«Mais, passé l’âge de cinquante ans, il se retirera du service actif et ne travaillera plus » (Bamidbar 8,25).
Lorsque l’on prend conscience des répercussions terribles de l’usage d’Internet sans filtre, le satan s’évertue à diffuser l’idée que le danger ne concerne que les enfants, et les adultes continueront à se persuader qu’il ne présente aucun danger pour eux, et ainsi, le satan peut continuer à attraper des individus dans ses filets.
Dans cette veine, rabbi Méir de Premishlan fait le récit suivant : « Une fois, lorsque j’étais enfant, lorsque j’étais proche de mon maître et père, rabbi Mordekhaï de Kramenitz zatsal, qui me demanda de l’accompagner quelque part. Nous partîmes en charrette par un jour enneigé en direction d’une grande montagne. Lorsque nous somme arrivés devant la montagne, je craignis que la calèche se renverse et je décidai de sortir du véhicule, mais mon père me saisit par la main et me rassura en me disant que tout irait bien. Lorsque nous sommes arrivés au bas de la montagne et que la charrette a continué à avancer dans la plaine sur une route pavée, je pris une profonde inspiration et me réjouis que nous étions tirés d’affaire. Mais en proie à mes pensées, et certain que nous étions sauvés, la charrette se renversa soudain et nous avons eu beaucoup de difficultés à en sortir.
Le rabbi se tourna vers moi et me dit : « Écoute, il existe une présomption à l’égard d’un homme qui a des appréhensions vis-à-vis du Yétser Hara’ qui lui tend des pièges et cherche à lui nuire : il tentera sans doute de lui échapper de peur de tomber dans ses filets, et on estime qu’il vaincra le Yétser Hara’. En revanche, celui qui a confiance en lui et pense qu’il n’a rien à craindre du Yétser Hara’, finira par y succomber. À ce sujet, il est dit (Michlé/Proverbes 28,14) : » Heureux l’homme constamment timoré ! Qui endurcit son cœur tombe dans le malheur. » »
Retenons-en que même les adultes qui ont triomphé du mauvais penchant dans leur jeunesse, peuvent encore tomber dans les filets du Yétser Hara’, car toute sa vie, le Yétser Hara’ piège l’homme. Ainsi, Hillel Hazaken a dit (Avoth 2,4) : « Ne te fais pas confiance jusqu’au jour de ta mort » et dans la Guemara (Berakhoth 29a), on en veut pour preuve que le Cohen Gadol Yo’hanan occupa ce poste élevé de grand-prêtre pendant quatre-vingt ans et à la fin de sa vie, abandonna tout pour devenir Tsdouki (saducéen).
On raconte que rabbi ‘Heiyke Madmor zatsal, élève du Maguid de Mezeritch zatsal, fit toute sa vie des jeûnes et des mortifications au point que son corps s’affaiblit beaucoup, et on aurait dit qu’il n’avait que la peau sur les os. L’un de ses amis le vit un jour et exprima son étonnement de voir sur un grand Tsadik les marques de sa conduite d’abstinence et de sainteté. Le rabbi lui répondit : « Il n’y a là aucune preuve d’une authentique sainteté. En effet, le Tana a dit explicitement : « Ne te fais pas confiance à toi-même (‘atsmekha), même lorsque l’on voit tes os (‘atsamotékha) sur la peau, ne crois pas que de cette manière, tu es protégé du mauvais penchant. » »
Le Séfer ‘Hassidim indique que c’est pourquoi le Tanakh mentionne plusieurs récits sur de grands maîtres en Tora et des anciens qui ont succombé à des tentations mauvaises, pour nous informer de l’ampleur de l’influence du mauvais penchant, qui fait succomber également des hommes justes et des anciens. Il en résulte que chacun doit apprendre à s’écarter d’images interdites ou d’autres tentations qui peuvent conduire à une conduite décadente.
Nos Sages (Kidouchin 30b) affirment : « Le mauvais penchant de l’homme augmente chaque jour et cherche à le mettre à mort. » Même si on l’a surmonté, il revient à la charge pour détourner l’homme, il ne baisse pas les bras même s’il a subi un revers et cherche toutes les occasions pour vaincre l’homme.
Rabbi Yehochoua ben Lévi dit dans le Midrach (Beréchith Rabba 54a) : « En général, l’homme qui grandit au côté de son ami pendant deux ou trois ans, tisse des liens d’amitié avec lui. Or, le Yétser Hara’ grandit avec l’homme depuis son enfance jusqu’à sa vieillesse, s’il le trouve à soixante-dix ans, il le fait chuter, et pareil à quatre-vingt ans. »
Nous découvrons (Berakhoth 61a) que le mauvais penchant ressemble à une mouche qui harcèle l’homme, même lorsqu’il le chasse avec la main et l’éloigne, il revient à la charge pour l’importuner.
Les ouvrages sacrés affirment que lorsque les Écritures nous enjoignent à respecter les lois destinées à nous servir de barrière pour nous protéger de la faute, il est dit (Devarim 6,2) : « Toi, ton fils et ton petit-fils toute ta vie », il s’agit d’informer l’homme que même lorsqu’il a des petits-enfants, qu’il est déjà âgé et que son mauvais penchant s’est affaibli, il ne doit malgré tout pas se faire confiance et il a besoin de ces barrières.
L’essentiel de la protection de l’homme passe par le regard et l’ouïe, les portes par lesquelles les pensées et les désirs pervers peuvent entrer dans son cerveau et dans son cœur. C’est ainsi que les Tsadikim interprètent le verset (Devarim 16,18) : « Tu institueras des juges et des magistrats dans toutes les villes » : l’homme doit placer une surveillance aux portes de son corps, comme les yeux et les oreilles, pour éviter l’entrée de pensées hérétiques ou débauchées.
Nous pouvons ainsi interpréter notre verset : « Mais, passé l’âge de cinquante ans, il se retirera du service actif et ne travaillera plus » : pour un homme adulte qui s’est déjà habitué de longues années à pratiquer les Mitsvoth, cette pratique n’est pas considérée pour lui comme une tâche ardue. À ce sujet, Rachi écrit : « Et il ne servira plus pour le service du transport sur les épaules » : la pratique des Mitsvoth n’est plus considérée comme un fardeau, « mais il retournera au service de la fermeture des portes » : il est encore tenu de fermer les orifices de son corps pour se protéger des tentatives du mauvais penchant de le faire chuter. L’usage d’Internet sans filtre nuit aussi aux personnes d’un certain âge, et seuls ceux qui s’en préservent bénéficient d’une bonne et longue vie dans la sainteté.
Chabbath Chalom !