Le rav Pin’has Goldschmidt, président de la Conférence des rabbins européens, analyse la recrudescence des actes antisémites perpétrés en France et dans le reste de l’Union européenne.
Comment avez-vous réagi cette semaine au débat sur l’augmentation des agressions antisémites?
Ce sont des chiffres qui traduisent ce que l’on vit au quotidien depuis des années et qui prouvent que le phénomène s’aggrave et nous conduit vers le pire. En France, nous étions focalisés depuis dix ans sur les attentats terroristes d’origine islamiste qui visaient notre communauté. Aujourd’hui, nous voyons ressurgir des comportements antisémites, qui coïncident avec le mouvement social des Gilets jaunes soutenu par l’extrême droite et l’extrême gauche françaises. En Allemagne, où les attaques ont progressé de plus de 50%, leurs auteurs sont en majorité des individus d’extrême droite. En Hongrie, nous avons assisté le week-end dernier à un rassemblement de néonazis venus de toute l’Europe.
En une décennie, le nombre des Juifs en Europe est passé de 2 millions à 1,6 million
Vous posez la question du départ des Juifs d’Europe pour ceux qui se sentent menacés. Quelle est la réalité des chiffres?
En une décennie, le nombre des Juifs en Europe est passé de 2 millions à 1,6 million. Ceux qui sont partis craignaient davantage le terrorisme islamiste que l’extrême droite. Mais s’ils partent, c’est parce qu’ils pensent à demain et à après-demain, à l’avenir de leurs enfants. Doivent-ils continuer à les faire venir dans des centres culturels comme celui où nous nous trouvons, derrière des portes blindées et sous surveillance en permanence? Ils se posent également certainement, je le crois, la question du respect qu’ils estiment ne plus avoir ici.
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