Manfred Gerstenfeld
Le plan de paix du Président américain Trump n’est pas encore publié. Ce n’est pas cela qui a empêché 37 hommes politiques européens – largement “has been” – de publier une lettre conjointe contre ce plan, dans le quotidien britannique le plus anti-israélien, le Guardian, le 15 avril. Les signataires critiquent les Etats-Unis en écrivant : “Malheureusement, l’actuelle administration américaine s’est éloignée de la ligne politique de longue haleine des Etats-Unis et s’est distancée des normes juridiques internationales établies. Elle n’a, jusqu’à présent, reconnu les revendications envers Jérusalem que d’un seul camp et fait la démonstration d’une indifférence gênante envers l’expansion des implantations israéliennes”.
Les signataires veulent qu’un Etat Palestinien soit créé aux côtés d’Israël et ils supposent que cela ne fait pas partie du plan Trump. La lettre déclare que “malgré l’incertitude, s’agissant de savoir si et quand ce plan sera rendu public, il est crucial pour l’Europe de rester vigilante et d’agir de façon stratégique[1]”.
Dans le titre de l’article, les signataires exhortent l’Union Européenne à rejeter tout plan américain pour le Moyen-Orient, à moins qu’il ne soit équitable envers les Palestiniens. Mais ce que signifie l’équité, pour des gens qui acclament et récompensent des meurtriers de civils et baptisent des rues, des installations sportives et ainsi de suite au nom de tueurs adulés, n’est pas précisé dans cette lettre.
Un rapide coup d’œil sur la liste de ces signataires permet d’identifier un certain nombre d’incitateurs anti-israéliens notoires. Parmi eux : l’ancien Ministre finlandais des Affaires étrangères, Erkki Tuomioja. Dans une interview, il a comparé les mesures défensives israéliennes aux persécutions nazies de la communauté juive d’Europe : “Il est assez choquant que certains imposent le même genre de politique envers les Palestiniens que celle dont ils ont été victimes dans les années 1930[2]”.
L’ancien ministre danois des Affaires étrangères et porte-parole du Parlement, le socialiste Morgens Lykketoft, a déclaré à la télévision, quand le ministre israélien du Tourisme, Rehevam Zeevi a été assassin en 2001, “que cela ne fai(sai)t aucune différence, entre cet assassinat et les éliminations ciblées de chefs terroristes menées par Israël[3].
L’ancien ministre danois des Affaires étrangères, Martin Lidegaard, est un autre signataire de ce pamphlet, qui menaçait Israël de sanctions de l’Union Européenne en 2014, si les pourparlers indirects entre le Hamas et Israël n’apportaient pas de concessions significatives de la part d’Israël[4] (au profit du Hamas terroriste).
Lena Hjelm-Wallén, ancienne ministre suédoise des Affaires étrangères était déjà signataire d’une autre lettre anti-israélienne en 2014 signée par des personnes s’auto-désignant, de manière arrogante, comme : “D’éminentes personnalités européennes”. Une des suggestions de cette lettre indiquait que le plan de paix de l’initiative saoudienne, rédigée en 2002, pourrait constituer un pilier de l’approche européenne[5].
La députée conservatrice autrichienne Benita Ferrero-Waldner, ancienne commissaire européenne des relations extérieures et ancienne ministre autrichienne des Affaires étrangères. Un autre double-signataire est l’ancien secrétaire-général de l’OTAN et ministre espagnol des affaires étrangères Javier Solana.
Quand Carl Bildt, d’un parti modéré, était ministre des Affaires étrangères de Suède, en 2009, le quotidien le plus lu du pays, le très socialiste Aftonbladet a publié un article de Donald Boström. Il prétendait que Tsahal tuait des Palestiniens pour prélever leurs organes à fin de transplantation, en collusion avec les institutions médicales du pays.
L’auteur a dû admettre qu’il ne disposait d’aucune preuve concrète pour étayer le propos de son article[6]. Quand Bildt a été contacté pour condamner de telles déclarations mensongères, il a, purement et simplement, refusé de le faire. Il a prétendu que la liberté de la presse fait partie de la constitution suédoise. Il a aussi appelé l’ambassadeur de son pays à garder le silence sur cette sinistre affaire[7].
Le seul signataire allemande contre le plan de paix est l’ancien ministre allemand des Affaires étrangères et dirigeant du parti socialiste, Sigmar Gabriel. Il a accusé Israël d’être un Etat d’apartheid. Gabriel n’a présenté ses excuses pour cette déclaration que bien des mois plus tard. L’ancienne présidente irlandaise Mary Robinson a co-écrit en 2014, dans le Guardian, une lettre pro-Hamas, conjointement avec l’ancien Président américain Jimmy Carter.
Elle disait : “Ce n’est qu’en reconnaissant sa légitimité en tant qu’acteur politique – l’un de ceux qui représentent une part substantielle du people palestinien – que l’Occident peut commencer à apporter les bonnes impulsions pour que le Hamas finesse par déposer les armes[8]”. Avec les noms mentionnés ci-dessus, la liste des incitateurs anti-israéliens est loin d’être exhaustive.
Certains des signataires ont aussi pris les Juifs pour cibles. En janvier 2002, l’éruption majeure de violence antisémite, en France, largement propagée par des musulmans, se poursuivait déjà depuis plus d’un an. Le ministre socialiste des Affaires étrangères, Hubert Vedrine, insinuait qu’il comprenait parfaitement la violence des musulmans contre les Juifs, en déclarant : “On ne doit pas nécessairement se sentir choqué que de jeunes Français d’origine immigrée puisse éprouver de la compassion pour les Palestiniens et soient extrêmement survoltés en voyant ce qui se passe[9]”.
Le libéral belge Karel de Gucht, ancien ministre belge des Affaires étrangères, a déclaré en 2010 : “Ne sous-estimez pas la puissance du lobby juif sur la colline du Capitole… On ne devrait pas sous-estimer l’emprise qu’il possède sur la politique américaine, peu importe qu’elle soit républicaine ou démocrate[10]”. Mais une telle liste de signataires ne serait pas complète sans qu’un Juif lui apporte sa caution morale.
En ce cas, c’est David Milibrand, ancien ministre des Affaires étrangères de Grande-Bretagne. Il aurait mieux fait de s’impliquer plus activement dans la lutte contre la propagation de l’antisémitisme galopant au sein de son parti, dont il souhaitait auparavant devenir le leader.
Les signataires de cette lettre sont presque tous issus de pays qui ont soutenu la décision du Bureau de l’Alliance Internationale pour la Mémoire de la Shoah (IHRA) d’accepter la définition de travail sur l’antisémitisme[11]. Ce texte précise que les manifestations d’antisémitisme peuvent comprendre “Le fait de cibler l’Etat d’Israël, conçu en tant que collectivité juive”. Cette définition dit qu’appliquer des normes à deux vitesses, en requérant d’Israël un comportement qui n’est pas exigé d’une autre nation démocratique constitue un acte antisémite.
De telles normes à deux vitesses sont réaffirmées chaque année à l’Assemblée Générale des Nations-Unies. Il n’existe pas d’autre nation qui soit attaquée par n’importe quel moyen, comme les centaines de résolutions contre lui, tel qu’Israël l’a subi au cours des dernières décennies. Ceci en dépit du fait que de nombreux pays-membres de l’ONU sont coupables de crimes de guerre extrêmes et de violations courantes des droits de l’homme. Il n’y a jamais eu la moindre résolution portée contre le Hamas[12]. Beaucoup de ces signataires de la lettre anti-Trump dans le Guardian étaient ministres au sein de leur propre pays. Une bonne partie d’entre eux sont responsables de leur contribution aux actes antisémites perpétrés dans leur pays, à chaque fois qu’ils votent pour ce nombre énorme de résolutions anti-israéliennes aux Nations-Unies.
La plupart des signataires de cette lettre proviennent de pays où l’antisémitisme a fortement augmenté ces cinq dernières années. On peut s’en apercevoir à partir des resultats d’une étude dans la série Eurobaromètre, publiée par la Commission Européenne, en janvier 2019. Il s’intitule Perceptions de antisémitisme.[13]
On se demande bien ce que les signataires de cette lettre dans le Guardian ont fait pour combattre l’augmentation de l’antisémitisme dans leurs pays respectifs. Si jamais ils ont tenté quoi que ce soit, preuve en est que ce n’est guère concluant. Au lieu de quoi, ils poursuivent leur obsession de promouvoir les intérêts de l’Autorité Palestinienne, qui récompense les meurtriers d’Israéliens, dont la plupart sont des civils. Il y a peu d’éléments pour croire que si les Palestiniens obtiennent un Etat, comme le souhaitent les signataires, les meurtriers terroristes d’Israéliens arrêteront leur sale besogne. Depuis des siècles et des siècles, l’antisémitisme s’est enchevêtré à la culture européenne. Cette lettre des 37 hypocrites européens de haute voltige, dans le Guardian, reflète bien cette culture.
Par Manfred Gerstenfeld