«Acheminez-vous vers le nord » (Devarim 2,3).
On raconte qu’un jour, l’illustre ‘Hafets ‘Haïm fit part de sa volonté d’organiser un cours de Halakha chez lui, pour les élèves de la Yechiva. Devant les élèves de la Yechiva rassemblés, il leur cita la Guemara du traité de Sanhédrin (97a) sur la venue du Machia’h : « Rav dit : toutes les dates possibles (pour la Gueoula) sont dépassées et tout dépend uniquement de la Techouva.» L’ensemble du cours s’appuya sur ce principe.
Le ‘Hafets ‘Haïm voulait ainsi sensibiliser ainsi ses élèves à cette idée : de nos jours, lorsqu’on constate des souffrances dues à la période précédant la venue du Machia’h, la Halakha stipule que nous devons nous tourner vers le repentir afin de faire venir la Gueoula.
Le Rambam tranche ainsi dans les Hilkhoth Techouva : « Le peuple juif est sauvé par la Techouva. La Tora a promis qu’au final, le peuple d’Israël se repentira à la fin de leur période d’exil, et aussitôt, ils seront délivrés, comme il est dit (Devarim 30,1-3) : « Or, quand te seront survenus tous ces événements… que tu retournes à l’Éternel, ton D’…L’Éternel, ton D’, mettra un terme à ton exil.»
À ce sujet, la Guemara (Sanhédrin 98a) relate que rabbi Yehochoua ben Lévi rencontra le roi Machia’h aux portes de Rome, et lui demanda la date de sa venue. Il répondit : « Aujourd’hui. » Le prophète Eliyahou expliqua à rabbi Yehochoua ben Lévi que son intention était celle mentionnée dans le verset (Tehilim 98,7) : « Si seulement aujourd’hui encore vous écoutiez Sa voix ! », à savoir que si les Bené Israël font Techouva, alors le jour en question adviendra.
Le Zohar Hakadoch explique que le décret de l’exil d’Edom s’appliquait uniquement à mille ans, et si l’exil dure plus longtemps, cela tient au fait que les enfants d’Israël ne se repentent pas, car seule la Techouva pourra leur apporter la Délivrance.
Ce retard est dans l’intérêt des âmes juives, comme on le rapporte au nom de l’auteur du Tiféreth Chelomo de Radomsk zatsal : en raison de la longueur de la Galouth, on a déjà demandé dans le Ciel de mettre un terme à l’exil en faisant mourir tous les mécréants, comme ce fut le cas lors de la sortie d’Égypte, où seuls les Tsadikim ont quitté l’exil tandis que les mécréants sont morts pendant les trois jours d’obscurité. Mais les Tsadikim du monde supérieur ont œuvré pour attendre le retour d’autres Juifs vers Hachem.
Pour créer ce retour à la Techouva, on orchestre dans le Ciel des événements éprouvants pour le peuple juif, comme l’explique la Guemara (Sanhédrin 97b) : lorsqu’Israël ne fait pas Techouva, le Saint béni soit-Il leur envoie un dirigeant dont les décrets sont aussi sévères que ceux de Haman, et ainsi, le peuple juif fait Techouva et revient dans le droit chemin.
Dans ces périodes, il faut être particulièrement vigilant pour ne pas être influencé par ceux qui attribuent tous les événements au hasard. Le ‘Hafets ‘Haïm zatsal interprétait le texte (Michna, fin du traité Sota) sur la période précédant la venue du Machia’h : « La face de la génération ressemble à celle du chien » : lorsqu’on jette une pierre sur un chien, il court derrière la pierre qui l’a blessé et la mord avec ses dents et ne fait pas attention au lanceur de pierre. C’est le même principe à l’œuvre à l’époque précédant le Machia’h : l’ensemble de la génération ne prend pas la peine d’observer Hachem lorsqu’Il envoie des épreuves pour nous susciter à la Techouva.
Dans cette optique, le Gaon rabbi El’hanan Wasserman zatsal écrit : « Il est inutile de se battre avec un bâton, car les bâtons ne manquent pas dans le ciel, et Hachem a de nombreux messagers. Il faut mettre en œuvre des moyens qui empêcheront les peuples de nous lancer des bâtons. Nos dirigeants innovateurs ont proclamé la guerre à d’immenses empires, et quel est le résultat ? On éveille leur colère à notre égard. Les dirigeants ne voient que le bâton, et refusent de reconnaître celui qui donne le coup. »
Le prophète Yirmiyahou (Jérémie 1,14) a déclaré : « C’est du Nord que le malheur doit éclater sur tous les habitants du pays. » Les ouvrages sacrés expliquent que cette prophétie s’applique également à la période précédant la venue du Machia’h, où un grand danger régnera en provenance des ennemis du peuple juif au nord d’Erets Israël qui voudront porter atteinte à tous les résidents du pays. Les Tsadikim affirment que c’est pour cette raison que rabbi Chimon bar Yo’haï et d’autres Tanaïm se sont installés en Galilée, au nord d’Erets Israël, dont les lieux de sépulture sacrés contribueront à l’avenir à nous protéger du mal émanant du Nord.
Mais le danger en provenance du nord servira uniquement à inciter les Bené Israël au repentir, et tous les Juifs qui lèveront les yeux au Ciel et feront Techouva échapperont au danger, et mériteront d’assister à la venue du Machia’h. La prophétie suivante (Yoël 2,20) s’appliquera à eux : « Et ce [fléau] venu du Nord, Je l’éloignerai de vous », comme l’explique Abrabanel, indiquant que cette prophétie concerne l’époque de la venue du Machia’h, lorsque Hachem éloignera et déracinera les peuples qui voudront causer du tort au peuple juif depuis le Nord.
Ainsi, les commentateurs commentent ce Midrach (Yalkout Chimoni, Chir Hachirim) : « Le vent du nord dit, j’apporte la Gueoula : par le biais du danger venant du Nord, ils s’éveilleront au repentir et la Gueoula adviendra.»
En cette période, il vaut la peine pour chacun de prendre une bonne résolution. C’est ce que préconise le Maguid de Mézeritch en s’appuyant sur le texte de nos Maîtres (Avoda Zara 10a) : « Certains acquièrent leur monde futur en une heure », et le terme « heure » ici signifie Penia (tournant), comme dans le verset (Beréchit 4,5) : « Mais à Caïn et à son offrande Il ne fut pas favorable (Lo chaa) », c’est-à-dire que par un tournant effectué par l’homme pour effectuer un retour vers la Voie divine, il est en mesure d’acquérir le monde futur.»
Nous pouvons trouver une allusion à cette idée dans le verset au début de la paracha (1,7) : « Partez, poursuivez votre marche » : tournez-vous pour adopter la voie de Hachem, et alors : « Dirigez-vous vers les monts amoréens et les contrées voisines » : vous pourrez vous rendre chez les non-Juifs autour d’Erets Israël sans éprouver aucune peur, car toute les forces dirigées contre le peuple d’Israël ont de l’emprise uniquement parce qu’ils ne font pas Techouva.
C’est dans cet esprit qu’on interprète le verset de notre paracha, lorsque Hachem s’adresse au peuple d’Israël à propos de la période avant la venue du Machia’h : « Acheminez-vous » : dirigez- vous vers la Techouva, « vers le nord » : par le biais de la peur du mal émanant du Nord. Nous aurons ainsi droit à la Gueoula, bientôt et de nos jours, Amen.
Chabbath Chalom !
