L’Allemagne vaincue a vaincu ses démons
L’Allemagne ayant perdu deux guerres mondiales, elle a dû faire son examen de conscience et en est sortie meurtrie, mais lucide.
En France, nous avons suivi la dynamique inverse : déclarés vainqueurs alors que nous étions, au mieux, « occupés », au pire « collaborateurs des nazis », nous devons à De Gaulle d’avoir obtenu une place dans le club des grands, qui nous a permis d’occuper une partie de l’Allemagne et nous a valu un siège permanent à l’ONU.
De Gaulle était avant tout pragmatique et c’est pourquoi, au nom de la reconstruction indispensable, il limita l’épuration, en particulier au sein de l’administration.
Cela permit à nos compatriotes d’oublier qu’ils étaient anglophobes depuis la guerre de Cent ans, qu’ils avaient suivi le Maréchal avec enthousiasme après le bombardement de Mers-el-Kébir et que la police française l’avait été tout autant dans la déportation des Juifs, devançant même les demandes des occupants.
Les circonstances nous ont aidés à zapper l’étape « prise de conscience » et notre lucidité a suivi une courbe descendante, inversement proportionnelle à la haute opinion que nous n’avons jamais cessé d’avoir de nous-mêmes.
La France libérée a oublié sa culpabilité
L’un des moyens les plus efficaces pour ce faire est de trouver des raisons de haïr nos victimes a posteriori. Ce n’est pas que nous les ayons aimées pendant que nous détournions les yeux de leur déportation, mais nous avons choisi l’aigreur plutôt que l’empathie vis-à-vis des survivants et nous avons accueilli avec un enthousiasme plus que pétainiste l’occasion de remettre le couvert. Il a suffi d’un mot : « antisionisme », pour recouvrir d’innocence indignée notre antisémitisme passé de mode. Nous avons donc porté le keffieh avec la même ferveur que le béret du Che et scandé « li-bé-rez la Pa-les-tine » en toutes occasions, et en refusant avec constance de regarder les faits qui eussent pu contredire notre bel engagement idéologique.
Le dernier exemple date du 6 août 2020 où un « forcené » qui n’était pas un terroriste, a pris en otage six personnes dans une agence bancaire du Havre, exigeant pour leur libération que les Palestiniens de moins de 40 ans aient le droit d’aller prier sur « l’esplanade des mosquées (Challenges). »
Cette exigence est triplement intéressante : d’abord parce que les médias français ont, dans leur immense majorité « oublié » de les mentionner, ensuite parce que ce sont les Juifs qui n’ont pas le droit d’aller prier sur ce qui a été nommé pendant 2000 ans « le Mont du Temple » et que les journalistes français ont rebaptisé (!) il y a une dizaine d’années afin de le rendre plus palestiniquement correct. Et enfin parce que cette demande, pour saugrenue qu’elle paraisse, montre que Mehdi D., le preneur d’otages, qui-n’a-rien-à-voir-avec-l’islam-et-qui-n’est-pas-antisémite, s’intéressait suffisamment au conflit palestino-israélien pour savoir que, lors des émeutes anti-juives, pendant lesquelles les Palestiniens juchés sur le Mont du Temple bombardent les Juifs priant en contrebas, devant le Mur des Lamentations, l’anti-terrorisme israélien empêche les hommes de moins de 40 ans de se rendre sur l’esplanade.
Gageons que Mehdi D. sera jugé psychologiquement inapte à être jugé…
Haïr son ami est plus facile qu’évaluer ses ennemis
En délégitimant à presse que veux-tu la seule démocratie du Moyen-Orient, notre pays démontre à quel point sa réputation de « pays des droits de l’Homme » n’est qu’une posture réduite à l’imposture. Il s’agit de conforter l’innocence tricolore en listant les défauts ontologiques des Juifs et en leur attribuant des culpabilités imaginaires, bien plus que de soutenir « les droits inaliénables des réfugiés palestiniens », dont les Français ne savent rien, et surtout ne veulent rien savoir.
Faites le test : demandez si ces droits inaliénables concernent un pays ayant existé, on vous répondra positivement. Alors, cet État, qu’est-ce que c’était ? Une monarchie ? Une république ? Quelle langue y parlait-on ? L’arabe égyptien de Gaza ou l’arabe des tribus qui ont composé la Jordanie, quand l’Angleterre a soustrait 80 % du territoire dédié au Foyer National Juif qu’elle avait mission de créer, pour l’offrir à l’émir Abdallah, grand-père de l’actuel roi de Jordanie ? Même les palestinolâtres les plus résolus seraient bien en peine de répondre, puisque les seuls États jamais constitués sur la terre d’Israël ont été les royaumes juifs !
Qu’importe, les moins mal intentionnés admettront qu’il « faut deux États pour deux peuples », quelles que soient leurs histoires et la longueur d’icelles. Que le premier puisse attester de 3000 ans de vestiges archéologiques et d’une histoire qui a fondé l’Occident n’atténue en rien les droits inaliénables du second, qui a été créé de toutes pièces par le KGB il y a 53 ans, en 1967.
Sympathie atavique ou conditionnement efficace ?
L’après-guerre a consacré Hitler ennemi de droite, bien que « nazi » soit l’abréviation de NazionalSozialismus et Staline ami de gauche, bien que sa politique ait toujours possédé toutes les caractéristiques du fascisme d’extrême-droite.
Où que l’on décide de les situer sur l’échiquier politique, les nazis et les marxistes avaient, chacun de leur côté, perfectionné l’art de la propagande avec une maestria dont les idiots utiles d’aujourd’hui continuent de porter le flambeau.
Ancien conseiller de Nicolae Ceaucescu, le président roumain, Ion Mihai Pacepa fit défection en juillet 1978 en se rendant aux Américains.
Trois mois plus tard, il fut condamné à deux peines de mort par son pays, dont le président à vie promit une récompense de deux millions de dollars pour sa tête, mort mais pas vif. Yasser Arafat et Mouammar Khadafi ajoutèrent au pot chacun un million de dollars supplémentaires.
Que venaient faire dans cette galère Arafat et Khadafi, alias Revolucion y Religion del Medio Oriente ?
Révolutionnaire tête de gondole
C’est Ion Pacepa qui avait cafté que le peuple palestinien avait été inventé par le KGB. Le service soviétique était donc aussi à l’origine de la création de l’OLP et du personnage même de Yasser Arafat.
Dans son livre The Kremlin Legacy, paru en 1993, Pacepa raconte qu’en 1964, « nous avons été convoqués à une réunion conjointe du KGB, à Moscou. Il s’agissait de redéfinir la lutte contre Israël, considéré comme un allié de l’Occident ». La guerre arabe pour la destruction d’Israël aurait peu d’attrait pour les « mouvements pour la paix[1] », manipulés par l’Union Soviétique. Il fallait dissimuler cet objectif sous de nouveaux atours. L’époque était propice aux luttes de libération nationale. La destruction de l’État juif fut rhabillée en lutte de libération nationale du « peuple palestinien ».
Son outil, l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine, dont le nom avait été choisi par les spécialistes du marketing à destination de l’Ouest) fut mise au point par les services syriens, avec l’appui de leurs homologues égyptiens. Le chef de l’OLP, Ahmed Choukeiry, fut imposé par les Syriens, mais quand son incompétence s’avéra, il fut remplacé par le poulain des Égyptiens : Yasser Arafat. Les costumières façonnèrent au nouveau Che un look ad hoc dans une veste de camouflage surmontée du keffieh, qui deviendrait son symbole, et l’accessoirisèrent avec une barbe de trois jours pour faire plus baroudeur… « Il fallait séduire nos militants et nos relais en Europe ! ».
KGB avec un K comme Kréation, pas comme Kultur
Justement. Avant Arafat, la légende de Che Guevara avait été un autre best-seller signé post mortem, mais écrit par les nègres du KGB et publié par un éditeur compagnon de route.
Guevara était bien éloigné du révolutionnaire romantique dont les jeunes filles vénèrent encore les boucles brunes et les yeux noirs. Les camps de travail qu’il avait installés à Cuba n’avaient rien à envier aux goulags qui leur avaient servi de modèles. Des centaines de milliers de Cubains (dont des enfants) y avaient été exécutés. « Pour envoyer des hommes au peloton d’exécution, une preuve judiciaire n’est pas nécessaire… Ce sont les procédures des détails bourgeois. C’est une révolution ! Et un révolutionnaire doit devenir une froide machine à tuer motivée par la haine pure. » Dixit le Che (the Epoch Times).
Mahmoud Abbas, successeur de Yasser Arafat, élu Président de l’Autorité palestinienne pour 4 ans en 2005 (date des dernières élections), avait été à bonne école.
Dans ce que la communauté internationale du renseignement appelle « les archives Mitrokin[2] », du nom de l’archiviste transfuge du KGB qui les a recopiées pendant plusieurs décennies, le dossier de « Abbas, Mahmoud, né en 1935 en Palestine », apparaît dans une liste d’agents datée de 1983, avec son ‘nom de légende’ : Krotov (‘Krot’ en russe signifie ‘taupe’).
Le KGB est mort, vive Poutine !
La guerre froide est peut-être morte quand le Mur de Berlin a été démantelé, mais la propagande soviétique, maintenant russe, est toujours vivace et active, grâce à des légions d’idiots utiles.
Le mouvement Black Lives Matter en est le fer de lance actuel. « Nous avons, en fait, un cadre idéologique. Moi-même et Alicia en particulier, nous sommes des marxistes entraînées (YouTube) », a déclaré Patrisse Cullors, se référant à sa cofondatrice du mouvement, Alicia Garza. « Nous en savons super beaucoup sur des, genre, théories idéologiques. Et je pense que ce que nous avons vraiment essayé de faire, c’est de créer un mouvement qui pourrait être utilisé par beaucoup, beaucoup de Noirs. »
Quand est paru son livre « When They Call You a Terrorist : A Black Lives Matter Memoir » (Quand ils vous traitent de terroriste – Souvenirs d’une militante de BLM), elle a narré sa rencontre avec le marxisme et son adhésion à cette idéologie. C’est parfaitement cohérent avec les objectifs du mouvement : détruire la société capitaliste, en ruinant son économie, en affaiblissant sa police et en instaurant une préférence systématique pour les Noirs vis-à-vis les Blancs, dans tous les domaines.
Bonnet noir et vert bonnet
BLM a beaucoup en commun avec d’autres élèves du KGB, notamment Mahmoud Abbas et son ennemi préféré, le Hamas, qui est à Gaza ce que le Hezbollah est au Liban : quand on compare les exactions de BLM avec la « pacifique marche du retour » organisée à la frontière d’Israël par le Mouvement de la résistance islamique (Hamas en VO), on retrouve les mêmes slogans, la même violence et la même inversion des valeurs.
La « pacifique marche du retour » voyait des régiments armés amenés jusqu’à la Ligne verte par les camions du Hamas, dont descendaient des snipers, qui s’installaient à l’abri, derrière des enfants, pour tirer sur les appelés de Tsahal et envoyer des cerfs-volants enflammés vers les oliveraies juives.
Dans le même esprit, BLM se présente comme un « mouvement décentralisé appelant à la désobéissance civile et à des manifestations pacifiques pour protester contre la violence policière que subissent les Afro-Américains », mais son héros, George Floyd, est un gangster tué lors de son arrestation. Le leader de son antenne new-yorkaise, Hawk Newsome, s’est lâché lors d’une manifestation en faveur du « héros » : « Si ce pays ne nous donne pas ce que nous voulons, alors nous détruirons et remplacerons le système. En disant cela, je parle peut-être littéralement, ou figurativement. C’est une question d’interprétation (Fox News). »
Les chiffres confirment les lettres, de droite à gauche…
La propagande palestino-médiatique a habitué le public à l’idée que les Juifs sont des colonisateurs étrangers en Judée (Juifs, Judée, vous voyez comme c’est étrange ?), qu’ils pratiquent un génocide contre les Palestiniens et l’apartheid contre leurs citoyens musulmans.
Dans les faits, les vestiges archéologiques démontrent 3000 ans de présence juive en terre d’Israël.
Dans les faits, la population palestinienne a été multipliée par 7 depuis que, le 15 mai 1948, le jour de sa déclaration d’indépendance, l’État juif nouveau-né a été attaqué par cinq armées arabes… et les a vaincues. 5,6 millions d’individus là où il y en avait un demi-million, c’est pas un génocide ?
Dans les faits, tous les citoyens israéliens sont égaux devant la loi, quels que soient leur origine, leur sexe, leur religion et leurs opinions. Cela a permis que les premières femmes musulmanes à avoir le droit de vote au Moyen-Orient soient les Arabes israéliennes. Cela a conduit le Président de la Cour Suprême, un Arabe, à envoyer l’ex-Président de l’État (un Juif) derrière les barreaux pour sept ans. C’est pas ça, l’apartheid ?
… et de gauche à droite, jusqu’aux extrêmes
Black Lives Matter veut convaincre le monde entier que les États-Unis pratiquent un racisme échevelé contre les Noirs (oups, Afro-américains), qui sont discriminés à tous les étages et tirés comme des lapins par une police composée de psychopathes.
Dans les faits, Barack Hussein Obama a été le 44e Président des États-Unis et il a été l’homme le plus puissant du monde, du 20 janvier 2009 au 20 janvier 2017.
Dans les faits, en 2018, il y avait 52 Blacks élus, soit 12 % du congrès ce qui est exactement la proportion de Noirs au sein de la population globale. Ça alors !
Dans les faits, en 2017, 38 des 100 plus grandes villes américaines avaient un maire noir.
Dans les faits, en 2018, 399 Blancs, 148 Latinos et 209 Noirs ont été tués par des policiers.
Dans les faits, le FBI a compté, en 2014, que 90 % des homicides contre des Noirs avaient été perpétrés par d’autres Noirs.
Dans les faits, on voit maintenant des policiers noirs s’opposer à des Blancs qui prétendent défendre les Noirs dans des manifs BLM.
Dans les faits, on voit des Noirs manifester contre BLM : « Not in my name ! » maire Noir
Dans les faits, des policiers noirs disent voir plus de Noirs parmi eux que parmi les manifestants…
Ouai-heu, mais les chiffres, on leur fait dire ce qu’on veu-heu et puis les faits, c’est stressant, alors foutez-nous la paix avec toute cette daube ou on vous fume, espèce de racistes blancs[3] !
Syndrome de Stockholm à Jérusalem ?
Cela commence comme une blague de Coluche : c’est un mec, il est sud-africain, il est né au Cameroun, il se dit philosophe, il est antisémite, il a enseigné les sciences sociales aux États-Unis et il est controversé en Allemagne. C’est pourquoi il est invité à faire une conférence à l’Université hébraïque de Jérusalem, le 15 septembre 2020. Il se nomme Achille Mbembe.
Les universitaires antisémites sont légion de par le monde, mais que l’un des plus virulents soit invité à développer ses théories dans la capitale de l’État juif a soulevé une polémique.
Le « philosophe » a, en effet, comparé la Shoah à l’apartheid, ne voyant entre les deux qu’une différence de degré, pas de nature, puis il a écrit que l’attitude des Israéliens envers les Palestiniens était « pire que le traitement par l’Afrique du Sud de sa population noire sous l’Apartheid (Welt) »
Il a dû trouver cette déclaration dans le manuel du parfait petit marxiste, au chapitre Délégitimation, où est prônée la méthode consistant à nier les souffrances de l’ennemi et à l’accuser de nous en faire subir. Ce n’est pas aimer la sagesse (‘philosopher’ en VO), mais la haïr, que de se conduire ainsi !
De surcroît, comme tous ceux qui mettent en œuvre les méthodes de la propagande dialectique, Mbembe s’emploie à empêcher ses contradicteurs de s’exprimer, ce qui lui évite d’avoir à inventer une raison à son animosité et des arguments pour contrer ceux de la raison. Il est donc en faveur de BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions contre Israël) et il a réussi à faire désinviter une universitaire israélienne à une conférence à l’Université de Stellenbosch en Afrique du Sud, en usant d’un argument hautement philosophique : « c’est elle ou moi ! (Algemeiner) ».
On peut rêver que la raison prévaudra
Il n’est pas exclu que Mbembe subisse le sort de l’arroseur arrosé et qu’il soit désinvité de Jérusalem.
Il n’est pas inéluctable que les Américains continuent à prendre le parti de leurs adversaires et acceptent encore longtemps la responsabilité d’une situation dont ils sont, en réalité, les victimes.
Mais il y a peu de chances que racistes véritables cessent de cibler les Juifs qui cumulent, à leurs yeux, « le privilège blanc » et les « bénéfices de la Shoah ».
On pourrait leur proposer d’échanger leur position avec ces privilégiés : si vraiment, ils trouvent plus enviables six millions de victimes, du nouveau-né au vieillard, massacrés simplement pour être nés ce qu’ils sont, au lieu de la discrimination positive et d’un Président à la Maison-Blanche, il y a certainement des Juifs qui accepteront l’échange ! LM♦
Liliane Messika, MABATIM.INFO
[1] Mostenirea Kremlinului de Ion Mihai Pacepa. ISBN : 9789735034856.
[2] Les documents en question sont maintenant stockés à l’université de Cambridge, au Churchill Archives Center. On peut lire le récit qu’en fait l’ex-colonel du KGB ici : Fayard.
[3] « racistes blancs », excusez le pléonasme.