Cérémonies de séparation de la ‘hala, vol privé direct pour prier sur la tombe du Rabbi de Loubavitch, visites dans les maisons d’étude et auprès des rabbins, listes mises à jour des noms des otages pour les prières, danses de renforcement dans les synagogues – voici quelques-unes des initiatives menées par les orthodoxes de toutes tendances et origines, qui ont adopté les familles des otages avec une chaleur et un soutien exceptionnels.
Ynet – Illustration : prières à Ashdod, sur la tombe du rav Moché Aharon Pinto
Un engagement profond et personnel
« Le Roch Yechiva prend personnellement la douleur des otages à cœur, au point que la Rabbanith a raconté qu’il se réveille la nuit en éclatant en sanglots amers, en disant : ‘Comment peut-on dormir alors que nos frères sont en détresse et en captivité ?’ »
Ce témoignage a été partagé en début de semaine par l’un des proches du rav Baroukh Dov Povarsky, dirigeant de la prestigieuse Yechiva lituanienne de Poniovez. Le rav et son épouse ont reçu chez eux les mères d’Evyatar David et Guy Gilboa Dalal, otages retenus à Gaza, qui avaient été contraints Chabbath dernier d’assister, impuissants, à la libération humiliante de certains de leurs compagnons d’infortune dans un spectacle organisé par le Hamas.
Le samedi soir, le Hamas a diffusé une vidéo glaçante, montrant les deux jeunes hommes détenus dans un véhicule, à quelques mètres seulement d’une scène montée à Nuseirat, entourés de terroristes.
Dans un témoignage publié sur le site orthodoxe « Kikar HaChabbath », la rabbanith Povarsky raconte :
« Toute l’année dernière, mon mari se réveillait et murmurait à lui-même : ‘Ils vivent une Shoah… Nous sommes témoins d’une Shoah à notre époque’.
Depuis qu’il a rencontré ces mères endeuillées le week-end dernier, il se réveille encore plus souvent, en pleurs et en cris de douleur. »
Ce moment poignant a été rendu possible grâce aux efforts de Israël Cohen, journaliste orthodoxe, et du rav David Druck, qui travaillent depuis un an à renforcer les liens entre les familles des otages et la communauté orthodoxe.
Un soutien constant du public orthodoxe
L’attachement du Roch Yechiva aux otages est le reflet d’un lien profond et sincère qui s’est tissé entre leurs familles et le monde orthodoxe.
À travers de nombreuses initiatives spirituelles et communautaires, la communauté orthodoxe multiplie les prières, les rassemblements et les engagements religieux dans l’espoir du retour des otages.
Des soirées de séparation de la ‘hala (une tradition juive symbolisant l’unité et la prière pour une cause particulière) sont organisées, ainsi que des engagements personnels à renforcer la pratique religieuse pour leur libération.
« J’ai choisi la voie de la foi »
L’un des témoignages les plus marquants est celui de Meirav Berger, la mère de la soldate observatrice Agam Berger, libérée il y a deux semaines.
Lors de sa libération, Agam a écrit un message émouvant sur le tableau de l’hélicoptère qui la ramenait en Israël :
« J’ai choisi la voie de la foi, et c’est par la foi que je suis revenue. »
Meirav Berger a noué un lien très fort avec la communauté orthodoxe et a participé à de nombreuses initiatives pour soutenir la libération de sa fille et des autres otages.
Elle a également adressé un message à la communauté juive à travers la journaliste orthodoxe Moran Kurs, en demandant de respecter le Chabbath précédant la libération de sa fille en son honneur.
Lors de la première rencontre avec sa fille à l’hôpital Beilinson, Meirav a ouvert son discours en proclamant avec ferveur :
« Écoute Israël, l’Éternel est notre D’, l’Éternel est Un – Agam est rentrée à la maison ! »
Dans un moment d’intense émotion, elle a poursuivi :
« En ce jour si spécial, je veux avant tout dire un mot – Merci.
Merci au Créateur du monde. Merci au peuple d’Israël et aux communautés juives à travers le monde, qui, avec une unité inspirante et une solidarité sans faille, ont été à nos côtés.
Ils ont partagé nos émotions, combattu à nos côtés, prié avec nous, nous ont appris la véritable signification de l’amour gratuit.
Ils ont entouré Agam d’un amour infini et ont fait preuve d’un dévouement sans limites pour la ramener chez elle. »
Berger a remercié dans son discours la communauté Habad, l’organisation « Kesher Yehudi » et d’autres organisations ultra-orthodoxes qui l’ont accompagnée depuis l’enlèvement de sa fille le 7 octobre 2023.
La couverture médiatique orthodoxe
Les médias orthodoxes regorgent de nombreuses publications liées aux otages. Des interviews, des récits, des reportages sur des rassemblements de prières, et bien d’autres, font partie intégrante de cette presse.
« Nous sommes garants les uns des autres » – tel est le titre d’une initiative quotidienne du journal orthodoxe hassidique Hamodia, qui publie chaque jour la liste des otages, accompagnée du nom de leur mère, pour encourager la prière. « Hamodia appelle chacun de ses lecteurs à adopter un nom parmi ceux des otages », indique la publication quotidienne, « et à multiplier les études de Torah, les prières, les bonnes résolutions et les renforcements spirituels, afin qu’ils retrouvent rapidement la liberté en bonne santé ».
Les principaux sites d’information orthodoxes accordent une place centrale à la question des otages. Naturellement, les parents religieux et orthodoxes d’otages, comme Avi Ohana de Kiryat Malakhi, sont souvent mis en avant dans ces médias, prononçant des discours lors de rassemblements orthodoxes.
Le week-end dernier encore, la photo de Sasha Trofimov, rescapé de la captivité, portant des tefilines un jour après sa libération, a fait la une des journaux orthodoxes Kfar Habad et Mishpacha. Ces journaux ont également consacré de grands articles à la relation étroite et continue entre la famille de Trofimov et les émissaires de Habad ainsi que les organisations orthodoxes. Les stations de radio orthodoxes Kol Berama et Kol Hai accordent quotidiennement une attention particulière à la question des otages.
La prière de Noa Argamani
Peu après le massacre, les jeunes du mouvement Habad en Israël ont contacté les familles des otages et mis en place plusieurs initiatives religieuses à leurs côtés, organisant des rencontres communes.
L’initiative la plus marquante a été la location d’un avion spécial par Habad pour une prière au tombeau du Rabbi de Loubavitch. À bord de l’appareil, des centaines de membres des familles des otages, ravis de cette opportunité de prier et de participer à une visite spéciale au Congrès américain, où ils ont rencontré des dirigeants influents.
Le lien entre les émissaires de Habad et les familles des otages se poursuit encore aujourd’hui, grâce aux relations personnelles établies entre les représentants de Habad et les familles, qu’ils accompagnent tout au long de l’année par des visites de soutien et des initiatives communes. Par exemple, cette année à Hanoucca, des membres des familles des otages ont été honorés en allumant les bougies des célébrations centrales de Habad.
L’un des liens les plus marquants fut celui avec la famille de Noa Argamani, otage libérée. Après son sauvetage héroïque lors de l’opération « Arnon », Noa Argamani s’est rendue avec son père sur la tombe du Rabbi de Loubavitch à New York, où elle a prié, déposé les photos des otages et demandé leur retour rapide. D’autres proches d’otages l’accompagnaient.
Noa a exprimé sa gratitude pour sa libération et a rappelé que son père s’était rendu sur ce site en priant pour elle. Une fois son souhait exaucé, elle a décidé de réciter cette même prière pour la libération des autres otages. Lors de son premier passage à la tombe du Rabbi, au début de la guerre, son père, Yaakov Argamani, tenait une photo de sa fille en demandant son retour. Cette image a été diffusée dans des milliers de médias à travers le monde.
Femmes orthodoxes aux côtés des mères des otages
« Kesher Yehudi et les familles des otages dans une initiative d’unité juive », tel était le titre d’une soirée spéciale organisée à Beth Chémech par l’association Kesher Yehudi, sous le thème : « Une soirée de renforcement, de prière et de solidarité ».
Lors de cette rencontre, ont pris la parole Shelly Shem Tov – mère d’Omer, Merav Berger – mère d’Agam, et Anat Angrest – mère de Matan. Les mères ont partagé leur douleur, leur nostalgie et la force de leur foi qui les soutient.
Cet événement fait partie des centaines d’autres qui ont été organisés ces dix-huit derniers mois pour les femmes orthodoxes. L’une des associations qui maintient ce lien est Kesher Yehudi.
Agam Berger et son témoignage
La semaine dernière encore, des extraits des échanges entre Agam Berger et la rabbanite Tsili Schneider, présidente de Kesher Yehudi, ont été publiés. Celle-ci a accompagné sa famille tout au long de la captivité d’Agam. La discussion a aussi impliqué le journaliste Shneor Weber. Agam a livré un témoignage bouleversant sur sa détention et son respect des fêtes et des commandements religieux en captivité.
Elle a raconté qu’il y a plus d’un an, les terroristes leur avaient apporté un sidour (livre de prières) trouvé sur le terrain à Gaza. « Ils nous ont demandé ce que c’était et nous l’ont donné », a-t-elle expliqué. « Nous l’avons utilisé tout au long de notre captivité ».
Elle a ajouté que les terroristes avaient également trouvé divers objets laissés par l’armée, comme une plaque d’identification, et les avaient montrés aux observatrices militaires captives, pensant qu’elles pourraient les aider. « Ils nous ont aussi montré des cartes que l’armée avait abandonnées, pensant que nous pourrions leur donner des informations. Évidemment, nous ne pouvions pas ».
Un Chabbath pour le retour des otages
Le mois de Kislev dernier, des centaines de communautés ont organisé des prières et des initiatives spéciales pour la libération des otages, dans un esprit de « force et de victoire ». Cette initiative a été dédiée à un Chabbath particulier, à l’initiative des familles des otages, qui ont appelé le public à les rejoindre sous la bannière : « Je recherche mes frères ».
Cette initiative a eu un écho considérable dans la communauté orthodoxe, qui l’a largement diffusée. Lors de ce Chabbath, les familles des otages ont demandé aux fidèles d’allumer une bougie supplémentaire lors de l’allumage des bougies de Chabbath et de se joindre à l’appel en faveur du retour des otages.
Elles ont également invité les synagogues à sortir dans les rues au moment du chant « Lecha Dodi », afin d’encourager voisins et passants à se joindre à la prière collective pour les otages.
Dans cette période difficile, il ne fait aucun doute que le lien entre les familles des otages et la communauté orthodoxe est une véritable lueur d’espoir.