«Et celui qui, téméraire en sa conduite, n’obéirait pas à la décision du Cohen établi là pour servir l’Éternel, ton D’, ou à celle du juge, cet homme doit mourir » (Devarim 17,12).
On raconte qu’un jour, un érudit en Tora avait posé une question à rav Chelomo Zalman Auerbach : « Pourquoi ne réussis-je pas à élever mes enfants dans la voie de la droiture, tandis que mon voisin, un homme simple, réussit dans l’éducation de ses enfants, qui sont de bons enfants ? » Rabbi Chelomo Zalman, qui connaissait bien ces deux familles, lui répondit : « Toi, lorsque tu es attablé avec ta famille aux repas de Chabbath, tu parles contre tel rav ou tel rabbi, et tu les dénigres tous. De ce fait, ton fils en déduit que l’étude de la Tora et les Rabbanim sont sans importance. En revanche, ton voisin accorde de l’importance à ceux qui étudient la Tora et les traite avec respect, et naturellement, ses enfants veulent suivre sa trace et devenir des Bené Tora. »
En exprimant du mépris pour les rabbanim, on peut en arriver à renier toute la Tora et les principes de la foi, que D’ nous en préserve. Le Rambam (Hilkhoth Toumath Tsara’ath 16,7) explique que ce sont les moqueurs et mécréants qui médisent des Tsadikim, dans l’esprit de ce verset (Tehilim 31,19) : «Qu’elles deviennent muettes, les lèvres menteuses, qui parlent avec insolence contre le juste » et ainsi, ils prennent l’usage de remettre en cause les discours des prophètes, et en viennent à parler contre D’ et à renier les principes essentiels de la Tora, comme il est dit (Tehilim 73,9) : «Leur bouche s’attaque au ciel, leur langue promène ses ravages sur la terre » : qu’est-ce qui a entraîné leur bouche à s’attaquer au ciel ? Leur langue qui a d’abord promené ses ravages sur la terre.
Exprimer du mépris pour les Maîtres en Tora est l’un des préjudices les plus graves portés au judaïsme, car le maintien du judaïsme dans toutes les communautés juives dépend de l’autorité du rav de la communauté. Si l’on porte atteinte à son honneur, les fidèles ne lui obéiront pas, et un rejet du joug divin risque de s’ensuivre, en particulier chez les enfants qui sont élevés dans cet esprit. Nous avons observé ce phénomène à toutes les époques : dans les communautés où l’on méprisait le respect dû aux rabbanim, le judaïsme se perdit, et les renégats devinrent de plus en plus nombreux. Nous avons aussi observé des Juifs éminents de communautés florissantes qui ont méprisé l’honneur dû aux rabbanim et en conséquence, la conduite de leurs enfants a dégénéré et ils ont rejeté la Tora et les Mitsvoth.
C’est pourquoi il faut inculquer aux enfants la vertu de l’étude de la sainte Tora, et il vaut la peine de leur signaler à chaque occasion, que l’étude de la Tora est importante à nos yeux et que nous nous soumettons aux rabbanim et à leurs instructions.
Il faut également exercer une grande vigilance devant ses enfants pour éviter tout propos qui pourrait être interprété comme une forme de mépris à l’égard des érudits en Tora.
Le Ben Ich ‘Haï, dans son ouvrage Ben Yehohada (Chabbath 119b), raconte l’histoire d’un enfant qui allait chaque jour volontiers à l’école. Un jour, il rentra de l’école et en chemin, rencontra un Sage qui se nommait rabbi Mahalakh Hadérèkh, suivi par deux ignorants qui se moquaient de lui et de son nom. Le lendemain, l’enfant ne voulut plus retourner à l’école. Le directeur le convoqua, mais il refusa de venir. Son père lui dit : « Dépêche-toi d’aller à l’école pour étudier la Tora afin que tu puisses acquérir le titre de rabbi. » L’enfant répondit : « Pourquoi me maudire, j’ai entendu hier combien on se moquait du nom de rabbi… »
D’après ce récit, le Ben Ich ‘Haï interprète ce verset (Divré Hayamim I, 16,22) : «Ne touchez pas à Mes oints – ce sont les enfants qui étudient la Tora, et ne faites pas de mal à Mes prophètes : ce sont les érudits en Tora. » Ces deux éléments du verset sont interdépendants : si on veille à ne pas porter atteinte aux prophètes – c’est-à-dire les Talmidé ‘Hakhamim que vous humiliez – de même, ne touchez pas à Mes oints, c’est-à-dire les enfants qui étudient la Tora.
Le discours des parents influence beaucoup les enfants. La Guemara (Soucca 56b) fait le récit d’une jeune fille Cohen, Miriam bat Bilga, qui donna un coup de pied dans l’autel et déclara : « Loup, loup (loukouss), jusqu’à quand vas-tu consommer les biens du peuple juif, tandis que tu n’es pas à leurs côtés lorsqu’ils font face à des circonstances pressantes ? » Lorsque les Sages furent informés de sa conduite, ils punirent toute sa famille pour avoir engendré un enfant qui avait tout rejeté. Nos sages expliquent que la raison pour laquelle ses parents furent punis tient au fait qu’en général, le discours de l’enfant lui vient de son père ou de sa mère. Elle avait certainement entendu son père tenir ce genre de propos, expliquant que l’on perd de l’argent en respectant les Mitsvoth, et en conséquence, la conduite de sa fille se dégrada et elle s’exprima avec mépris contre le service au Beth Hamikdach.
Un homme qui a des fils qui suivent la voie de la droiture qu’il leur a enseignée est considéré comme vivant, car l’enfant accorde du mérite à son père pour les Mitsvoth et bonnes actions qu’il effectue. Ainsi, la Guemara Ta’anith (5b) dit : Ya’akov Avinou n’est pas mort, comme il est dit (Yirmiyahou 30,10) : «Ne crains donc rien, ô toi, mon serviteur Ya’akov, dit l’Eternel, ne sois point alarmé, ô Israël ! Car mon secours te fera sortir des régions lointaines et tes descendants de leur pays d’exil » : ce verset juxtapose Ya’akov à sa descendance : tout comme sa descendance est vivante, de même, Ya’akov lui-même est vivant.
Cette idée se retrouve ici dans nos versets : «Et celui qui, téméraire en sa conduite, n’obéirait pas à la décision du Cohen établi là pour servir l’Éternel, ton D’ » : il ne se plie pas aux instructions du rav qui sert D’, mais méprise son honneur et son discours, « cet homme doit mourir » : cet homme doit mourir totalement, car sa descendance ne suivra pas sa voie et n’accomplira plus les commandements, ce qui lui aurait permis d’être considéré comme vivant. Seuls ceux qui honorent les Sages en Tora et se plient à leurs instructions mériteront d’avoir de bons enfants.
Chabbath Chalom !