Paracha Térouma : Assurer l’attachement de nos enfants à la Tora« Des chérubins, en ouvrage réfléchi tu les feras » (Chemoth 26,1) Lorsque mon vénérable ancêtre, rabbi Yits’hak Eizik de Kalov fut nommé au poste de président du tribunal rabbinique de Kalov, le judaïsme local était en déclin, mais il réussit à mener à bien diverses initiatives pour rapprocher les Juifs de D’ et de la Tora, et réussit à opérer une transformation positive dans tout son entourage. Lorsqu’il remarqua une terrible brèche dans les mariages, où dansaient ensemble garçons et filles, il annonça d’emblée aux résidents de la ville qu’il comptait participer à tous les mariages du début jusqu’à la fin, et de ce fait, il décida que deux mariages ne seraient pas célébrés le même soir. Il consacra de son temps précieux à participer à chaque mariage, dirigea toutes les danses, et de cette manière, aucune danse mixte ne pouvait avoir lieu. De plus, il rapprocha les Juifs de leur Créateur par ses belles mélodies. Il s’empressa également de créer une structure de Talmud Tora, pour offrir aux enfants et jeunes garçons un cadre agréable pour étudier la Tora. Mon ancêtre sacré accomplissait ce qu’il tenait de son rav, rabbi Chmelke de Nikolsburg, qui s’exprima sur le verset (Yechayahou 1,17) : « Apprenez à bien agir (hétev) », car hétev vient d’un langage de nettoyage et de préparation, comme il est dit à propos de la confection de la Menora (Chémot 30,7) : « Lorsqu’il accommodera (Behétivo) les lampes » : les parents doivent apprendre comment « accommoder » et préparer les esprits de leurs enfants pour les éclairer par la lumière de la Tora. Ce principe s’applique surtout lorsqu’on traverse des situations difficiles qui conduisent à un relâchement chez les jeunes gens. Il faudra alors bien réfléchir à la manière de les remettre sur la bonne voie le mieux possible, comme nous l’avons vu dans les carnets de l’époque du Conseil des Quatre Pays : lorsqu’il y eut des épidémies qui entraînèrent la fermeture des Yechivoth, les rabbanim se rassemblèrent pour trouver une voie afin de restaurer la splendeur ancienne de la Tora. Ils instituèrent de nouveaux décrets pour s’assurer que les hommes qui travaillent puissent subvenir aux besoins des jeunes élèves de Yechiva ainsi que d’autres décrets pour renforcer les Yechivoth. Dans de telles situations, il faut particulièrement veiller à imposer la maîtrise de l’intellect sur le cœur, les actions pédagogiques seront uniquement guidées de manière délibérée, et on ne cédera pas à la colère qui s’enflamme parfois contre les enfants qui ne se conduisent pas correctement. La colère des parents et enseignants contre les enfants est très néfaste et destructrice, et dans son sillage, les enfants se lient à de mauvaises fréquentations, c’est le facteur principal qui conduit la majorité des enfants à se détourner de la bonne voie à notre époque. De ce fait, nos Sages nous ont mis en garde (Guitin 7a) sur les propos que l’homme doit tenir dans son foyer la veille de Chabbath, en fin d’après-midi – au moment où le mauvais penchant est au summum et pousse l’homme à se mettre en colère – il doit s’adresser aux membres de sa maisonnée posément, comme l’indique le verset (Kohélet 9,17) : « Les paroles des sages dites avec douceur sont mieux écoutées. » Lorsqu’on adresse des reproches sur un ton colérique, la réprimande n’est pas acceptée. Nos Sages l’ont affirmé (Avot 2,5) : un irascible ne saurait enseigner. Le Séfer ‘Hassidim mentionne l’histoire d’un Sage, qui prescrit de recruter un enseignant de Tora en plein milieu de l’année, pour remplacer un premier enseignant colérique. Rabbénou ‘Haïm Vital, dans son ouvrage Cha’ar Roua’h Hakodèch, relate que lorsqu’il enseigna à son frère et que celui-ci n’étudiait pas comme il le voulait, son rav, le Ari, le mit sévèrement en garde d’éviter toute colère contre lui. Ainsi, déclare rabbi ‘Haïm Vital : « Même lorsqu’il réprimande ses fils, il ne se mettra jamais en colère. » Le Rambam écrit à ce sujet (Déoth 2,3) que l’homme devra totalement abolir la colère, et l’évitera même dans une situation où il serait possible de se mettre en colère. S’il veut instiller la crainte auprès des membres de sa famille afin qu’ils redressent leur conduite, il fera semblant de se mettre en colère, mais en son for intérieur, il restera calme, afin que cette colère ne provienne pas du cœur. D’après mon ancêtre, rabbi Tsvi Elimélekh de Dinov, les anciens sont d’avis qu’afin de réprimander ses enfants, il est permis de leur montrer que l’on est en colère, il faudra néanmoins manifester la plus grande prudence à cet égard, pour éviter que la colère ne pénètre le cœur. La bonne méthode, affirme rabbi ‘Haïm Vital dans son ouvrage Cha’aré Kédoucha, est la suivante : « Le remède pour échapper à tous les troubles de l’esprit : il faudra toujours avoir en tête ce principe : évite la précipitation dans toutes tes actions et n’énonce aucun propos léger, sois posé dans ta pensée avant d’agir ou de parler. En effet, le fruit de la précipitation est le regret, et il n’y a aucun moyen de revenir en arrière. » Ainsi, mon ancêtre, rabbi Yehouda Tsvi de Radzil, auteur du Da’at Kédochim déclare : « S’il se présente une occasion où je pense devoir montrer mon irritation, je repousse cela à une heure plus tard, car je ne serai jamais perdant par ce report. » Nous trouvons une allusion à cette idée dans la confection du Aron Hakodech, l’arche sainte, où il leur fut prescrit de confectionner deux chérubins à l’aspect de jeunes enfants. Il fallait qu’ils forment un bloc avec le couvercle de l’Arche sainte où était déposé le Séfer Tora, pour indiquer que les enfants d’Israël doivent entraîner leurs enfants à s’attacher à la sainte Tora de façon à ne pas la quitter. Ainsi, le verset présente une mise en garde : « Des chérubins, en ouvrage réfléchi tu les feras. » : notre méthode pour assurer l’attachement indéfectible des enfants à la voie de la Tora doit se faire par le biais d’une démarche réfléchie. Chabbath Chalom ! |