Le rabbi de Kalov, par. Bechala’h : le mérite du Juif pratiquant dans un milieu hostile

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«Et les enfants d’Israël partirent armés du pays d’Égypte. Moché emporta en même temps les ossements de Yossef » (Chemoth 13,18-19).

On raconte que rav Chemouël Wolf (décédé la semaine dernière – notre photo) vécut dans son enfance les atrocités de la Shoah dans les camps de travail, et au terme de la guerre, il était devenu orphelin et isolé, sans aucune famille ni amis.

Des membres d’un organisme lui trouvèrent une place dans un orphelinat : on lui promit de subvenir à ses besoins et on lui expliqua que tous les autres enfants seraient ses frères. Mais lorsqu’il s’aperçut que dans cet établissement, on effaçait toute transmission du judaïsme aux enfants, il considéra que dans ce cas, il était préférable de rester seul. Un beau jour, il s’enfuit, bien qu’il n’eût aucune possibilité de subvenir à ses besoins. Il surmonta les grandes épreuves fréquentes à son époque, et il finit par s’installer à Anvers, et continua à servir son Créateur, tout en vivant dans l’étroitesse.

Un jour, on lui envoya du Ciel une nouvelle idée : inventer une nouvelle machine capable de couper des diamants. Il déposa cette invention qu’il breveta auprès du centre principal de commerce de diamants d’Anvers. Il devint rapidement très riche, et eut le mérite de fonder des générations bénies de personnes qui se consacrent à l’étude au soutien de la Tora.
Cette histoire n’est qu’un exemple parmi d’autres qui se répète au fil des époques : des Juifs qui se sont sacrifiés pour continuer dans la voie du judaïsme authentique, même s’ils étaient seuls et dans un environnement hostile à la religion. Ils méritèrent subitement une grande récompense, au-delà de toutes leurs espérances.

Les efforts déployés par une personne pour servir le Créateur dans un environnement hostile sont très considérés. Il obtient à ce titre un très grand mérite, comme nous le voyons dans la Michna du traité Avoth (6,23) : « Ben Ha Ha dit : la récompense se mesure en fonction de l’effort ». Les commentateurs expliquent que Ben Ha Ha était un converti, qui a dû vivre de grandes épreuves pour quitter son peuple et sa famille, et il savait combien de combats l’homme devait mener pour vaincre son mauvais penchant dans cette situation. Il voulait donc encourager et transmettre le message que la récompense se mesure en fonction de l’effort investi.

À ce sujet, on raconte que rabbi Naftali de Ropshitz zatsal énuméra un jour devant ses ‘Hassidim son arbre généalogique et loua ses illustres ancêtres vertueux. Il précisa : « Je pense que personne ne me dépasse au niveau de mon illustre ascendance.» L’un de ses ‘Hassidim intervint : « Mon ascendance est plus illustre.» Le rabbi, stupéfait, lui demanda : « Quelle est ton ascendance ?» L’homme répondit : « Je suis le seul de toute ma famille à mettre les Téfilines et à respecter le Chabbath. » Le rabbi rétorqua alors : « Si c’est le cas, en effet, ton ascendance est plus illustre que la mienne.»

Le Maguid de Mézéritch zatsal interprète ainsi le verset (Tehilim 37,17) : « Mieux vaut la médiocrité du juste que l’opulence d’une foule de méchants » : parfois, même lorsque l’homme est quelque peu méritant, il mérite le titre de Tsadik, du fait qu’il agit dans un lieu où vivent de nombreux mécréants.

Les Tsadikim expliquent que bien que l’essentiel de la récompense des Mitsvoth ne soit pas perçue dans ce monde, les Mitsvoth effectuées en présence des moqueurs sont récompensées dans ce monde. C’est le sens des propos du roi David (Tehilim 31,20) : « Ah ! Qu’elle est grande Ta bonté, que tu tiens en réserve pour Tes adorateurs » : le salaire des Mitsvoth qui est en réserve pour le monde à venir, mais « que Tu tiens en réserve pour Tes adorateurs» également dans ce monde, le salaire des Mitsvot que l’on effectue « en face des fils de l’homme. »

Nous relevons cette attitude chez Yossef Hatsadik, le fils cadet et préféré de son père, qui descendit au niveau le plus bas en devenant un esclave dénué de tout droit, et le seul Juif dans tout le pays. Il était un jeune homme de 17 ans, l’âge de l’adolescence où le sang est chaud, et malgré tout, il surmonta l’épreuve de la femme de Potifar, et ne renonça pas au service du Créateur. Par ce mérite, il eut le droit de vivre un événement inédit dans l’histoire : en quelques heures, il passa du statut de détenu enfermé à vie à celui de vice-roi du dirigeant le plus puissant de tout le royaume. Il devint un exemple pour les Bené Israël : lorsqu’on est vigilant sur la sainteté à l’encontre de l’environnement, on a droit à un grand salaire.

Mais à la mort de leurs guides, Yaakov Avinou et Yossef Hatsadik, les Bené Israël ne comprirent pas la nécessité impérieuse de se préserver : ils se mélangèrent aux non-Juifs et s’inspirèrent de leur conduite. De ce fait, alors que les Bené Israël étaient déjà plongés dans l’impureté égyptienne depuis de longues années, lorsque Moché Rabbénou annonça aux Bené Israël que Hachem s’apprêtait à les faire sortir d’Égypte et à leur donner la Tora et les Mitsvoth, la majorité des enfants d’Israël n’écoutèrent pas Moché, car ils ne désiraient pas quitter l’Égypte.

Une minorité du peuple d’Israël, un sur cinq, en dépit de toutes les épreuves, continua à suivre les traces de Yossef Hatsadik. Ils vivaient à l’écart des Égyptiens, au niveau de leur nom, de leur langue et de leur tenue. Ils se préservèrent au niveau de la Tsniout et de la sainteté. Face à chaque individu isolé se trouvaient quatre autres personnes qui se moquaient de lui, tournant en dérision son extrémisme et de son primitivisme. Mais ces hommes n’avaient pas honte devant ces moqueurs et conservèrent leur sainteté, car ils croyaient en Hachem et en Moché, Son serviteur. Ainsi, ils eurent l’intelligence de se préparer avec ardeur à sortir d’Égypte. Ils constatèrent ensuite que seul ce petit pourcentage du peuple juif mérita de rester en vie et de sortir d’Égypte, d’hériter de tous les biens des Égyptiens et de bénéficier d’une profusion de bénédictions, au niveau spirituel et matériel.

Nous pouvons, dans cette optique, commenter le verset de notre Paracha : « Et les enfants d’Israël partirent armés (‘Hamouchim) du pays d’Égypte » : seul un sur cinq quitta le pays d’Égypte. De ce fait : « Moché emporta en même temps les ossements de Yossef » : pour que Yossef Hatsadik soit un souvenir en temps d’épreuve, une source d’inspiration : lorsqu’on se hisse au-dessus de notre environnement en faveur de notre service divin, on est grandement récompensé.

Chabbath chalom !

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