« Vous observerez donc Mes lois et Mes statuts, parce que l’homme qui les pratique obtient, par eux, la vie : Je suis l’Éternel. » (Vayikra 18,5)
Un jour, l’Admour de Klausenbourg relata que rabbi Elimélekh de Lizensk était parti faire un Tikoun en se roulant dans la neige pour mettre son corps à l’épreuve, mais il tomba sur un clou rouillé qui pénétra dans son dos et fit un grand trou. À son arrivée à la maison, il avait perdu une grande quantité de sang et souffrait terriblement. Il demanda à son épouse de jeter un œil sur la blessure, et celle-ci s’exprima de manière éloquente : «Prends une botte de paille pour boucher le trou ». Rabbi Elimélekh rit, et immédiatement, l’hémorragie cessa et il guérit.
Par la suite, rabbi Elimélekh expliqua que selon les voies de la nature, il n’aurait pas pu guérir compte tenu de la fracture dans son dos. Mais comme la rabbanith, mue par une profonde émouna et confiance en Hachem, conserva sa joie même dans cette situation, et encouragea également son mari dans cette voie, sa sanction fut atténuée et il bénéficia d’un miracle surnaturel.
Explication : tant que l’homme vit dans la joie, la Midath Hadin, l’attribut de Justice, ne peut avoir d’effet sur lui, comme l’indique ce texte de nos Sages sur un verset dans Yechayahou (55,12) : « Ainsi, avec joie, vous vous mettrez en marche », car par la joie, vous éliminez tous les méfaits.
À ce sujet, on raconte qu’un jour, le Ba’al Chem Tov, à l’issue de Yom Kippour, remarqua que la lune était invisible et il en fut très inquiet. Il savait en effet, étant doté du don de la prophétie, que si la lune n’apparaissait pas, l’année suivante serait difficile. En conséquence, il s’enferma dans son bureau et récita des prières spéciales afin que le ciel s’éclaircisse et que la lune apparaisse, mais sans succès. Il était plongé dans la tristesse. Ses élèves n’en savaient rien, et heureux du dénouement de la fête, ils se mirent à jouer de la musique et à chanter, et débordant d’enthousiasme, la porte de la pièce où se trouvait leur maitre s’ouvrit. Ils entrèrent à l’intérieur et lui demandèrent de participer à leur danse. Il se plia à leur requête et en pleine ronde, l’un des ‘Hassidim entra dans la pièce et proclama que la lune était devenue visible. Le Ba’al Chem Tov fit alors remarquer qu’il n’avait pas réussi à agir par le biais de ses prières, tandis que ses disciples y étaient parvenus par le biais de la joie.
On raconte également une anecdote sur rabbi Baroukh de Mézibouz : un jour, une épidémie éclata dans sa ville, et il éprouva une grande peine pour ce malheur collectif. Il multipliait les prières pour faire cesser l’épidémie, mais en vain. Un jour, lorsque l’enterrement de l’une des victimes passa à côté de sa maison, un comique entra chez lui, souhaitant lui remonter le moral éprouvé par la situation difficile, et lui annonça d’une voix joyeuse : « L’épidémie a cessé ! » Le rabbi objecta : « Mais on voit par la fenêtre une nouvelle victime conduite à sa dernière demeure… » Or, le comique lui rétorqua : « On raccompagne ce mort depuis le cimetière jusqu’à sa maison, car les morts sont déjà en train de ressusciter…»
Par ces propos, le comique réussit à faire sourire le rav et à lui remonter le moral, et peu de temps après, lorsque le rav continua à prier, sa prière fut agréée et l’épidémie cessa. Tout le monde prit alors conscience de l’immense valeur de la joie.
Rabbi Avraham de Slonim expliquait que la joie est la clé de la Parnassa, et lorsque le Yétser Hara’ constate que l’homme vit un moment favorable d’élévation, il le fait alors sombrer dans la tristesse.
Un Juif doit éprouver de la joie du fait même du privilège d’être Juif, comme l’indique rabbi Aharon de Karlin, que son mérite nous protège. Lorsqu’un Juif récite le matin la Berakha Chélo ‘assani Goï (qui ne m’a pas fait non-Juif) il doit en éprouver de la joie pour toute la journée. Si on ne s’emplit pas de joie à ce moment-là, c’est le signe que le sens de la bénédiction nous échappe.
Rabbi Matel Slanimer cite le rabbi de Karlin, affirmant qu’il se porte témoin qu’un Juif qui se réjouit de son judaïsme ne vivra aucun mal, et sera comblé de bienfaits spirituels et matériels.
Chaque Juif doit se réjouir de pouvoir servir son D’ par l’accomplissement de Ses Mitsvoth, d’où découlent la Berakha et l’abolition des accusations, comme l’explique l’ouvrage Toldot Yaakov Yossef : la tristesse appartient à la sphère de l’écorce (qui établit une séparation), tandis que la joie se range du côté de la sainteté. Lorsque l’homme effectue les Mitsvoth de Hachem avec une joie sincère, il soumet les forces du mauvais penchant et celles de la sainteté se renforcent.
Nos Sages (dans Kidouchin 39b) affirment que « le salaire d’une Mitsva n’est pas donné dans ce monde », car le but essentiel de la venue de l’homme au monde est de s’enrichir dans la vie éternelle du monde futur, et si on le rétribuait pour ses Mitsvoth dans ce monde, il serait pauvre dans le monde futur. Or, les commentateurs objectent que l’on trouve de nombreux versets et textes de nos Sages promettant un bon salaire dans ce monde, par le mérite du respect des Mitsvoth. Les ouvrages saints répondent que pour la Mitsva même, l’homme n’est pas récompensé dans ce monde, mais il est récompensé ici-bas lorsqu’il améliore sa Mitsva en l’accomplissant dans la joie.
L’ouvrage Or’hoth Tsadikim (portique de la joie), indique que toute personne effectuant une Mitsva dans la joie obtient un salaire bien plus important que celui pour qui les Mitsvoth sont un poids.
Le ‘Hida, dans son ouvrage Lev David, écrit que les anciens commentèrent en ce sens ce texte de nos Sages (Berakhot 8a) : « Un homme qui profite de ses efforts est supérieur à un homme animé de crainte du Ciel. » Profiter de ses efforts, c’est être très content des efforts investis dans la Mitsva, et le salaire d’un tel homme est supérieur à celui qui n’agit que par crainte et en l’absence de joie.
C’est le sens de ce verset : «L’homme qui les pratique obtient, par eux, la vie » : lorsque vous accomplissez les Mitsvoth de manière vivante et joyeuse, vous mériterez de constater que « Je suis l’Éternel » ; Je suis le maitre du monde, qui rétribue les hommes et déverse sur eux une abondance de bienfaits, de délivrances et de réussite dans tous les domaines. Par le mérite de la joie, vous mériterez un bon salaire dans ce monde.
Chabbath Chalom