« Voici la tâche des enfants de Kehat, dans la tente d’assignation : elle concerne les choses très saintes » (Bamidbar 4,4)
Le rabbi Sim’ha Bounam de Prishis’ha zatsal explique les propos du roi David (Tehilim 19,8) « La Tora de Hachem est parfaite, elle réconforte l’âme » au travers d’une parabole : un homme partit en voyage, emportant avec lui un diamant très précieux. Notre voyageur tâte sa poche toutes les heures, et en sort même, en plein voyage, le précieux diamant pour l’observer et profiter de sa beauté. Soudain, le diamant lui échappe de la main et tombe sur le sol de la carriole. Or, la carriole était bien fermée de tous côtés et ne comportait aucun trou, et de ce fait, le propriétaire ne craignait pas que le diamant soit tombé à l’extérieur. Il pensait qu’après avoir bien cherché la pierre précieuse, il la retrouverait. C’est uniquement en présence de trous que le diamant aurait pu tomber par terre, et dans ce cas il aurait protesté, car c’aurait été une perte d’argent.
La morale de ce récit : l’âme juive ressemble au plus précieux des diamants. Si le diamant, c’est-à-dire l’homme, chute en raison d’une faute, dans ce cas, s’il a accumulé de la Tora, il bénéficiera de cet enseignement de nos Sages (Eikha Rabba) stipulant que la lumière qu’il contient le fera revenir sur le droit chemin ; en effet, la Tora parfaite ressemble à cette carriole scellée et fermée de tous côtés, et dans ce cas, la seconde partie du verset s’applique à lui : « Elle réconforte l’âme », car il sera en mesure de retrouver ce qu’il a perdu dans son âme, après une introspection.
On raconte à ce sujet une anecdote sur rabbi ‘Haïm de Volozyne, qui avait trois élèves qui furent pris dans les filets de la Haskala qui exerçait alors sa domination sur les Juifs, ils quittèrent la Yechiva et rejetèrent leurs traditions. Leur rav en éprouva une peine profonde.
Ces trois élèves se distinguaient par des atouts particuliers : l’un d’eux était le fils d’une prestigieuse famille de rabbanim depuis sept générations, le second était particulièrement poli et se démarquait par ses excellentes Midoth, tandis que le troisième était extrêmement assidu dans son étude de la Tora.
Un jour, son maître, le Gaon de Vilna zatsal, se dévoila à lui dans son rêve et lui dit ceci : « Le mérite des pères n’aide pas celui qui tombe dans l’hérésie. En effet, tous les enfants d’Israël sont les fils d’Avraham, de Yits’hak et de Ya’akov. De même, les bonnes Midoth ne peuvent parer à la calamité ; en effet, les bons traits de caractère ne sont pas le seul apanage des Juifs. Seul le mérite de la Tora pourra contribuer à le sauver. Toute personne qui a étudié une fois la Tora de manière désintéressée, toute personne qui a goûté à la douceur de la Tora, celle-ci pourra le protéger et sauver son âme, l’évitant de tomber dans l’abîme. La Tora ne permet pas à un Juif de rejeter son D’ et de s’attacher à un autre peuple. »
De nombreuses années s’écoulèrent, rabbi ‘Haïm fit des recherches sur ses trois anciens élèves. Il découvrit que le premier élève, qui était issu d’une prestigieuse lignée, s’était totalement assimilé. Le second élève, qui se distinguait par sa politesse, se consacrait à la philosophie et avait perdu son esprit juif, au point qu’il finit par se convertir et à tenir des propos hérétiques.
Quant au troisième élève assidu, après être entré à l’université alors qu’il était doté d’un esprit brillant et assidu, réussit largement dans ses études générales, au point qu’il se tailla une réputation : tous les hommes savants venaient le consulter, et il fut nommé professeur d’université. Mais cet homme subit d’importantes difficultés, du fait qu’un poste aussi élevé n’était généralement pas octroyé à un Juif, et on exigea de lui de se convertir. Or, à chaque fois qu’on le lui demandait, il se dérobait. Lorsque la pression s’accrut, il demanda un délai de trois jours. Après une réflexion profonde, il décida de renoncer à ce titre et quitta les lieux pour monter en Erets Israël.
Les propos du Gaon de Vilna se réalisèrent intégralement. Seule la Tora sauve l’homme des épreuves du Yetser Hara’ et du Satan. Elle constitue une protection qui rappelle constamment à l’homme ses valeurs élevées. La lumière qu’elle renferme le fait revenir vers le droit chemin, même s’il a chuté.
De ce fait, à notre époque, lorsqu’on se trouve dans des lieux où l’on entend des discours contraires à la sainteté, il est impératif d’étudier chaque jour la Tora, qui purifie l’esprit, pour éviter d’accumuler dans son esprit une impureté.
C’est pourquoi la Tora est comparée à la pluie, comme il est dit : « Que mon enseignement s’épande comme la pluie » : tout comme Hachem envoie la pluie pour purifier l’air pour éviter que s’y accumule une pollution, qui apporte dans son sillage des maux, de la même façon, la sainte Tora purifie l’homme pour éviter que s’accumule en lui l’impureté, conductrice de mauvaises pensées.
Lorsque le peuple d’Israël se rassemble au Beth Hamidrach pour étudier la Tora, cela fait venir la Présence divine, à la ressemblance de ce qui avait lieu lors de l’offrande des sacrifices dans le sanctuaire et le Beth Hamikdach. Comme l’indiquent nos Sages (Meguila 29a) sur le verset (Ye’hezkel 11,15) : « Je leur ai été un sanctuaire quelque temps » : il s’agit des synagogues et des maisons d’étude de Bavel. Toute personne qui y siège bénéficie d’une grande sainteté, qui l’aide à ne pas sombrer dans les fautes.
Nous avons ici une allusion à cette idée. Le terme Zot a la même valeur numérique que les termes « Tsom Kol Mamon » (jeûne, la prière et l’argent de la Tsedaka), qui constituent les fondements de la Techouva, et : « Les enfants de Kehat » fait allusion aux enfants d’Israël qui se rassemblent, comme dans ce verset (Beréchit 49,10) : « Velo yikehat ‘amim (auquel obéiront les peuples). »
C’est le sens de ce verset : « Zot, voici »: le repentir, est « la tâche des enfants de Kehat dans la tente d’assignation » : la tâche sacrée des enfants d’Israël qui se rassemblent dans le sanctuaire en miniature (synagogue) pour des cours de Tora, et par ce biais, ils ont droit aux « choses très saintes » : à une double sainteté, la sainteté de la Tora et celle du Beth Hamidrach. Par ce mérite, on fait Techouva, et on ne sombre pas complètement dans l’abîme des épreuves du temps.
Chabbath Chalom !