Le rabbi et auteur du Divré ‘Haïm de Sanz avait l’usage, à la période des Jours Redoutables, de mentionner cette parabole à ses ‘Hassidim : c’est l’histoire d’une femme très pauvre, qui n’avait absolument rien pour nourrir sa famille, et les membres de sa famille avaient faim jour après jour. Un jour, elle trouva un œuf dans la rue et se réjouit beaucoup de sa trouvaille. Elle rentra à la maison et réunit tous ses enfants à qui elle dit : « Grâce à D’, nous allons devenir riches ! » Elle leur raconta la découverte si importante de l’œuf, et leur décrivit ses projets : cet œuf donnera naissance à une poule, qui produira ensuite de nombreux œufs, et nous aurons ainsi de très nombreuses poules. Par la suite, nous les vendrons et nous achèterons des chèvres, et ensuite, une belle vache, qui nous donnera du lait et beaucoup d’autres produits. Grâce à la vache, nous pourrons acheter un champ, où nous pourrons cultiver des fruits et légumes…
Elle continua à décrire ses rêves de prospérité qui devaient les enrichir considérablement. Mais profondément plongée dans ses pensées de richesse, elle oublia de surveiller l’œuf, qui lui tomba des mains et se cassa. En l’espace d’un instant, tous ses rêves se volatilisèrent face à la réalité.
Le rabbi de Sanz conclut ainsi ses propos : pendant les Jours Redoutables, où chacun pense s’améliorer dans tous les domaines, on se projette imaginairement dans de nombreuses bonnes actions à entreprendre pour l’année à venir, mais très souvent, les jours et semaines s’écoulent avec ces pensées qui ne se transforment pas en actes, et au final, on reste démuni de tout.
Il convient donc, en cette période, d’adopter au moins un engagement de Mitsva pour l’année à venir, que l’on veillera à appliquer à tout prix, ce qui est une manière de conserver une partie de cet éveil de ces jours de sainteté.
On raconte à ce sujet une anecdote sur rabbi Aharon de Koznitz qui se trouvait un jour avec un groupe d’hommes simples. Il s’adressa aux couturiers présents en ces termes : « Quel est le couturier qui coud des vêtements à la sueur de son front, mais qui travaille gratuitement ? » L’un des couturiers répondit qu’un couturier qui se coud des vêtements pour lui-même travaille gratuitement, car il ne gagne pas sa vie au passage. Mais le rabbi de Koznitz répondit qu’il visait autre chose. Un second couturier proposa une autre réponse : « S’il coud un vêtement pour son enfant, il travaille gracieusement.» Mais cette réponse ne le satisfit pas non plus. Chacun suggéra une réponse, mais sans découvrir la bonne réponse.
Le rabbi prit alors la parole : « Savez-vous quel couturier coud gratuitement ? Celui qui coud un vêtement, mais n’attache pas les fils aux extrémités avec un dernier nœud, et toute sa couture se découd et au final, tout son travail a été en vain. »
Le rabbi de Koznitz leur enseigna ainsi une leçon : pendant les Jours Redoutables, un homme peut se construire de beaux vêtements spirituels, mais s’il ne fait pas un dernier nœud au bas de l’habit, il va quasiment de soi qu’il perdra tout et n’aura plus rien. Quel est ce nœud ? La bonne résolution que l’homme décide d’adopter pendant les Jours Redoutables, car de cette manière, il se rattache à la sainteté de cette période, et il conserve ainsi la lumière de cette période avec lui, et grâce à cette force, il réussira à s’élever pendant l’année dans les autres domaines.
La lumière de cette bonne résolution aide l’homme également dans le domaine matériel. Les ouvrages sacrés rapportent que pour mériter un bon jugement, l’homme adoptera un engagement dans le domaine spirituel, auquel il s’attachera toute sa vie, ou du moins au cours de l’année. Ainsi, même si le changement spirituel intervenant dans le sillage de la résolution n’intervient que dans l’avenir, le fait même d’avoir pris cette résolution entraîne Hachem à prendre en compte ces mérites lorsqu’Il juge l’homme au cours des jours redoutables.
Lorsque les Bené Israël déclarèrent : « Nous ferons et nous entendrons », les anges de service descendirent et placèrent sur la tête de chacun deux couronnes, même s’ils n’avaient encore rien fait, si ce n’est déclaré cette bonne résolution. Nous relevons également que pour le Nazir, dès qu’il décide d’adopter la Nezirouth, il est qualifié de Kodèch (saint), même sans avoir achevé sa période de Nezirouth.
Lorsqu’un homme promet de se renforcer dans la pratique parfaite d’une Mitsva, Hachem associe cette bonne pensée à l’action, et il est considéré comme ayant déjà accompli la Mitsva. Un ange bienfaisant est aussitôt créé qui intercède en sa faveur, comme l’affirment nos Sages dans le traité Avoth (4,11) : « Celui qui fait une Mitsva s’acquiert un défenseur…La Techouva et les bonnes actions constituent un rempart contre les malheurs. »
Rabbi Yaakov Arié de Radzimin l’explique par le biais d’une parabole : si l’on allume une bougie dans l’obscurité, on dissipe ainsi les ténèbres, et de même, lorsqu’on adopte une Mitsva, on crée une lumière spirituelle qui dissipe les accusateurs et les écorces qui l’obscurcissent en période de malheur.
Lorsqu’on adopte une bonne résolution, on devient aussitôt une nouvelle créature, un nouveau-né, comme l’indique Rabbénou Yona dans son ouvrage Cha’aré Techouva (Cha’ar 2) : « Cet homme, en cet instant, quitte les ténèbres pour atteindre une grande lumière, et devient quelqu’un d’autre. »
S’il a déjà été décrété sur l’homme, que D’ préserve, de mourir ou de perdre sa parnassa par exemple, il peut y échapper en promettant de se repentir et de se rectifier dans un certain domaine, car par cette action, son nom est modifié et il obtient le titre de Tsadik à ce sujet, et il est considéré comme un autre homme qui n’est pas touché par ce mauvais décret, comme l’indique le Séfer Ha’ikarim (texte 4,chap. 18).
Je peux moi-même en attester de par mon expérience, car ma coutume est de demander aux hommes, femmes et enfants qui sollicitent une Berakha de ma part, de promettre à voix haute de réaliser une certaine Mitsva, et on constate qu’ils ont droit à de grandes délivrances.
Ainsi, avec la récitation du verset récité habituellement au début de Yom Kippour, « Or zaroua latsadik » (La lumière se répand sur les justes), il faut retenir d’entamer le jour du jugement avec une bonne résolution, car nous instillons en nous la lumière d’une Mitsva qui nous confère le titre de Tsadik, et ainsi, nos Tefiloth seront agréées en ce jour de jugement, et ce Or Zaroua nous procurera des influx positifs, spirituels et matériels, pour toute l’année, Amen !
Toute personne qui adopte une bonne résolution spirituelle pour la nouvelle année peut nous envoyer son nom et celui de sa mère, ainsi que le sujet de son engagement, et méritera d’être inscrite sur le kvittel spécial qui sera remis à notre maître chlita le jour de Kippour, qui priera pour lui en ce jour saint pour un Gmar ‘hatima tova.
Magnifique.
Et au passage, ça fait réellement plaisir de lire une si belle expression française…