Le nouveau programme spatial chinois

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Vers la face cachée de la Lune – et au-delà : une étape importante dans le programme spatial chinois

Crédit : Sybils Quotidien

La semaine dernière, la sonde chinoise Chang’e-6 est revenue avec succès sur Terre, marquant l’histoire en rapportant des échantillons de la face cachée de la Lune. Cette mission inédite de la sonde, qui a atterri en Mongolie intérieure (nord de la Chine) le 25 juin, a livré de premiers résultats indiquant la présence de graphène (une couche bidimensionnelle d’atomes de carbone, considérée comme le matériau le plus fin au monde), qui pourrait révolutionner la compréhension qu’a l’humanité de la formation de la Lune. La mission Chang’e-6 fait partie de l’ambitieux programme chinois d’exploration lunaire, géré par l’Administration spatiale nationale chinoise (CNSA). Cette mission fait suite à la mission réussie Chang’e-5, qui a livré des échantillons lunaires sur Terre en décembre 2020 – la première réalisation de ce type depuis la mission Luna 24 de l’Union soviétique en 1976.

Le programme spatial chinois a parcouru un long chemin depuis l’annonce par Mao Zedong en 1957 de développer un programme national, à la suite du lancement de Spoutnik par l’Union soviétique cette année-là. Depuis le lancement du premier satellite en 1970 jusqu’à l’envoi du premier taïkonaute (pilote spatial chinois, Tàikōng, « espace » +‎ -naut) dans l’espace en 2003, la Chine a bâti une formidable présence dans l’espace. Sous le président Xi Jinping, le « rêve spatial » de la nation s’est accéléré, visant à rattraper les États-Unis et la Russie. Les missions de suivi du programme incluent Chang’e-7 et Chang’e-8, qui visent à développer des missions de sonde interstellaire et à établir une station de recherche lunaire d’ici 2030. En outre, la Chine se prépare à envoyer un taïkonaute au lune d’ici 2030.

Crédit photo : Sybils Daily

Les ambitions spatiales de la Chine ne concernent pas seulement la recherche scientifique, mais servent également des objectifs stratégiques et géopolitiques. Pékin considère l’espace comme un élément critique pour sa sécurité future et ses intérêts économiques.

L’Initiative la Ceinture et la Route (BRI) s’étend à l’espace, la Chine promouvant les services de lancement, les satellites et le système mondial de navigation Beidou, et favorisant la dépendance à l’égard des services spatiaux chinois dans le cadre de la « Route de la soie spatiale ». Le programme spatial chinois est également un élément clé de sa stratégie de fusion militaro-civile, qui combine les capacités spatiales avec des objectifs de sécurité nationale – y compris le développement d’armes pour la guerre spatiale et l’établissement d’un réseau croissant de stations spatiales au sol dans le monde entier.

Par ailleurs, l’espace est aussi une arène de confrontation avec les États-Unis. Le député de la CNSA a invité des scientifiques du monde entier à étudier des échantillons de la mission Chang’e-6, mais pour coopérer avec les États-Unis, il faut d’abord « supprimer » les obstacles, notamment l’annulation des restrictions interdisant à la NASA de financer une coopération avec la Chine sans l’approbation du FBI et du Congrès américain

La mission Chang’e-6 met en lumière les capacités spatiales avancées de la Chine et sa détermination à asseoir sa position d’acteur majeur de l’exploration spatiale.

Grâce à des investissements continus et à une coopération internationale, la Chine est sur le point de franchir des étapes importantes, de faire progresser ses ambitions géopolitiques et de contribuer à la compréhension du cosmos par l’humanité.

JForum.fr avec Netziv

Crédit : chercheur au Glazer Center for Israel-China Policy, Roi Ben Zur, a contribué à la publication : Institute for National Security Studies – INSS

Crédit photo : China Daily

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