Le mirage iranien : le piège « réformiste »

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Les grands médias occidentaux font bruyamment l’éloge de Masoud Pezeshkian, le nouveau président iranien, en raison de son « réformisme ». Le mot « réformiste », invariablement accolé à son nom, est surtout révélateur de la profonde méconnaissance qui règne en Occident à l’égard des mollahs et de leur système théocratique. Photo : Pezeshkian s’adresse à un rassemblement de ses partisans à Téhéran, en Iran, le 3 juillet 2024. (Photo de Hossein Beris/Middle East Images/AFP via Getty Images)

Les principaux médias occidentaux ont fait leurs gros titres sur les mérites de Massoud Pezeshkian, le nouveau président iranien, qu’ils qualifient de « réformiste ». Le mot « réformiste », invariablement accolé au nom de Pezeshkian, met en lumière la profonde méconnaissance qui règne en Occident sur les mollahs et le système théocratique qui structure aujourd’hui l’Iran.

Un homme politique ne peut survivre en République islamique d’Iran que s’il adhère aux fondamentaux révolutionnaires qui fondent le régime. Aucune fonction politique ne peut être occupée par qui n’a pas fait la preuve de son indéfectible loyauté envers le Guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, et de son adhésion à l’anti-américanisme et à l’antisémitisme officiels. Tout homme politique iranien doit être prêt à appliquer sans faillir les lois islamistes du gouvernement et à écraser toute opposition à la République islamique. Le paysage politique iranien ne tolère aucune dissidence, ni aucun écart par rapport à ces fondamentaux ; seuls ceux qui se conforment entièrement à l’idéologie du régime sont autorisés à naviguer dans les eaux troubles de la politique du régime.

En Iran, toute personne qui chercherait sincèrement à réformer le système serait rapidement éliminée, voire exécutée. Toute tentative de remise en cause du statu quo est en réalité suicidaire. Par conséquent, qualifier les politiciens du régime de « réformistes » est trompeur, mais représente aussi un affront à la mémoire des innombrables Iraniens qui ont perdu la vie en tentant d’instaurer une véritable réforme et un changement systémique. Tous les téméraires qui ont tenté de transformer ce régime basé sur la peur, ont été éliminés. C’est pourquoi, il est impératif de reconnaître la différence entre ceux qui opèrent au sein du système et ceux qui ont tout sacrifié dans leur quête d’une véritable réforme.

Ce Pezeshkian, que les médias occidentaux ont affublé du ridicule qualificatif de « réformiste », est un chaud partisan du Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC), la toute puissante milice du régime, une organisation officiellement désignée comme terroriste. Le CGRI est lui-même un indéfectible soutien de Pezeshkian.

En signe d’allégeance à cette puissante organisation militaire, Pezeshkian siège souvent au Parlement en uniforme du CGRI. « Je porterais encore l’uniforme du CGRI », a-t-il déclaré. « Si le CGRI n’existait pas, la nation serait divisée. »

Pezeshkian a publiquement condamné les États-Unis pour avoir inscrit le CGRI sur la liste des organisations terroristes. Homme d’appareil, collaborateur du régime depuis sa création il y a près de quatre décennies, Pezeshkian affiche une loyauté sans faille envers la République islamique. Et le soutien que le Conseil des gardiens, extrêmement strict au plan doctrinal, a apporté à sa candidature, est un bon indicateur de son adhésion aux principes révolutionnaires de la République islamique.

Malheureusement, les médias occidentaux se hâtent souvent de qualifier les hommes politiques iraniens de « modérés » ou de « réformistes ». L’ancien président Hassan Rohani a été décrit comme tel pendant toute la durée de son mandat entre 2013 et 2021. Bien entendu, l’histoire montre qu’après chaque élection d’un « réformiste » ou d’un « modéré » à la présidence de la République islamique, le système politique des mollahs n’a pas varié d’un iota.

Ces soi-disant « réformistes » ou « modérés », ouverts et amicaux, qui lancent des appels à l’amélioration des relations avec l’Occident affirment œuvrer pour la « paix ». Mais leur seule mission est de tromper l’Occident. Leur seul objectif est d’obtenir une levée des sanctions, de rétablir les flux financiers et, en fin de compte, de renforcer le CGRI, le Guide suprême, le régime et son réseau de mandataires et de groupes terroristes.

Ces personnalités politiques sont en position stratégique de création d’un mirage : générer en Occident un faux sentiment de sécurité alors que les objectifs centraux du régime restent inchangés – et que l’expansion par procuration et le programme d’armes nucléaires se poursuivent.

L’accord illégal sur le nucléaire iranien, le Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA), était centré sur la détermination de l’Iran à se doter d’armes nucléaires et de missiles balistiques pour les acheminer. Quand le président américain George W. Bush, a instauré un système de sanctions destiné à paralyser l’économie iranienne, le régime iranien a sorti Rohani de son chapeau et ce soi-disant « modéré » a été autorisé à se présenter à la présidence.

Les médias occidentaux trop crédules et les responsables qu’ils protègent – ​​les deux ont menti pour perpétuer le « canular russe » monté contre le président américain Donald J. Trump, et les deux ont menti encore pour valider le communiqué frauduleux de 51 anciens responsables des services de renseignement qui ont affirmé que l’ordinateur portable de Hunter Biden comportait « les caractéristiques classiques d’une opération de désinformation russe », et les deux ont menti une troisième fois pour dissimuler le déclin mental du président américain Joe Biden pendant quatre ans – semblent désireux de faire le jeu du régime iranien qui présente avec enthousiasme Pezeshkian comme un « modéré ».

L’administration Obama a financé la présidence de Rouhani revitalisant ainsi le régime pour qu’il adhère à un accord nucléaire qui, après quelques années, autoriserait le régime iranien à posséder autant d’armes nucléaires qu’il le souhaite.

L’accord illégal du JCPOA a levé les sanctions qui frappaient l’Iran et a réintégré ce pays dans le système financier international. Les milliards de dollars qui ont afflué dans les caisses du Trésor iranien ont renforcé le régime, le CGRI et leurs opérations. Cette affaire est un bon indicateur de la capacité du régime iranien à manipuler des responsables occidentaux aux yeux brillants pour atteindre ses objectifs stratégiques. Mais elle révèle surtout l’empressement crédule avec lequel les États-Unis et l’Occident se précipitent sur ces mirages et mises en scène du pouvoir iranien.

Le Dr Majid Rafizadeh est un stratège et conseiller d’entreprise, diplômé de Harvard, politologue, membre du conseil d’administration de Harvard International Review et président du Conseil international américain sur le Moyen-Orient. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’islam et la politique étrangère des États-Unis. Vous pouvez le contacter à l’adresse Dr.Rafizadeh@Post.Harvard.Edu

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