Eldad, Mendelblit et Mazouz
Nul doute que pour comprendre le drame qui est en train de se dérouler en Israël au niveau de la justice, entre Mendelblit, Eldad et O’hana, il faut être assez plongé dans ce domaine, ce qui n’est pas donné à tout le monde, et certainement peu à des gens vivant à l’étranger, ou au moins ne connaissant pas l’establishment local de l’intérieur. Mais cela n’empêche que c’est dommage, car c’est plus qu’impressionnant.
Si nous, nous avons bien compris, alors voilà : comme déjà rapporté sur le présent site, Dan Eldad est un juriste de carrière, mis en place voici quelques mois par O’hana, l’actuel Ministre de la Justice, pour servir de remplaçant du procureur de la République. Or ni O’hana ni Eldad, bien que ce dernier fasse a priori partie de la « clique » juridique classique et dominante locale, ne se rangent derrière la conduite lourde, voire effrayante, de la cour suprême !
Justement, Eldad s’est mis en travers dès le départ de son poste actuel avec Mendelblit, lequel s’inscrit totalement dans la vision de la cour suprême – sauf que ces jours-ci, Mendelblit a tout de même eu un sursaut, et n’a pas osé déclarer Netaniahou persona non grata, et a admis qu’il pouvait former le prochain gouvernement. La suite de ce dossier, dimanche et lundi à la cour suprême. Donc, en tout cas, Eldad et Mendelblit ne s’entendent pas, et c’est le moins qu’on peut dire. Eldad a reçu une question d’une journaliste, lui posant des questions embarrassantes sur le rôle de Mendelblit dans le dossier Harpaz, une vieille histoire de document falsifié qui a provoqué en son temps un grand tourbillon entre divers personnages importants de l’armée, dont un certain Achkenazi. Mendelblit aurait en tout cas couvert ce dernier, et aurait transformé la réalité pour faire plaisir à Achkenazi ! C’est plus qu’embêtant !
Eldad tient à ce que la vérité éclate. Mendelblit pas tellement. Et ce dernier exige que… l’on renvoie Eldad, qui, du reste, n’est en place que dans le cadre du gouvernement provisoire qui fonctionne actuellement.
C’est là qu’on en était, quand voici un jour le juge Mazouz a fixé qu’il fallait cesser d’employer Eldad. Or ce juge n’est pas du tout neutre, et fait partie intégrante de la « clique » juridique. Son intervention est plus que surprenante, ou, plutôt, tout à fait normale, dans le cadre de la position sûre d’elle et dominatrice des membres de la junte en question.
Echec et mat ? Non, Messieurs, car en ce jour, le ministre de la Justice en personne s’est adressé à la cour suprême pour lui demander que… le juge Mazouz se disqualifie, parce qu’il est lui-même partie prenante ! En quoi ? Mazouz est le seul juge qui se soit permis de parler contre O’hana, et donc de manière ostensible s’est permis, avec le dossier Eldad, d’agir selon sa conception, et évidemment d’entraver la carrière d’Eldad !
Qu’a-t-il dit ? Voici peu, qu’il est problématique que le ministre de la Justice vise à réformer la haute cour locale… O’hana n’est pas resté sans réplique : « Et peut-être est-ce le contraire, qu’il est problématique qu’un juge se permette d’intervenir dans un tel débat ? » En tout cas, puisque tel est sa position, est-il normal que Mazouz soit le juge de dossiers concernant le ministre de la Justice et ses décisions ? Certainement pas, et il devait se désister.
O’hana attaque Mazouz sur un autre point encore : personne ne lui l’a demandé, mais ce juge a décidé qu’il n’y aura pas de remplaçant de Eldad, jusqu’à ce que, dans 2 semaines, on en juge ! La cour suprême bloque le système de son propre chef, c’est du jamais vu.
Toutefois, pour en revenir à la compréhension que le lecteur lambda peut avoir de ces sujets, il faut bien comprendre que là se trouve le prochain sujet des élections à venir, car, depuis quelques temps, l’ensemble du système législatif et juridique israélien est en haute ébulition du fait que l’on ne sait plus qui est maitre à bord, la Knesset, ou la cour suprême. Il ne fait aucun doute que si Netaniahou parvient, tôt ou tard, à former un gouvernement sur une base solide, c’est le premier point qu’il tentera de résoudre.