Le Hezbollah, pomme de discorde au sein de l’U.E.

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Par BAZAK – Temps et Contretemps

L’hypocrisie l’emporte sur le cynisme. Certains, comme l’Allemagne ont bien compris l’absence de différence entre le mythe des deux branches, politique et militaire. Depuis avril 2020, le Hezbollah y est totalement interdit. Une organisation terroriste est terroriste à 100%, sans aucune nuance, que l’on se réfère à sa branche politique ou à sa branche armée. Mais parmi les dirigeants européens, quelques uns pratiquent une diplomatie subtile à géométrie variable.

Dans une protestation commune, 221 parlementaires européens, américains, canadiens et israéliens, réclament l’interdiction totale de l’organisation au sein de l’UE. Souvenons-nous, le 18 juillet 2012, en Bulgarie, à l’aéroport de Bourgas sur la Mer Noire, un bus de citoyens israéliens a été victime d’un attentat commis par le Hezbollah, 18 ans plus tôt, le 18 juillet 1994 un autre attentat causait la mort de 87 personnes et 300 blessés dans la communauté juive de Buenos Aires.

Le «Parti de D’» menace non seulement l’Europe mais également d’autres pays. Sa présence au Liban entraîne la ruine de ce pays, le prive de démocratie et devient une base avancée de l’Iran. Il représente une menace permanente pour Israël. Cette organisation terroriste pratique tous les trafics susceptibles de lui procurer des financements. La Haut commissaire des Droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, ne semble pas préoccupée par cette situation autant qu’elle l’est très assidûment concernant Israël.

L’UE a bien exclu la branche armée tout en permettant la poursuite des activités de la soi-disant branche politique, alors même que le Hezbollah réfute ce distinguo. On ne saurait être plus clair. Par comparaison, en son temps la France, eu égard aux activités terroristes des organisations indépendantistes corses comme le FLNC, a toléré leurs activités mais on n’a pas été jusqu’à admettre l’ouverture de bureaux en Europe. L’Allemagne, elle, a su courageusement tirer les leçons qui s’imposent. Quand le Hezbollah a organisé à Berlin, à plusieurs reprises, des marches pour Jérusalem/Al Qods, avec comme mot d’ordre la destruction d’Israël, elle a banni l’organisation. En France, on tolère les manifestations interdites et on fait semblant de ne pas entendre les slogans antisémites qui se mêlent aux slogans anti-israéliens. Ça nous rappelle une autre époque !

Les Français ont été attentifs au remaniement du gouvernement et attendent la suite. Pour autant, on aura été surpris qu’à l’occasion des deux discours, la politique étrangère en soit totalement absente. On comprend que ce domaine reste celui du président et qu’il ne faut rien attendre de nouveau. Contrairement à l’Allemagne, notre partenaire, la France est incapable d’interdire l’organisation terroriste. On ne veut pas chagriner l’Iran en mettant sa filiale terroriste à l’index. On maintient la fiction qu’un pays, aux immenses réserves en gaz et en pétrole, doit absolument développer une filière nucléaire pacifique pour ses besoins énergétiques alors que ses moyens existants en énergies fossiles sont disponibles et beaucoup plus économiques.

La seule explication qui vaille est qu’on a quelques arrière-pensées inavouables et qu’on n’a pas le courage d’agir. En revanche on prodigue des conseils, notamment à Israël, alors que tous les voisins arabes, nos amis et clients par ailleurs, se rapprochent d’Israël sur le plan sécuritaire face à la menace iranienne. Il est vrai que l’ex-ministre des armées du précédent gouvernement, Jean-Yves Le Drian, est notre ministre des affaires étrangères. On poursuit la même politique.

La France, faute de pouvoir intervenir, laisse le Liban, qui est sous la férule du «parti de D’»  s’enfoncer chaque jour un peu plus dans le chaos et la misère, même avec l’aide du FMI, qui profitera directement à l’organisation terroriste qui est aux manettes. Le constat est fait, le FMI financera une organisation terroriste qui soutient et participe au gouvernement dirigé par Hassan Diab, à qui le Hezbollah veut bien «donner sa chance». C’est un euphémisme. Sans son approbation, pas de gouvernement. C’est la règle.

Officiellement, ce gouvernement ne comporte «que deux ministres émanant du Hezbollah». Ne nous y trompons pas, à l’heure où il serait question de sanctions contre notre allié turc de L’OTAN en raison de ses livraisons d’armes en Libye, on ferait mieux de prendre toutes les mesures qui s’imposent, au lieu de se perdre en gesticulations stériles. On en a vu les limites dans la crise syrienne, dont la France est totalement absente. Clairement, par sa passivité et son impuissance, elle sacrifie l’ami de toujours qu’était le Liban. La protection française longtemps revendiquée a vécu.

On peut continuer à polémiquer sur la question du retour des membres de Daesh, ce qui permet aux médias d’organiser des débats et aux réseaux sociaux de se déchaîner, pendant que les terroristes du Hezbollah ont pignon sur rue. On n’en est plus à une contradiction près. On voit bien que la laïcité à la française est à nouveau mise à mal.

Et pendant ce temps, nous nous habituerons aux échanges de Kalachnikov dans nos villes, que certains responsables appellent des incivilités. La langue française est pleine de ressources. Décidément, nous marchons sur la tête, mais pour combien de temps encore ?

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