Paracha Ki TétséLa guerre contre le Yétser Hara« Quand tu iras en guerre contre tes ennemis, que l’Éternel, ton D’, les livrera en ton pouvoir, et que tu leur feras des prisonniers » (Devarim 21,10) Lorsque dans une guerre, une partie est gagnante, alors qu’elle possède bien moins de soldats et d’armes que la partie adverse, cela tient généralement au fait que les gagnants sont davantage motivés à combattre et triompher, comme l’affirma un jour l’empereur Napoléon : le moral des troupes vaut trois fois plus que les forces armées. À ce sujet, on raconte une belle histoire qui nous renseigne sur la valeur de la volonté dans les combats : un pays était situé en bord de mer, et sur le rivage d’en face se trouvait une île fortifiée, peuplée de criminels qui commettaient des violences sans relâche dans le pays. De temps en temps, des navires remplis d’armes et de soldats partaient en expédition punitive sur l’île, mais après de brefs combats, les soldats finissaient toujours par s’enfuir sur leurs navires, et revenaient au pays bredouilles, sans avoir réussi à porter atteinte à leurs ennemis. Un jour, le roi remplaça le chef des gardes par un homme plus intelligent et plus audacieux que son prédécesseur, et lorsque le moment vint de combattre sur l’île, il partit avec des bateaux remplis de soldats. Or, dès que les soldats débarquèrent sur l’île, le ministre partit en secret incendier tous les navires de son armée. Lorsque les soldats s’aperçurent que tous les bateaux avaient brûlé, ils furent pris d’un tremblement, conscients qu’ils n’avaient aucune issue s’ils ne triomphaient pas du combat. Le chef des gardes s’adressa alors à ses hommes avant leur départ au combat : « Nous n’avons plus de navires, plus aucun moyen de fuir, et seule une possibilité s’offre à nous : lutter pour notre vie et gagner. Les ennemis nous vouent une haine féroce et n’auront aucune pitié pour l’un d’entre nous, s’il venait à tomber dans leurs mains, ils s’empresseront de l’exécuter. Si nous triomphons – nous vivrons, mais dans le cas contraire, ce lieu sera notre tombe. Les soldats partirent au combat, et luttèrent au péril de leur vie de toutes leurs forces, jusqu’à ce qu’ils réussissent à maîtriser leurs ennemis. Ensuite, lors de la fête célébrant la victoire, le chef des gardes s’adressa à ses troupes : « Sachez que j’ai moi-même brûlé nos vaisseaux, afin de pouvoir célébrer notre victoire actuelle. Tant que les navires et les munitions qu’ils contiennent étaient à votre disposition à tout moment comme issue de secours, vous n’avez pas vaincu l’ennemi, sachant que vous aviez la possibilité de reculer, et vous ne vous êtes pas donnés de toutes vos forces pour la guerre. Or, lorsque vous savez que vous n’avez aucun refuge, mais que seule votre force est déterminante et votre vie en jeu, dans ce cas, vous exploitez toutes les forces enfouies en vous, à l’image de tout homme en danger, et de cette façon, vous avez réussi à dominer vos ennemis. » Nous trouvons les fondements de cette idée chez nos Sages, mentionnée dans le traité de Sota (44b) : lors des guerres des rois d’Israël, de robustes policiers étaient postés derrière les troupes de soldats, qui avaient la possibilité de frapper et de sanctionner sévèrement tout homme qui voulait fuir la guerre. Ainsi, les soldaient n’avaient aucune option de fuir, et étaient contraints de combattre de toutes leurs forces et de gagner. Nos Sages écartent la possibilité de la fuite : «Le début de la chute est la fuite. » De même, nous voyons dans les règles de guerre énumérées dans la Tora à Israël, qui lorsqu’on veut conquérir une ville, il faut au préalable appeler à la paix, et il ne convient pas d’assiéger ni d’encercler la ville de tous côtés. Il suffit de laisser un côté de la ville afin de pouvoir fuir. Nos maîtres (Abrabanel, Devarim 20) expliquent que l’on accorde aux adversaires la possibilité de se soumettre, d’obtenir la clémence ou de fuir, et ils ne se sentent pas vraiment la nécessité de combattre et de gagner, compte tenu de la possibilité de rester en vie sans combattre. De cette manière, ils ne considèrent pas les enfants d’Israël comme des ennemis désirant les tuer, mais comme des hommes venus prendre la direction de la ville. De cette manière, les enfants d’Israël parviennent au but de conquête de la ville, sans guerre pénible qui entraîne des pertes également du côté des vainqueurs. De véritables ennemis, qui cherchent vraiment à porter atteinte aux résidents de la ville, ont parfois recours à cette tactique. Ils dissimulent au départ leur haine en accordant un délai et la possibilité de se soumettre ou de fuir, et en affirmant leur volonté de prendre la direction de la ville ; mais après avoir maîtrisé la ville sans grande opposition, ils commencent alors à s’en prendre aux résidents de la ville. Sachons que notre ennemi, le mauvais penchant, se sert également contre nous de cette tactique pour nous induire en erreur. Il laisse entendre qu’il a le bien de l’homme à l’esprit, afin qu’il se complaise dans les plaisirs de ce monde-ci, comme il est dit (Kohélet 11,9) : « Réjouis-toi, jeune homme, dans ton jeune âge ; que ton cœur soit en fête au temps de ton adolescence. » Si l’homme estime que c’est un danger d’obéir aux tentations du mauvais penchant, percevant l’aspect destructeur des plaisirs qu’il découvre dans les outils technologiques, le Yétser Hara’ s’efforce de minimiser la sévérité de la faute à ses yeux, impliquant qu’il existe une possibilité d’échapper aux épreuves sévères et à la mort, etc. Nous pouvons affirmer que notre texte fait référence à cette idée : « Quand tu iras en guerre » : lorsque tu pars en guerre contre l’ennemi connu, le Yétser Hara’, sache alors que tu pars « contre tes ennemis», référence à ton ennemi qui cherche à te tuer, et efforce-toi à tout prix de t’éloigner des diverses tentations du Yétser Hara’, en dépit de la difficulté inhérente à la chose, et tu mériteras ensuite de lui échapper : « Que l’Éternel, ton D’, les livrera en ton pouvoir, et que tu leur feras des prisonniers. » Chabbath Chalom ! |