Yony ben Menahem, NEWS 1
Le Hamas semble intéressé par un nième tour de combats avec Israël, ce qui pourrait amener une intervention internationale et provoquerait un changement radical de la situation humanitaire dans la bande de Gaza.
À la lumière des menaces émanant de la bande de Gaza, le cessez-le-feu négocié par l’Égypte entre Israël et le Hamas risque de voler en éclats. Le commandement unifié des factions palestiniennes a déclaré le 13 février que : « En raison de la poursuite du siège, et des exactions israéliennes lors des « marches du retour », l’explosion de la colère était proche »
Au Hamas on dit que toute blessure ou assassinat de manifestants de la « marche du retour » appellera une réponse palestinienne. Toutes les factions ont décidé une démarche commune, à savoir, le renouvellement du «harcèlement nocturne» qui, depuis quelques jours, a commencé sur la frontière de Gaza face aux soldats de Tsahal. Le Hamas a également repris les manifestations régulières, les mardi à la plage de Zikim, à la frontière avec la bande de Gaza. Ce qui indique que l’organisation a décidé d’élever progressivement le niveau de la violence contre Israël.
À la suite d’une nouvelle évaluation du renseignement militaire, l’armée israélienne se prépare à une éventuelle escalade dans les semaines à venir ou en été de cette année. Selon le chef d’état-major Aviv Kochavi, le calme relatif des deux derniers mois dans la bande de Gaza n’est que temporaire.
Quel est l’intérêt du Hamas dans une escalade ?
Malgré les efforts égyptiens visant à maintenir un calme relatif à la frontière de Gaza et les visites des chef du Hamas et du Jihad islamique au Caire pour rencontrer le ministre égyptien des Renseignements Abbas Kamel, le public palestinien dans la bande de Gaza, reste sceptique quant aux résultats politiques obtenus, après dix mois de la campagne de la « marche du retour ».
Le désir des dirigeants politiques israéliens, d’éviter l’escalade à la frontière de Gaza durant la période électorale et de privilégier l’effort sécuritaire sur le front syrien, a été interprété par le Hamas, comme une faiblesse. Celui-ci a considéré que c’était le bon moment d’exiger d’Israël, l’allègements de dispositions sécuritaires et la mise en œuvre de la deuxième phase des arrangements patronnés par l’Égypte et qui serait le début de la réalisation de grands projets d’infrastructure pour l’eau et l’électricité.
Le journal libanais Al-Akhbar, proche du Hezbollah, a publié le 26 janvier un rapport de hauts responsables du Hamas selon lequel ce dernier était parvenu à la conclusion, qu’il ne recevrait rien d’Israël avant les élections du 9 avril. Il a donc décidé de refuser la subvention du Qatar et d’aller vers une escalade. L’initiateur de cette ligne dure serait Yahya Sinwar, le dirigeant du Hamas dans la bande de Gaza. Son plan serait d’initier une série de violences et de plusieurs « jours de bataille », qui amèneraient une intervention internationale afin de contraindre Israël à des concessions à Gaza.
Le Hamas envisagerait plusieurs scénarios, qui vont des tirs de roquettes sur Israël, des attaques aux missiles antichars contre les forces de Tsahal à la frontière, aux infiltrations pour perpétrer des attentats contre des civils en Israël. L’Égypte tente de convaincre le Hamas de renoncer à ces attaques, mais l’organisation affirme qu’Israël, par son non-respect des ententes négociées par l’Égypte, oblige le Hamas à réagir pour défendre les populations de Gaza
Le 12 février, le chef du Hamas Ismail Haniyeh, s’est entretenu au téléphone, avec l’envoyé de l’ONU au Proche-Orient, Nikolai Mldanov, et lui a clairement fait part de la colère palestinienne, suscitée par les atermoiements d’Israël, lors de la mise en œuvre des ententes du Caire. Ismail Haniyeh a rappelé à Mldanov, que c’est lui-même, qui lui avait promis, de mener à bien la réalisation des dispositions de ces ententes.
La tension entre le Hamas et le Jihad islamique
Depuis la victoire de Ziad Nakhla, il y a quelques mois aux élections internes au poste de secrétaire général du Jihad, la tension entre cette organisation et le Hamas s’est accrue en raison de l’activité autonome du Jihad, contre les « violations de la trêve » par Israël. Ziad Nahala presse le Hamas pour un partenariat dans le processus de prise de décisions politiques et militaires dans la bande de Gaza. Lors de la dernière flambée de violence, où en deux jours plus de 400 fusées ont été tirées sur Israël, le Jihad s’est vanté que c’est grâce à lui que le Premier ministre Netanyahu s’était adressé aux services de renseignements égyptiens et les avait suppliés de rechercher un cessez-le-feu immédiat.
Selon des sources proches de la bande de Gaza, les « unités de contrôle » du Hamas situées le long de la frontière avec Israël, auraient agi à plusieurs reprises au cours des dernières semaines, pour empêcher les membres du Jihad islamique de tirer des roquettes sur Israël ou contre des soldats des forces de défense d’Israël.
La semaine dernière au Caire le chef du Hamas Ismail Haniya, a rencontré pour la première fois le chef du Jihad islamique Ziyad Nakhaleh. Ils ont tenté de parvenir à un accord concernant la trêve avec Israël, mais selon des sources du Hamas, Ziad Nakhla avait refusé de promettre, qu’il s’appliquerait à préserver la trêve. Il a souligné que son organisation ne se sent pas engagée par les arrangements négociés par l’Égypte. Selon lui, tout dépend du comportement d’Israël à l’égard des manifestants à la frontière de Gaza. Par la suite, il a « enfoncé le clou » en déposant auprès de ses interlocuteurs un document répertoriant les réserves du Jihad, quant aux ententes avec Israël. Puis, en colère, il a quitté le Caire pour Beyrouth.
En outre, au sein de l’organisation du Jihad islamique, il existe une rivalité entre la direction et l’aile militaire de la bande de Gaza. Ziad Nakhla a du mal à la contrôler, d’autant plus que cette aile militaire montre des signes d’indépendance et désobéit aux ordres du siège de l’organisation basé à Beyrouth.
Conclusion
Il semble que le Hamas est effectivement intéressé à l’escalade, afin de faire pression sur Israël pour que celui-ci réduise ou lève « le siège » de Gaza. Par cette politique le Hamas espère « redorer son blason » auprès du public de Gaza. Cette éventuelle escalade s’inscrit aussi, dans la ligne agressive du dirigeant du Jihad Islamique. N’oublions pas l’Iran qui, désireux de venger les attaques d’Israël contre les Iraniens en Syrie, pousse son « proxi » à provoquer une escalade qui aidera à torpiller « l’accord de siècle » du président Trump.
Les récents événements locaux et régionaux ne laissent pas présager un maintien du calme sur la frontière de Gaza. EG♦
Traduit et adapté pour mabatim.info par Edouard Gris