- Huawei est le « mécanisme d’espionnage » de Pékin, a déclaré la sénatrice Marsha Blackburn à Fox News en juillet 2019.
- L’Amérique devrait pousser Huawei à la faillite et ne pas tolérer ses efforts pour blesser ses alliés, partenaires et amis, sans parler de l’Amérique elle-même.
- L’approche Biden fait qu’il n’y a pas un moment à perdre. « Malheureusement, quand l’équipe Biden va réaliser que Trump avait raison à propos de la Chine, les États-Unis auront abandonné leur pression et la Chine aura progressé bien au-delà du point où les sanctions américaines auront une certaine efficacité. À ce moment-là, les entreprises technologiques chinoises seront si imbriquées dans le système mondial, injectant sans cesse de nouvelles technologies et de nouveaux produits, qu’il sera presque impossible de les découpler. Les sanctions prises à l’ère Trump avaient pour objectif d’éviter ce point de non-retour. » – Brandon J.Weichert, analyste technique et auteur de Winning Space: How America Remains a Superpower, à Gatestone, février 2021.
Huawei Technologies, le plus grand fabricant mondial de matériel pour réseaux de communication, représente la principale menace technologique chinoise pour l’Amérique. Avec Huawei en position dominante dans la 5G – la cinquième génération de télécommunication sans fil – la Chine pourra en temps de paix espionner et manipuler à distance les smartphones, voitures, stimulateurs cardiaques, thermostats et une multitude d’autres appareils dans le monde. En cas de guerre, Pékin pourrait paralyser l’essentiel des infrastructures. (Photo par Sean Gallup / Getty Images) |
Le 11 février, le ministère de la Justice des Etats Unis a demandé à la Cour d’appel du neuvième circuit de suspendre l’examen de WeChat, une messagerie électronique chinoise très populaire, qui a été interdite par l’administration Trump.
La veille, l’administration avait demandé à la Cour d’appel du district de Columbia de suspendre également l’interdiction de TikTok, la plate-forme chinoise de partage de vidéos mobiles, elle aussi ordonnée par l’ex-président Trump.
Donald Trump avait banni à juste titre ces applications en raison des « vastes ensembles » de données qu’elles collectaient et de la censure qu’elles exerçaient sur les Américains. Les tribunaux américains de première instance ont pris acte de ces interdictions et bien entendu, les utilisateurs de WeChat et TikTok avaient fait appel de cette interdiction.
Mais dans l’affaire TikTok, la motion du ministère de la Justice laisse entendre que l’administration Biden pourrait, après examen de la situation, lever l’interdiction. « L’examen des interdictions peut circonscrire les problèmes et aboutir à éliminer totalement la nécessité d’un examen par cette cour », a déclaré Casen Ross, un avocat du ministère de la Justice.
La menace TikTok va cependant bien au-delà des questions liées à la collecte clandestine de données et à la censure. La Chine a utilisé l’algorithme de l’application pour attiser les tensions au sein de l’opinion publique américaine.
Les ingénieurs qui travaillent pour Douyin, le site frère de TikTok en Chine, gèrent les algorithmes de TikTok, notamment ceux qui déterminent les vidéos accessibles aux utilisateurs. Cet accès permet au gouvernement chinois de « booster le signal », c’est-à-dire de sélectionner les contenus en vue de manipuler les comportements de la population. TikTok crée en effet une dépendance car ce logiciel d’intelligence artificielle, sans doute le plus sophistiqué au monde, permet de cerner rapidement les préférences de ses utilisateurs.
Une caractéristique qui rend l’application fort utile à ceux qui ont des visées malveillantes. En août dernier, Radio Free Asia a rapporté qu’au consulat de Chine de Houston (Texas) (aujourd’hui fermé), une unité de renseignement de l’Armée populaire de libération manipulait des mégadonnées pour identifier les Américains susceptibles de participer aux manifestations de Black Lives Matter et des Antifas. Puis des vidéos TikTok « sur mesure » sur la façon d’organiser des émeutes étaient fabriquées et envoyées à ces personnes.
Les motions TikTok et WeChat du ministère de la Justice dessinent un inquiétant scénario dans lequel Biden a entrepris de faire sauter toutes les mesures conçues à l’ère Trump pour protéger l’Amérique de la Chine. Ainsi, de manière inexcusable, le décret présidentiel du 20 janvier a mis fin à la décision de Donald Trump du 1er mai 2020 d’interdire l’achat d’équipements chinois pour le réseau électrique. Le département du Trésor de Biden a également repoussé de plusieurs mois l’interdiction faite aux Américains en novembre 2020, d’investir dans des entreprises liées à l’Armée populaire de libération de la Chine.
Chaque nouvel arrivant à la Maison Blanche a toujours passé en revue les politiques de son prédécesseur. Mais alors qu’il passait en revue l’action de Donald Trump, Jo Biden n’a même pas daigné conservé les protections que son prédécesseur avait mises en place. Le Parti communiste chinois utilise ses entreprises – en particulier ses entreprises technologiques – pour attaquer les États-Unis. Le président Biden laisse l’Amérique sans défense.
La menace technologique chinoise va bien au-delà de WeChat et TikTok. Celle que pose Huawei Technologies, le plus grand fabricant mondial de matériel de réseau de communication, est sans commune mesure.
L’administration Trump avait sévèrement bloqué les développements de l’entreprise. « Les équipements Huawei subventionnés ont été bannis de nos réseaux, et nous avons travaillé avec nos alliés à l’étranger pour que les équipements d’espionnage du Parti communiste ne soient pas non plus les bienvenus dans leurs réseaux », a déclaré Brendan Carr, rapporteur républicain de la Commission fédérale des communications, à Gatestone.
Trump a ajouté Huawei et ses dizaines de filiales et succursales à la Liste des Entités créée en mai 2019 au sein du ministère du commerce. Cette liste implique qu’aucune entreprise américaine n’est autorisée à vendre ou à acheter une licence technologique à Huawei, ni à aucune des organisations listées sur les registres de l’administration américaine des exportations, sans l’approbation préalable des services de sécurité (Bureau of Industry and Security) du ministère du commerce.
Dans ses derniers jours, l’administration Trump, durcissant plus encore ses positions, avait émis des « intention de refus » pour toutes les demandes d’autorisation de vente de licences à Huawei. L’administration a également déclaré qu’elle révoquerait les licences existantes. Le fabricant de puces Intel a reçu l’un de ces avis de révocation.
Les multinationales espèrent maintenant que le ministère du commerce de Biden fera sauter tous les verrous posés par Trump. L’administration vient d’accorder des prolongations de 90 jours aux entreprises pour faire appel des actions de l’ère Trump.
Gina Raimondo, secrétaire au Commerce de Biden, n’inspire pas confiance. Lors de son audience de confirmation, elle a refusé de dire qu’elle maintiendrait Huawei sur la Liste des Entités. Face à la pression, elle a ensuite reculé, et rendu publique une déclaration affirmant qu’elle n’avait « aucune raison de croire que les entités figurant sur ces listes (Liste des Entités et Liste des Utilisateurs Finaux Militaires) ne devraient pas y être ».
Les hésitations de Raimondo ont évidemment encouragé Huawei. Le 9 février, Ren Zhengfei, fondateur du groupe, a déclaré qu’il serait heureux de pouvoir parler au président Joe Biden. « Notre entreprise n’est pas équipée pour des tourbillons politiques », a-t-il déclaré à l’occasion d’un colloque en Chine. « Nous espérons que le gouvernement américain mènera une politique plus ouverte au profit des entreprises américaines et du développement de l’économie américaine. »
Huawei représente une menace mortelle pour l’économie américaine. Pékin a utilisé l’entreprise à des fins malveillantes, pour dérober des données. Ainsi, de 2012 à 2017, via les serveurs Huawei, Pékin a subrepticement téléchargé des informations du siège de l’Union africaine construit par Pékin et donné par la Chine en cadeau à Addis-Abeba (Ethiopie). Huawei est l’ « outil d’espionnage » de Pékin, comme l’a déclaré la sénatrice Marsha Blackburn à Fox News en juillet 2019.
S’il était donné à la Chine de contrôler la 5G – la cinquième génération de communication sans fil -, Pékin serait en mesure en temps de paix d’espionner et de manipuler à distance les smartphones, les voitures, les stimulateurs cardiaques, les thermostats et une multitude d’autres appareils connectés à ce que l’on appelle l’« Internet des objets ». En temps de guerre, Pékin pourrait paralyser les infrastructures essentielles.
Huawei, société édifiée sur une technologie américaine volée, est en train de devenir le fournisseur mondial de 5G. Le parti-État chinois subventionne les équipements Huawei et en fait la promotion depuis que Ren a fondé la société en 1987.
Différentes stratégies peuvent être mises au point pour relever le défi chinois de la 5G, mais la plus efficace serait de paralyser Huawei. Malheureusement, plutôt que de pousser Huawei à la faillite et de ne pas l’encourager quand elle cherche à blesser ses alliés, partenaires et amis, sans parler de l’Amérique elle-même, l’administration Biden donne le sentiment de vouloir démanteler les blocages mis en place par Donald Trump.
« Pékin guette les signes indiquant que la nouvelle administration reviendra à l’approche faible et timide du passé », a déclaré Brendan Carr. « Tout retour en arrière ou tout adoucissement de notre approche de Huawei serait une erreur monumentale, source d’insécurité pour les Américains et nos réseaux. »
« Je ne suis pas encore convaincu que Biden souhaite une confrontation avec la Chine », a déclaré à Gatestone Brandon Weichert du site d’information Weichert Report. « Je crois qu’il va faire siens les vieux concepts « d’ambiguïté stratégique » de « patience stratégique » qui plaisent tant à Washington lorsqu’il s’agit d’élaborer une doctrine pour la Chine. »
Cette approche Biden se produit au mauvais moment. « Malheureusement, quand l’équipe Biden va réaliser que Trump avait raison à propos de la Chine, les États-Unis auront abandonné leur pression et la Chine aura progressé bien au-delà du point de non-retour. L’objectif ultime des sanctions prises par Trump était d’empêcher que les entreprises technologiques chinoises s’imbriquent dans le système mondial, et d’empêcher qu’elles y injectent sans cesse de nouvelles technologies et de nouveaux produits, au point de rendre impossible toute tentative de découplage. »
Pékin utilise ses entreprises technologiques pour attaquer l’Amérique. Hé bien, président Biden, qu’allez-vous faire pour nous protéger ?
Gordon G. Chang est l’auteur de The Coming Collapse of China, Distinguished Senior Fellow de l’Institut Gatestone et membre de son Comité Consultatif.