Le Mossad doit-il être impliqué dans la lutte contre le BDS ?

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Le Mossad est célèbre pour ses éliminations ciblées des Kidonim, ses sabotages des capacités de l’ennemi (ex : sa présumée collaboration dans l’installation de Stuxnet sur les ordinateurs iraniens liés au programme nucléaire), son espionnage et sa capacité à déjouer les complots terroristes.

Mais le dénominatif du “Mossad” est, en réalité, le premier mot d’un intitulé qui signifie «Institut du renseignement et des opérations spéciales» «[nom complet : המוסד למודיעין ולתפקידים מיוחדים – Ha-Mosad le-Modi’in u-le-Tafkidim Meyuhadim ]. Les opérations spéciales» doivent-elles inclure la lutte contre le BDS?

Au fil des ans, des questions éthiques se sont posées sur les activités du Mossad, de la CIA et d’autres bureaux de renseignement.

Bien que les personnes impliquées dans la sécurité nationale reconnaissent le besoin d’agences de renseignement, il subsiste toujours des inquiétudes sur le fait que ces agences aillent au-delà de tout ce qui est palpable, d’autant plus que le contrôle public est limité. Par exemple, l’ancien président américain Richard Nixon a abusé des agences de renseignement américaines à des fins politiques (Affaire du Watergate).

Selon le journal Haaretz, mercredi dernier, 12 juin, le ministre des Affaires stratégiques, Gilad Erdan, a rencontré le directeur du Mossad, Yossi Cohen, dans le cadre de ses efforts pour lutter contre le BDS. Bien que le bureau d’Erdan ait laissé entendre que la réunion était une simple entrevue de routine (échange d’informations) et que le Mossad n’était pas autrement impliqué, il y a des signes que l’agence d’espionnage pourrait, sous une forme ou une autre, s’engager plus nettement dans la lutte contre BDS. Le rapport soulève la question suivante : le Mossad devrait-il être impliqué?

Pour clarifier cette idée délicate, le Jerusalem Post s’est entretenu avec un certain nombre d’anciens officiers du renseignement et de responsables gouvernementaux. La plupart ont requis l’anonymat, mais l’ancien chef du conseil de sécurité nationale et major-général de Tsahal, Yaakov Amidror a parlé officiellement en son nom propre.

Contrairement à l’intuition selon laquelle des groupes de défense des droits de l’homme s’opposeraient à la participation du Mossad dans la lutte contre le BDS, en la qualifiant d’ingérence dans le débat politique et la liberté d’expression, les groupes auxquels le Post a parlé perçoivent l’idée de manière positive ou neutre.

Certains ont qualifié le BDS de véritable menace potentielle pour la sécurité d’Israël, affirmant que le pays devait faire de son mieux pour le combattre.

Tout en disant qu’ils ne savaient pas si le Mossad était impliqué, ils ont dit que c’était une bonne idée d’utiliser l’agence pour effectuer la surveillance et saboter certaines activités BDS.

Amidror, également membre de l’Institut de stratégie et de sécurité de Jérusalem, a déclaré: « Le mouvement BDS est dirigé par des éléments liés à l’organisation terroriste du FPLP qui cherchent des moyens de nuire à Israël – ce qui pourrait induire en erreur certains États qui le considèrent comme une lutte légitime pour l’arrêt “des implantations” de peuplement, alors qu’il vise en réalité à saper l’existence même de l’État d’Israël le Moyen-Orient. »

« Par conséquent, tout ce que je peux faire, et tout ce que je peux dire, pour lutter contre le BDS doit être loué et mis en œuvre. Quels en sont les outils? L’Etat doit décider. Je ne sais pas du tout si la réunion de [Gilad Erdan et Yossi Cohen] est liée [à l’implication du Mossad] ou pas, mais il est légitime que l’État rallie tous les moyens pour arrêter un mouvement qui cherche à miner la légitimité d’Israël », a-t-il déclaré.

Certaines des personnes interrogées se sont inquiétées du fait que le Mossad pourrait ne pas cibler uniquement des activistes radicaux du BDS qui veulent utiliser l’isolement économique pour détruire l’Etat juif, mais aussi des partisans plus modérés, comme le journaliste très respecté Peter Beinart, qui affirme soutenir Israël mais s’opposer aux implantations.

Mais le Mossad peut certainement faire la distinction entre les partisans inconditionnels et dangereux du BDS et les “idiots utiles” qui sont manipulés à cause de leur naïveté, pour approuver des aspects “extérieurs” et visibles de la campagne BDS.

Amidror a déclaré que Beinart est “une personne intelligente qui est utilisée comme un instrument en raison de sa naïveté”. Il a déclaré que des activistes appartenant au noyau dur du BDS utilisaient des personnes moins compromises (“hardcore”), dans le but de détruire Israël en tant qu’État juif”, même si ce n’était pas le but principal de ceux qui ne s’opposent qu’aux implantations juives dans les territoires.

À propos d’un incident au cours duquel le personnel de sécurité de l’aéroport Ben Gourion a interrogé Beinart, il a déclaré : «C’était une erreur. Ils auraient dû s’excuser, mais devraient continuer à se battre contre BDS comme si aucune erreur (de ce genre) ne s’était produite. De petits incidents ne peuvent pas être utilisés pour freiner la lutte globale contre le BDS. “

D’autres notent que le mandat du Mossad comprend des «opérations spéciales» qui pourraient ne pas être considérées comme du travail de renseignement conventionnel.

Ces activités ont notamment porté sur les pays arabes avec lesquels Israël n’avait pas de relations diplomatiques ; elles ont consisté à sauver des Juifs enlevés ou en danger d’extinction dans des pays étrangers ; et à amener un grand nombre de Juifs en Israël depuis des pays où ils ont été persécutés.

Ainsi, ont-ils déclaré, le Mossad devrait être employé dans la lutte contre le BDS, à condition que les opérations soient légales et discrètes.

En outre, il serait préférable que le Mossad – doté de compétences discrètes en matière d’utilisation d’espions – s’acquitte de ses tâches plutôt qu’une autre agence moins expérimentée qui pourrait laisser des «empreintes digitales».

Le Mossad sait mieux mener des activités qui peuvent laisser les gens deviner si quelque chose a réellement été fait et qui a agi, ont-ils déclaré. Des agents moins expérimentés de différentes agences pourraient même nuire à la réputation du Mossad si leurs actions étaient révélées à tort et à travers, ont-ils déclaré.

Certains craignent également que le ministère des Affaires stratégiques n’utilise le Mossad à l’insu du Premier ministre ou ne l’engage dans des activités peu adaptées à ses compétences.

Selon eux, le Mossad devrait pouvoir refuser une opération allant au-delà de sa mission principale, telle que la lutte contre le BDS, si on lui la propose et que cela n’entre pas dans ses cordes. Mais en dernière analyse, la plupart des membres s’adressant au Post se sontmontrés favorables à l’intégration du Mossad (avec ingéniosité) dans la lutte contre le BDS.

PAR YONAH JEREMY BOB
 13 JUIN 2019 14:05

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