celui de Betouël, qui consomma le poison et mourut, comme l’indique le Midrach.
Ensuite, Lavan et sa mère voulurent reporter le voyage de Rivka vers la maison d’Avraham, craignant que des ennemis du peuple d’Israël lui portent atteinte. À ce sujet, Eliézer leur répliqua : « Ne me retenez point » : ne tentez pas de reporter le voyage par crainte de la haine du peuple d’Israël, car vous avez vu à présent : « Puisque D’ a fait réussir mon voyage » : Hachem m’a envoyé la réussite dans mon voyage, car selon les voies naturelles, je n’aurais pas dû être protégé de ce danger dont j’ignorais même l’existence. Il ne faudra donc pas craindre les ennemis des Juifs, car Hachem protège toujours Son peuple ».
Chabbath Chalom !