«Tu seras béni entre tous les peuples » (Devarim 7,14).
Chaque nation a un défaut qui lui est propre et émane d’un ange dans le Ciel préposé à ladite nation, qui influe sur les membres de ce peuple qui penchent vers ce vice. Il a été décidé selon des calculs divins qu’ils seraient testés particulièrement sur ce défaut.
Nous découvrons ce principe déjà dans le Midrach (Mekhilta paracha Yithro) : avant le don de la Tora, Hachem demanda aux enfants d’Essav s’ils désiraient recevoir la Tora. Ils répondirent qu’ils ne pourraient se résoudre à éviter le meurtre, car ils avaient hérité la tendance au meurtre de leur ancêtre ‘Essav. Les descendants d’Amon et de Moav répondirent qu’ils ne pourraient respecter le commandement : « Tu ne commettras pas d’adultère », pour l’avoir reçu en héritage de leur ancêtre Loth. La réponse de chacune des nations fut similaire, arguant qu’elle ne pourrait surmonter un penchant particulier répandu chez eux.
Ce principe s’applique également aux nations des époques récentes, comme l’affirma un jour notre maître le Ba’al Chem Tov : « J’ai vu dans le Ciel que l’ange de l’Allemagne est rempli de meurtre, l’ange de France est rempli d’adultère, l’ange gardien d’Angleterre est plein d’orgueil et l’ange de Russie, plein de mensonge. »
De ce fait, même les Juifs qui résident en exil, parmi les nations, affrontent une épreuve particulière, celle de surmonter la tendance majeure présente dans leur pays de résidence. En effet, la nature de l’homme est d’être influencé par les habitants du pays où il réside, comme l’indique le Rambam.
L’air même du pays a une influence. Tout comme la pollution atmosphérique et matérielle existe, il existe de même une pollution spirituelle. Rabbi Zoucha d’Anipoli explique que telle est l’intention du verset (Tehilim 100,35) : « Ils se mêlèrent aux peuples et s’inspirèrent de leurs coutumes (Ma’asséhem).» Il n’est pas dit Mima’asséhem, mais Ma’asséhem, pour indiquer que la faute des non-Juifs est ce qui conduit les Juifs à fauter, car ils polluent l’air. Ainsi, il est dit dans le Zohar (parachath A’haré 72b) que chaque Juif résidant dans un pays étranger est sujet à l’influence d’une impureté qu’il doit surmonter.
Or, à notre époque, tous les vices de toutes les nations du monde entier se répandent, par le biais de divers outils qui relient le monde entier. Nos Sages avaient déjà établi la prophétie à la fin du traité de Sota en mentionnant qu’à l’approche de la venue du Machia’h, tous les vices se répandront.
Nos Maîtres nous en dévoilent la raison : la nature de chaque objet est de se renforcer de toutes ses forces lorsque sa fin est proche, comme on le voit par exemple pour une bougie sur le point de s’éteindre. À l’approche de l’époque du Machia’h, au cours de laquelle le verset (Zekharia 13,2) s’appliquera : « De même les prophètes et l’esprit d’impureté, Je les ferai disparaître du pays », l’esprit d’impureté se renforce et déploie ses dernières forces de manière inégalée.
De ce fait, lorsqu’un Juif surmonte une tentation à notre époque, et s’efforce de faire de bonnes actions qui font la risée des autres, il élimine ainsi les forces de l’impureté, et cet acte a une immense valeur dans le Ciel, bien plus que de bonnes actions des époques précédentes.
Il est rapporté au nom du rabbi de Rouzyne, à propos d’un texte de nos Sages (Makoth 24a) : le prophète ‘Habakouk renforça le peuple en Émouna, comme il est dit (‘Habakouk 2,4) : « Le Tsadik vivra par sa ferme loyauté » : cette prophétie a été énoncée à propos de la génération du Machia’h : c’est uniquement par la Émouna que l’homme maintiendra son judaïsme. Avant de réaliser une Mitsva, il regardera autour de lui et constatera qu’il est l’objet de moqueries, et malgré tout, il accomplira cette Mitsva grâce à sa loyauté à l’égard de Hachem. Toute Mitsva sera agréée dans le Ciel, même si elle n’a pas été réalisée avec tous les détails et les Kavanoth comme autrefois.
Le Maguid de Mezeritch explique que telle est l’intention du verset (Tehilim 37,16) : « Mieux vaut la médiocrité du juste que l’opulence d’une foule de méchants » : le peu que réalise un Tsadik parmi une foule de méchants a une grande valeur. Et on interprète ainsi le verset (Tehilim 113,6) : « Il fait remonter le pauvre du sein de l’abjection» : si l’époque s’apparente à une abjection, alors même un pauvre sera élevé dans sa Mitsva.
C’est pourquoi nous sommes grandement récompensés, car la récompense est à la mesure de l’effort. Ainsi, l’auteur de l’ouvrage Ben Porath Yossef (parachath Vayéra) indique que celui qui sert véritablement Hachem en période d’exil voit son salaire doubler par rapport aux époques précédentes.
Chaque Juif doit impérativement retenir ce principe, en particulier lorsqu’il vit parmi les non-Juifs ou entre Juifs qui se conduisent malheureusement comme des non-Juifs, ou s’il se trouve dans un lieu de villégiature, et cela l’aidera à surmonter les épreuves qui se dressent sur son chemin.
L’auteur et rav du ‘Hidouché Harim de Gour interprète le texte au début de la paracha : « Ce sera (Vehaya) parce que vous écouterez » : Vehaya est un langage de joie (Esther Rabba 11) : une grande joie était présente chez Hachem, Ekèv : à la fin de la période d’exil, à l’approche de la venue du Machia’h, lorsqu’il y aura de grandes épreuves, et malgré tout : « vous écouterez » : vous continuerez alors à écouter la voix de Hachem et à respecter la Tora.
Nous pouvons, suivant ce principe, interpréter la suite du verset : «Tu seras béni » : tu seras abondamment béni dans ce monde et le suivant, « entre tous les peuples » : en vivant sous l’influence de tous les peuples qui se répand autour de vous à l’approche de la venue du Machia’h, vous serez largement récompensé par le mérite d’avoir surmonté toutes les tentations et les vices autour de vous.
Chabbath Chalom !