Le Hamas et les pauvres de Gaza

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Illustration : Anas Radwan reçoit un diplôme

La chronique de Michèle MAZEL – TEMPS et CONTRETEMPS

Chaque vendredi, c’est par milliers qu’ils sont conduits vers la barrière qui sert de frontière avec Israël dans le cadre de la grande marche du retour censée permettre à la population de Gaza de «revenir dans les terres dont ils ont fui ou dont ils ont été chassés» pour reprendre les termes du Monde. Une démarche dont le caractère suicidaire est évident. En fait, ils sont là pour servir de boucliers humains dans les affrontements entre les militants du Hamas et les forces israéliennes déterminées à leur barrer le chemin.

Ils ne reviennent pas tous de ce petit jeu mortel. Il y a aussi les blessés, les infirmes que la presse occidentale, jouant le jeu de l’organisation terroriste, montre complaisamment. Les compensations accordées aux victimes sont bien minces, et leurs familles ne peuvent que regarder, la rage au cœur, la vie luxueuse que mènent les dirigeants, dont les fils et les filles partent faire de coûteuses études à l’étranger. Certains y restent d’ailleurs, préférant un exil doré dans tel ou tel pays arabe, ou même aux Etats-Unis, à la sinistre réalité de Gaza. C’est d’ailleurs le choix qu’ont fait les fils d’Abou Mazen.

Pourtant à l’approche de l’Aïd el Adha ou Aïd el Kébir, la Fête du sacrifice ou la Grande fête, un frémissement d’espoir s’élève dans les familles endeuillées. On le sait, le pèlerinage à la Mecque, considéré comme le cinquième pilier de l’islam rassemble chaque année plus de deux millions de fidèles. Tout musulman est tenu de l’accomplir une fois dans sa vie et ceux qui le peuvent le font plusieurs fois ; les uns et les autres reviennent auréolés du titre de «Haj».

Or le souverain saoudien, Salman Ben Abdul Aziz al Saoud, attribue cinq cents «bourses de voyage» à de proches parents des «martyrs palestiniens»  qui seraient autrement bien incapables de faire le pèlerinage. Ces bourses couvrent l’intégralité des frais – du voyage au séjour. Cette année, les observateurs ont découvert avec stupéfaction parmi les bénéficiaires de la munificence royale un certain Anas Radwan. A quel titre direz-vous ? A-t-il perdu un père, une mère, un frère, une sœur, un oncle ou un quelconque proche parent ? Ma fois non.  Aucun membre de sa famille n’a connu la gloire du martyre.

Le jeune Anas est tout simplement le fils d’Ismail Radwan, ancien porte-parole du Hamas et aujourd’hui l’un de ses leaders. À défaut de presse officielle aux ordres, ce sont les réseaux sociaux qui ont diffusé cette édifiante histoire ainsi que la photo de ce brave jeune homme cherchant à éviter les flashes des photographes. À Gaza la colère gronde, mais en sourdine ; en Arabie saoudite, des voix s’élèvent contre ce qui est perçu comme une insulte à leur souverain. Le Hamas aurait-il dépassé les bornes ?

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