Le magicien de Jérusalem

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Plusieurs réflexions et projections, en vrac, après l’annonce de l’accord historique de normalisation entre Israël et les Emirats Arabes Unis :

1. Les Emirats sont les précurseurs du processus de normalisation entre Israël et les pays sunnites modérés. Prochainement d’autres, comme le Bahreïn, le sultanat d’Oman, le Soudan  mais aussi probablement l’Arabie Saoudite, devraient leur emboîter le pas. Et c’est en soi un développement magistral. Lorsque le corona aura été vaincu, Dubaï devrait devenir une destination privilégiée pour les touristes israéliens…

2.  Cette démarche historique confirme que le règlement du conflit israélo-palestinien n’est plus aujourd’hui la condition à une normalisation entre Israël est le monde arabe. Elle s’inscrit dans la doctrine de Benyamin Netanyahou, selon laquelle c’est la normalisation entre les pays arabes et Israël qui conduira les Palestiniens à reprendre le chemin de la négociation et non le contraire, comme le prétendent toujours les poncifs traditionnels de la Gauche israélienne.

3.  Cet accord confirme également qu’aujourd’hui, pour les pays sunnites du Golfe, Israël n’est plus l’ennemi mais bien un allié et un partenaire dont ils recherchent la proximité et l’expertise dans les de multiples secteurs(défense, commerce, santé, etc..). Ces pays ont, depuis longtemps, compris que pour se protéger de la menace du nucléaire iranien, ils devaient pactiser avec la puissance militaire israélienne et normaliser des relations  bilatérales secrètes qui se sont considérablement développées,ces plusieurs années.

4.  L’accord sous-entend que, de facto, les pays sunnites n’ont jamais été vraiment préoccupés par le sort du peuple palestinien et qu’aujourd’hui plus que jamais, les caprices et pleurnicheries d’Abou Mazen ne pèsent pas lourd face au danger que Téhéran fait peser sur eux.

5. Cet accord de normalisation, et non le projet d’annexion d’une partie de la Judée et de la Samarie, est la première phase du « Deal du siècle » de Donald Trump à avoir été concrétisée. Si Donald Trump est réélu en novembre, ce ne sera certainement pas la dernière.

6. L’accord avec les Emirats confirme que Jared Kushner est l’homme fort à la Maison Blanche. C’est lui qui murmure à l’oreille de Trump, bien plus que Netanyahou. Et c’est lui qui a gelé le plan d’annexion de Netanyahou afin qu’il ne torpille pas le processus de rapprochement entre Israël et les pays sunnites modérés.

7. Entre Netanyahou qui a parlé de report du plan d’annexion et les Emirats qui ont parlé d’arrêt total de ce projet, nous aurions tendance à adhérer à l’avis de ces derniers. L’accord de normalisation a effacé le projet d’annexion. Et il est probable que cela a été la condition sine qua none du prince Mohamed Ibn Zayed d’Abu Dhabi a une reconnaissance d’Israël. L’annexion s’avère avoir été un vœu pieux qui n’a jamais été réellement à l’ordre du jour, à part dans l’esprit des dirigeants des implantations juives de Judée et Samarie. En janvier à la Maison Blanche, Netanyahou a réussi à faire croire aux Israéliens qu’il  s’agissait là de la seule clause importante du plan Trump. Ce qui n’était pas le cas.

8. L’une des clauses de l’accord évoque la possibilité, pour tout musulman de se rendre à Jérusalem sur le Mont du Temple (plus exactement à El Aksa) pour y prier, à condition de passer par Abu Dhabi ou Dubaï. C’est là un développement majeur dans le bras de fer que se livrent, sur la Montagne sainte, les « modérés » jordaniens et saoudiens face aux radicaux du Hamas et de la Turquie pour le contrôle exclusif du Mont du Temple et du Wakf.

9.  L’accord prouve, une fois de plus, si cela était nécessaire que Benyamin Netanyahou n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il est en position périlleuse et le dos au mur. Acculé par la crise politique sanitaire et économique, critiqué de toutes parts y compris dans son camp politique, il parvient à l’aide de cette habile manœuvre diplomatique à retourner une situation difficile en sa faveur. Le magicien Bibi est certes fatigué. Il a, certes, perdu de son éclat mais il demeure toujours le maestro de la diplomatie internationale loin derrière tous les prétendants à sa succession.

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