Guerre Israël-Hamas : le Parti travailliste britannique face au spectre du retour de l’antisémitisme
Deux candidats travaillistes à des législatives partielles ont été suspendus après des propos jugés anti-Israël. Une polémique qui fait craindre un retour de l’antisémitisme au Labour
Donné grand favori des élections attendues à l’automne prochain, le Labour a suspendu mardi soir l’ancien député et candidat Graham Jones en attendant l’issue d’une enquête pour des propos anti-Israël. Il lui est notamment reproché d’avoir déclaré, lors d’une réunion à l’automne dernier, que les Britanniques qui rejoignent l’armée israélienne devraient être « enfermés ».
Ce nouvel incident survient alors que le parti a retiré l’investiture au candidat Azhar Ali en vue d’une élection partielle le 29 février dans la circonscription de Rochdale, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Lors de la même réunion, il avait soutenu qu’Israël avait délibérément permis au Hamas de l’attaquer sur son sol le 7 octobre, afin de justifier ensuite une invasion de la bande de Gaza.
Il avait présenté des excuses mais a été désinvesti après l’émergence d’autres propos, où il accusait « les médias et certaines personnes issues des quartiers juifs travaillant dans les médias » d’avoir agi en faveur de la suspension d’Andy McDonald, un ancien député pro palestinien du Labour.
« Le Labour a changé »
Depuis son arrivée à la tête du Parti travailliste en avril 2020, Keir Starmer s’est efforcé de lutter contre l’antisémitisme que son prédécesseur Jeremy Corbyn est accusé d’avoir laissé prospérer au sein du parti. « Quand je dis que le Labour a changé sous ma direction, je suis sérieux », a déclaré le leader de l’opposition mardi. Le Premier ministre conservateur Rishi Sunak a estimé, lui, que le parti « n’a pas changé, c’est une escroquerie ».
« L’idée selon laquelle nous serions toujours dans les mauvais jours de l’ère Corbyn est vraiment ridicule », a jugé mercredi matin sur la BBC Mike Katz, président du Jewish Labour Movement. C’est « le jour et la nuit », a-t-il estimé, citant notamment la manière dont le mouvement et ses membres sont traités au sein du parti.