Dans un passé récent, le monde a connu deux personnages ignobles et maudits : Hitler, que son nom soit effacé, qui fut responsable d’une Shoah qui extermina des millions de Juifs, et le second, Staline, qui instaura une Shoah spirituelle qui détruisit les âmes de millions de Juifs.
De manière générale, on évoque beaucoup cette destruction du corps réalisée par les nazis, mais il convient d’évoquer davantage la destruction de l’âme opérée par les communistes, qui détournèrent les Juifs de la Tora et du judaïsme. En effet, cette destruction perdure jusqu’à aujourd’hui chez les Juifs originaires de Russie, victimes de cette Shoah, et elle s’aggrave en raison de l’assimilation. Il est en notre pouvoir de sauver autant que possible, ces précieuses âmes juives.
À ce sujet, nous connaissons cet adage de nos Sages, affirmant que la faute d’un homme qui incite son prochain à fauter est plus grave que celle du meurtre, car par la faute, il porte atteinte à son âme. Or, l’âme, par son caractère éternel, est la partie essentielle de l’homme, contrairement au corps, destiné à servir de réceptacle à l’âme le temps de son séjour dans ce monde. En conséquence, celui qui sauve des âmes juives accomplit le précepte d’aimer son prochain comme soi-même, et c’est la plus grande forme de don.
S’y applique la règle de sauvetage des vies, qui repousse les autres Mitsvoth, comme l’explique le Chela Hakadoch, et est inclus dans la Mitsva de « tu ne resteras pas indifférent devant le sang de ton frère » : si sauver des vies est une obligation, à plus forte raison est-ce une obligation de sauver des âmes.
Ainsi, pendant la Shoah, la préoccupation principale du peuple était de sauver les Juifs sur le plan physique, mais les grands Maîtres se soucièrent encore plus de la spiritualité du peuple juif, et s’évertuèrent à renforcer les réfugiés afin de les écarter de l’influence des organismes laïcs de sauvetage, qui visaient à profiter de la situation de démantèlement des communautés d’Europe pour attirer les Juifs dans des lieux dépourvus de crainte du Ciel.
À cette époque, l’Admour et auteur du Chéfa ‘Haïm, le rabbi de Klausenbourg, pressait les orthodoxes dans les camps de réfugiés, à s’unir et à tenir tête aux laïcs. Il avait l’usage de dire : « Lorsque les Allemands cherchèrent à anéantir le corps, nous ne pouvions rien faire pour nous y opposer, mais lorsque ceux qui ont abandonné la Tora cherchent, que D’ préserve, à détruire l’âme juive, nous lancerons une guerre contre eux, car il est plus grave d’inciter son prochain à fauter que de le tuer. »
Et d’ajouter: « Nous voyons dans notre sainte Tora deux textes qui semblent a priori se contredire, sur la question de l’obligation des efforts de guerre. À propos de l’ouverture de la mer des Joncs, il est dit : « Hachem combattra pour vous » et à propos de la guerre d’Amalek, il est dit : « Va livrer bataille à Amalek. » En effet, en Égypte, il était uniquement question d’un danger physique, les Égyptiens poursuivirent les Bené Israël pour les opprimer, et lorsqu’il est question d’un danger physique, on peut s’armer de confiance en sachant que Hachem « combattra pour nous. » En revanche, pour Amalek, il s’agit d’une guerre spirituelle, la guerre des forces du mal, dont la source est l’impureté, et l’ordre est donc : « Partez combattre », sans délai. »
L’Admour et auteur du Imré ‘Haïm, le rabbi de Vijnitz, prononça plusieurs discours publics à cette époque, afin de mobiliser les Juifs en faveur du comité de sauvetage orthodoxe, qui se préoccupait de pourvoir à tous les besoins des réfugiés. Il insistait que même pour les actions de sauvetage matériel, il faut avoir à l’esprit l’aspect spirituel. En effet, si les laïcs les devançaient pour apporter leur aide, ils pouvaient exercer une influence néfaste sur les réfugiés.
illustration : « Who and Where is Amalek Today ? », du site Breslov.org
Il s’expliqua : «Nous voyons dans la Meguila d’Esther, que lorsque Mordekhaï Hatsadik demanda à la reine Esther de se rendre auprès du roi A’hachvéroch, la reine répondit : « Cela fait trente jours que je n’ai pas été appelée auprès du roi. » Elle sous-entendait qu’on ne l’avait pas appelée depuis longtemps, pourquoi devait-elle se presser de se rendre aussitôt chez le souverain ? Dans peu de temps, le roi l’appellerait de son plein gré, pourquoi prendre le risque de se mettre en danger à ce moment-là, alors que le décret ne devait prendre effet que douze mois plus tard ?
« Mais Mordekhaï Hatsadik craignit que certains ministres de la cour du roi A’hachvéroch acceptent de se présenter devant le roi pour l’implorer d’abolir le décret, et dans ce cas, des membres du peuple juif pourraient rallier le camp des non-Juifs, qui leur avaient rendu service. Il envoya donc le message suivant à Esther : « »Car si tu persistes à garder le silence à l’heure où nous sommes, la délivrance et le salut surgiront pour les Juifs d’autre part », c’est-à-dire que les Juifs seront sauvés par un autre moyen. Et ensuite : « Tandis que toi et la maison de ton père vous périrez » : le lien entre les Juifs et leur tradition sera coupé, c’est pourquoi il est indispensable qu’Esther se rende elle-même chez le roi pour annuler le décret. »
Nous voyons à travers le récit du miracle de Pourim que Mordekhaï Hatsadik se préoccupa constamment de la situation spirituelle du peuple juif.
Dès le moment de promulgation du décret d’extermination des Juifs douze mois plus tard, les non-Juifs se mirent à frapper et à persécuter les Juifs, comme le relate le Midrach (Esther Rabba 7) : lorsqu’un Juif sortait au marché et demandait de la viande ou des légumes, les résidents perses les étranglaient et les menaçaient ainsi : «Demain, je te tue et prends ton argent !» Les Juifs vivaient dans la peur et la menace de la mort, et étaient saisis d’effroi lorsqu’on les obligeait à sortir, comme l’indique le Midrach (Yalkout Chimoni Esther) : lorsqu’un homme sortait pour puiser de l’eau du puits, il y tombait et mourait.
À ce moment-là, Mordekhaï veilla à préserver l’étude de la Tora des enfants, et rassembla lui-même 22 000 enfants, avec qui il étudia la Tora, comme le relate le Midrach (Esther Rabba). Ce mérite entraîna l’abolition du décret.
C’est à ce sujet qu’il est dit dans la Meguila : « La ville de Chouchan fut dans la jubilation et la joie – pour les Juifs, ce n’était que joie rayonnante…» : leur joie découlait principalement du fait qu’ils bénéficiaient d’une lumière, c’est-à-dire de la Tora (Meguila 16b), ils avaient mérité d’agir afin d’éviter que la Tora ne tombe dans l’oubli en cette période de détresse.
À notre époque, à nous d’agir au niveau personnel et au niveau financier pour le bien matériel et spirituel des Juifs en situation de désarroi, et par ce biais, nous pourrons vivre constamment dans la joie.
Chabbath Chalom !