Le rabbi de Kalov : « Marchons dans la voie de nos ancêtres »

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Paracha Nasso

Marchons dans la voie de nos ancêtres

«Il faut faire aussi le relevé des enfants de Guerchon, par maisons paternelles, selon leurs familles » (Bamidbar 4,22).

Certains négligent diverses Mitsvoth, comme le respect du Chabbath, l’étude de la Tora et la prière en Miniyan. Ils estiment qu’en les respectant, on perd de l’argent, du temps et du plaisir. Ils ne conçoivent pas le profit qu’ils peuvent en retirer, et n’ont pas de patience, notamment lorsqu’il est difficile de les accomplir pour une raison ou une autre. Lorsqu’on interroge un homme qui pense de cette façon : pourquoi ne respectes-tu pas ces Mitsvoth ?

Sa réponse est univoque : je ne suis pas en mesure de les respecter.

La réponse à un tel homme est que sa relation aux médecins prouve qu’il a tous les moyens de les accomplir. S’il était malade, que D’ préserve, et que le médecin lui prescrivait de suivre un traitement difficile afin d’échapper à un danger de mort, il s’évertuerait à suivre les instructions du médecin à la lettre. Il serait même prêt à subir une intervention chirurgicale complexe, à séjourner plusieurs mois en soins intensifs, et à modifier son existence quotidienne de fond en comble, conscient que sa vie en dépend. Nous pouvons en conclure qu’il a les forces et l’aptitude de pratiquer tous les commandements. Il devra avoir à l’esprit que cette attitude est porteuse de vie.

Mais certains prétendent qu’ils veulent d’abord comprendre les bénéfices de la pratique des Mitsvoth, saisir comment une faute entraîne une une perte, et c’est uniquement à ce stade qu’ils s’engagent à respecter la Tora et des Mitsvoth. De même, certains individus, même jeunes, n’ont pas encore étudié la Tora, mais argumentent qu’ils ne pratiquent pas les commandements du fait qu’ils ont des « questions » et pensent faire preuve d’intelligence en trouvant des réponses à des questions que les plus grands maîtres des générations, respectueux de la Tora et des Mitsvoth, n’ont pas découvertes. En particulier à notre époque où la technologie est très présente, il y a malheureusement des hommes respectueux de la Tora et des Mitsvoth qui trébuchent, volontairement ou involontairement, en public ou en privé, en consultant des textes provocateurs qui incitent à renier la pratique des Mitsvoth, et en raison de leur manque de connaissances et de leur étude insuffisante, ils estiment que ces théories sont plausibles et ils finissent ainsi par mépriser la Tora et les Mitsvoth.

Pour contrer cette tentation du Yétser Hara’, revenons à la parabole du médecin. Tout comme l’homme obéit immédiatement aux instructions du médecin afin de sauver sa vie, et ne répondra pas au médecin qu’il veut d’abord connaître tous les tenants et aboutissants avant de suivre le traitement, il convient d’accomplir les Mitsvoth, par Emouna dans le Créateur, qui guérit toute chair, même si on n’en connaît pas encore les motifs. Par la suite, en étudiant assidûment la Tora, on pourra, au fil du temps, comprendre la raison d’être de chaque Mitsva et trouver une réponse à chaque question soulevée par les textes de la Tora.

Bien entendu, la sainte Tora est bien plus vaste que l’océan, bien davantage que la médecine, et chaque question a de nombreuses réponses et approches, et tout le monde ne connaît pas toutes les réponses. Tout comme lorsqu’un simple médecin n’a pas de réponse, on interroge un professeur de médecine, et lorsque lui-même est sans réponse, on interroge un spécialiste qui s’est penché de longues années sur ce sujet spécifique, de la même manière, on interroge un Sage qui a étudié de longues années, ou on consulte des ouvrages, mais aucune question ne reste sans réponse. Certaines notions sont difficiles à comprendre pour le commun des hommes, mais tout homme qui étudie le Talmud avec assiduité comprend des principes fondamentaux d’Emouna et perçoit la valeur des Mitsvoth et de leur accomplissement : c’est notamment le cas de celui qui étudie le Zohar et peut saisir les raisons d’être de la Création, la grandeur du Créateur et la manière dont l’homme transforme les mondes par ses actions. Tout comme les spécialistes en médecine appréhendent bien les forces matérielles cachées des bactéries et des virus, celui qui étudie la Tora peut comprendre les forces cachées et spirituelles de l’impureté et de la pureté. À cet effet, il doit se détacher des passions terrestres qui neutralisent son intelligence.

Réfléchissons sur ce point : nos ancêtres, pendant plus de trois mille ans, depuis Avraham Avinou jusqu’à aujourd’hui, se sont sacrifiés pour pratiquer les Mitsvoth, et ils étaient loin d’être idiots. Tout comme personne ne naît médecin, ils ne connaissaient pas toutes les raisons d’être des commandements dès leur jeunesse, mais accomplirent néanmoins les Mitsvoth. En effet, ils virent des personnes d’âge vénérable pratiquer les commandements et instruites dans ses raisons d’être. En suivant leur exemple et en étudiant assidument, ils parvinrent aux mêmes conclusions. Des millions de Juifs, au fil des générations, ont accompli toute la Tora sans l’avoir étudiée dans son intégralité, se réjouirent de l’accomplir, sous la direction des grands maîtres en Tora, dont un grand nombre d’entre eux se distinguaient par leur richesse et leur intelligence, comme le Rambam, Abrabanel et d’autres luminaires. Ainsi, chaque homme qui n’a pas encore étudié beaucoup, en particulier les jeunes gens, doit se renforcer et accomplir d’abord les Mitsvoth avec Émouna, du fait qu’il observe des milliers d’hommes plus âgés qui la respectent, l’étudient et connaissent les motifs des Mitsvoth ; et dans un second temps, s’il persévère dans son étude, il parviendra aux mêmes performances.

Celui qui enseigne ce principe à nos frères juifs, leur relève la tête et les extrait de la matérialité : cela enseigne l’homme à ne pas se conduire comme un animal, dont la nature est d’avoir toujours la tête vers le bas, dans sa recherche perpétuelle de nourriture et d’autres plaisirs terrestres. Il se conduira comme un homme dont la nature est de marcher droit, la tête sur le haut du corps, qui peut se relever par la force de son intellect et soumettre ses pulsions afin de remplir son rôle en accomplissant les Mitsvoth. Il éprouvera une satisfaction et ressentira une joie de vivre authentique et éternelle.

Nous trouvons une allusion à cette idée dans le verset de la Paracha : «Il faut faire aussi le relevé des enfants de Guerchon » : relevez la tête des enfants qui se séparent (Megarchim, de la même racine que le prénom Guerchon) de l’héritage divin, estimant avoir beaucoup de questions, en leur disant : « par maisons paternelles, selon leurs familles »: ils font également partie de la maison paternelle et sont rattachés à l’héritage de leur famille, depuis des milliers d’années, et ne sont pas plus intelligents que leurs ancêtres qui ont fidèlement servi D’ au fil des générations.

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