« Un pays qui est constamment sous l’œil du Seigneur, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin » (Devarim 11,12)
Lorsque la situation globale est difficile et que de nombreuses personnes sont affectées au niveau de leur subsistance, les hommes ont l’usage de faire toutes sortes d’efforts dans le domaine matériel pour s’assurer leur gagne-pain. Mais les Juifs doivent retenir qu’en cette période, ils doivent surtout déployer des efforts sur le plan spirituel et accroître leurs bonnes actions qui ont le pouvoir d’influer sur la parnassa décidée dans le Ciel.
L’un des facteurs principaux qui retient l’abondance de la subsistance est le fait de regarder des scènes interdites, qui conduit naturellement à des pensées interdites et impures. Même si l’influence n’est pas immédiate sur l’homme, cette scène se grave dans son esprit, et au final, elle le souille. Ainsi, D’ nous a prescrit dans Sa Tora (Devarim 23,10) : « Quand tu marcheras en corps d’armée contre tes ennemis, tu devras te garder de toute action mauvaise. » Les Sages ont interprété (Ketouvoth 46a) que c’est un ordre adressé à l’homme de se préserver afin de ne pas avoir de mauvaise pensée en journée qui pourrait le conduire à une pollution nocturne.
Dans le Zohar Hakadoch (Tikouné Zohar 30b), il est dit que celui qui est plongé dans cette impureté est poursuivi par la pauvreté, au point que même si d’après le plan divin originel, il était censé vivre dans l’opulence, il perdra ses moyens de subsistance. De plus, cette impureté conduit à un abrutissement du cerveau, à des troubles intellectuels, à l’élimination de la faculté de concentration, et à un échec dans les affaires.
En revanche, l’attitude inverse apporte un grand bienfait : celui qui préserve son regard mérite de gagner largement et aisément sa vie. Toute épreuve ou difficulté de l’homme lorsqu’il surmonte les grandes épreuves liées à la préservation du regard sont portées à son crédit et diminue de beaucoup les difficultés décrétées à son encontre pour gagner sa vie. On lui octroie du Ciel un grand salaire à lui et à ses enfants, comme l’affirme l’ouvrage Séfer ‘Hassidim.
Cette attitude a été incarnée par Yossef Hatsadik. Lorsque Yossef avait dix-sept ans, il vivait en Égypte, le pays le plus impur de l’époque ; or, il exerça une maîtrise de lui-même et ne regarda pas l’épouse de Potiphar qui tentait de le séduire et s’enfuit à son approche. Il poursuivit dans cette voie de sainteté lorsqu’il devint vice-roi et marchait dans les rues d’Égypte, même lorsque des jeunes filles égyptiennes dépravées lançaient en sa direction des bijoux de valeur pour attirer son attention, il ne leur accorda pas un regard.
Par ce mérite, Yossef eut droit à une grande richesse, au point que dans les années de famine en Égypte, tout le monde s’adressa à lui pour obtenir du pain, comme il est dit (Beréchith 42,6) : « C’était Yossef qui faisait distribuer le blé » : ils constatèrent alors que par le mérite de la sainteté de Yossef Hatsadik, ils avaient obtenu leur parnassa. Nos Sages expliquent également (Zéva’him 118b) que par le mérite de la préservation du regard de Yossef Hatsadik, même ses descendants bénéficièrent d’une bonne subsistance.
Mais après le décès de Yossef Hatsadik, qui avait guidé les enfants d’Israël dans la sainteté, ceux-ci ne conservèrent pas ce degré de pureté, et ils fréquentaient des lieux où l’on voyait des scènes impudiques, comme l’affirme le Midrach (Tan’houma, Chemoth 6) sur le verset (Chemoth 1,7) : « Et ils remplissaient la contrée » : c’est-à-dire que les enfants d’Israël remplissaient les théâtres et les cirques. À ce stade-là, la subsistance du peuple d’Israël se réduisit considérablement, et ils furent contraints de travailler péniblement pour obtenir un peu de quoi se nourrir, du fait qu’ils avaient porté atteinte à leur sainteté.
Il faut beaucoup se renforcer sur ce point en période d’épidémie et de subsistance difficile. La Guemara (Ta’anit 8b) relate qu’un jour, une famine et une épidémie régnaient en même temps, et le peuple ignorait sur quel sujet concentrer ses prières. Rabbi Chemouël bar Na’hmani déclara qu’ils prient afin que D’ leur accorde de la nourriture, car cette demande inclut de rester en vie, du fait qu’on ne donne pas de nourriture aux morts.
Mon vénérable ancêtre, le Maguid de Koznitz, auteur du Omek Hadavar, expliqua que dans le ciel était gravé un décret annonçant une « mort due à la faim» ; or, le Tsadik peut annuler cette famine en œuvrant à éliminer la lettre Ayin du terme « Ra’av» (famine) pour l’introduire dans le terme «Mot» (mort) ; ainsi, l’ordre fut donné dans le ciel de faire venir « Méot Rav» (de nombreuses pièces). Ainsi, les deux décrets négatifs s’éliminent en même temps. Il expliqua dans ce sens le verset (Tehilim 33,18) : «Voici, les yeux du Seigneur sont ouverts sur Ses adorateurs, sur ceux qui ont foi en Sa bonté » : D’ transmet la lettre ‘Ayin aux Tsadikim, pour modifier sa place par décret divin, « afin de sauver leur âme du trépas, et de les conserver en vie pendant la famine » : on annule ainsi la mort (Mot) et la faim (Ra’av).
Rabbi Méir de Dizikov ajoute à ce sujet dans l’ouvrage Imré Noam : un homme qui craint D’ et préserve la sainteté de son regard, sait qu’il appartient au Créateur, loué soit-Il, Qui l’a créé et il ne convient pas d’en faire un usage opposé à Sa volonté, et il est décrété à son égard qu’il aura des Maot Rav (de nombreuses pièces).
Nous voyons dans la Guemara (Baba Kama 60b) que Rava bouchait les fenêtres en période d’épidémie. Les premiers commentateurs ont interprété que ces fenêtres se réfèrent aux yeux qui sont comparables à des fenêtres dans le corps humain ; en période d’épidémie, il les mettait en garde de préserver leur regard pour éviter de voir des choses négatives, car les scènes interdites conduisent à l’impureté, qui multiplie la force des êtres malfaisants en période d’épidémie, et constitue également la source de la famine ; en revanche, lorsqu’on préserve son regard, on élimine les décrets de mort et de faim.
Ainsi, dans notre paracha, après que Moché Rabbénou a assuré aux enfants d’Israël qu’ils ne devront pas, en Erets Israël, déployer de grands efforts pour leur gagne-pain comme ce fut le cas en Égypte, il en cita la raison : « Un pays qui est constamment sous l’œil du Seigneur, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin. » Retenez que les yeux de D’ sont rivés constamment sur Erets Israël, et de ce fait, même si à Roch Hachana, une famine a été décrétée, vous pourrez l’annuler avant la fin de l’année en vous renforçant dans la préservation de votre regard, comme l’ont expliqué nos Sages (Roch Hachana 16b) : de ce verset, on apprend qu’il est possible de modifier ce décret en cours d’année.
Puisse D’ désirer que par le renforcement de la préservation du regard et le bannissement des outils technologiques interdits, le peuple juif ait droit à une bonne subsistance.
Chabbath Chalom !