Par Con Coughlin
L’Irlande, la Norvège et l’Espagne ont fait part de leur intention de reconnaître un État palestinien. Cette annonce souligne la stupéfiante naïveté de ces trois pays quant à la réalité fondamentale du conflit interminable entre Israël et les Palestiniens. Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a déclaré que cette décision était « en faveur de la paix et de la coexistence ». Est-il prêt à concéder aux Catalans, qui luttent depuis des années pour leur indépendance, le droit à un État de Catalogne ? Photo : Sanchez prononce un discours télévisé le 28 mai 2024. (Photo de Thomas Coex/AFP via Getty Images)
L’Irlande, la Norvège et l’Espagne ont fait part de leur intention de reconnaître un État palestinien. La naïveté de ces trois pays quant à la réalité fondamentale de l’interminable conflit qui oppose Israël aux Palestiniens, est stupéfiante.
En réalité, cette annonce est susceptible de prolonger la guerre qui a lieu à Gaza, plutôt que de l’abréger. Des groupes terroristes comme le Hamas ne peuvent comprendre qu’une chose : que les attaques brutales contre des civils israéliens innocents ont toutes les chances d’être récompensées par un soutien à leur revendication d’un État.
La Norvège, qui a contribué à parrainer les Accords d’Oslo dans les années 1990, lesquels ont donné un cadre à un éventuel accord de paix entre Israël et les Palestiniens, a annoncé la première sa décision. Le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre a déclaré : « Il ne peut y avoir de paix au Moyen-Orient sans reconnaissance. »
L’Irlande, la Norvège et l’Espagne ne voient-elles pas qu’apaiser les terroristes, où qu’ils soient, encourage les militants en Europe ? Le mois dernier, en Allemagne, plus de 1.000 personnes ont manifesté pour exiger que l’Allemagne devienne un califat régulé par la charia.
Les commentaires du Premier ministre norvégien ont été repris par le ministre irlandais des Affaires étrangères, Micheál Martin. Ce dernier a déclaré que l’Irlande apportait « un soutien sans ambiguïté au droit égal à la sécurité, à la dignité et à l’autodétermination des peuples palestinien et israélien ».
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez (notre photo) a quant à lui déclaré que cette décision était « en faveur de la paix et de la coexistence ».
Est-il prêt à reconnaître aux Catalans leur indépendance, eux qui clament leur droit à un État de Catalogne depuis des années ?
En Irlande, même au plus fort des violences, jamais personne n’a appelé à prendre d’assaut l’Écosse, l’Angleterre et le Pays de Galles pour en chasser les Britanniques.
Ces annonces conjointes ont été précédées par des mois de discussions. Mais aucun des trois gouvernements n’a donné de précision sur la manière dont cette reconnaissance d’un État palestinien au milieu de la guerre à Gaza, pourrait aider à résoudre le conflit.
Au contraire, la déclaration n’a fait qu’exacerber les tensions. Son principal résultat a été de susciter la colère du gouvernement israélien, qui a fermement condamné cette décision et a rappelé ses ambassadeurs en poste dans chacun des trois pays concernés.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a renouvelé le rejet total de cette initiative par son gouvernement. Il a déclaré : « L’Histoire se souviendra que l’Espagne, la Norvège et l’Irlande ont décerné une médaille d’or aux meurtriers et aux violeurs du Hamas ».
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, surnommé par Andrew Roberts « Le Churchill du Moyen-Orient moderne », s’oppose farouchement à l’indépendance palestinienne qu’il considère comme une « récompense accordée au terrorisme ». Il affirme que l’indépendance est une gratification accordée au Hamas pour son attaque dévastatrice d’Israël le 7 octobre. « Aucune prime au terrorisme n’apportera pas la paix », a déclaré Netanyahou, « rien ne nous empêchera non plus de vaincre le Hamas ».
La décision de ces trois pays de reconnaître un État palestinien sans passer par des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens, est d’autant plus provocante du point de vue d’Israël qu’elle a eu lieu la semaine ou le procureur en chef de la Cour pénale internationale de La Haye a rendu publique sont intention d’obtenir des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahou et le ministre israélien de la Défense Yoav Galant.
Les signaux de vertu que lancent ainsi les gouvernements occidentaux et les institutions internationales ne sont pas seulement le signe d’une conception délibérément erronée du droit d’Israël à se défendre pour que ne se renouvellent plus les atrocités commises par les terroristes du Hamas le 7 octobre.
La capitulation de l’Irlande, de la Norvège et de l’Espagne révèle également une interprétation délibérément erronée des causes profondes du conflit. Le refus constant des dirigeants palestiniens, génération après génération, de renoncer au terrorisme comme unique moyen d’atteindre leurs objectifs politiques a rendu impossible le concept d’une paix durable entre les deux parties.
Dès les origines, c’est l’insistance de Yasser Arafat, chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), à passer par des actes de terrorisme pour atteindre son objectif d’un Etat, qui a constamment sapé les efforts de paix internationaux.
Aujourd’hui, l’OLP qui chapeaute l’Autorité palestinienne et qui est dirigée par le vétéran de l’OLP, Mahmoud Abbas, a cédé son leadership au Hamas, le mouvement terroriste islamiste. Ce dernier a contribué à détruire les accords d’Oslo en menant une vague d’attaques terroristes meurtrières contre les Israéliens à partir des années 1990.
Le terrorisme sanglant du Hamas voue à l’échec n’importe quelle tentative de conclure un accord de paix tant que cette organisation terroriste demeurera au pouvoir. Cet argument est accepté à la fois par les Israéliens et la majorité des Palestiniens.
Depuis son arrivée au pouvoir à Gaza en 2006, le Hamas a, bâti une infrastructure terroriste, mais il a également réprimé violemment toute opposition politique à son régime dictatorial.
La désaffection de la majorité des Palestiniens à l’égard du Hamas et de son comportement autoritaire s’est considérablement accrue depuis le début du conflit. L’utilisation de la population civile de Gaza comme bouclier humain, et le manque d’égards pour sa sécurité, n’ont rien arrangé.
Cette tactique odieuse qui consiste à se protéger derrière des civils désarmés (comme ici, ici et ici) a contribué au nombre élevé de morts dans le conflit de Gaza. Il est même arrivé que le Hamas lui-même tire sur sa propre population pour l’empêcher de fuir vers des lieux plus sûrs (ici, ici et ici).
Face à une telle situation, l’objectif d’Israël de rayer de la surface de la terre une organisation terroriste aussi meurtrière que le Hamas est amplement justifiée. Surtout si l’on souhaite garder ouverte une perspective réaliste de paix durable dans la région.
Une organisation qui assassine délibérément des civils innocents ne peut pas devenir le leader incontesté du peuple palestinien. Cette idée est proprement inacceptable. Des pays européens comme la Norvège, l’Irlande et l’Espagne seraient bien avisés d’y réfléchir à deux fois avant de lancer des appels inconsidérés en faveur de la reconnaissance d’un État palestinien.
Aucune nation civilisée ne devrait supporter l’idée que le Hamas puisse être considéré comme un dirigeant possible d’un futur État palestinien. Il est vital par conséquent que les grandes puissances mondiales, notamment les États-Unis, continuent de résister aux appels à reconnaître un État palestinien.
Même si l’administration Biden a régulièrement manifesté de l’hostilité envers Israël depuis le 7 octobre, son rejet de la déclaration commune de la Norvège, de l’Irlande et de l’Espagne est plus que bienvenu.
La Maison Blanche a réitéré que seules des « négociations directes » étaient à même de résoudre le conflit. Une telle position doit être soutenue par les Palestiniens eux-mêmes, ainsi que par des puissances européennes telles que le Royaume-Uni et la France.
Pour que de telles négociations puissent avoir lieu, il est essentiel qu’Israël mène sa guerre à bien et réussisse à détruire la capacité du Hamas de perpétrer d’autres meurtres de masse comme le 7 octobre – qualifié d’équivalent de « cinquante 11 septembre » – comme le Hamas a juré de le faire.
Si Israël pouvait réussir à « libérer la Palestine du Hamas », cela améliorerait considérablement les perspectives des Israéliens et des Palestiniens.
Con Coughlin est rédacteur en chef des services Défense et Affaires étrangères de The Telegraph et Distinguished Senior Fellow du Gatestone Institute.