- Le Hamas et ses alliés œuvrent ouvertement à un nouveau soulèvement anti-israélien en Cisjordanie. Ils sont d’autant plus encouragés à passer à l’action que l’Assemblée générale des Nations Unies a rejeté la résolution des États-Unis condamnant le Hamas et d’autres groupes palestiniens pour leurs tirs de roquettes et l’incitation à la violence contre Israël.
- Les attentats perpétrés par le Hamas ne menacent pas seulement les civils et les soldats israéliens ; ils fragilisent aussi l’Autorité palestinienne (AP) de Mahmoud Abbas, financée par l’Occident. Chaque attaque « réussie » du Hamas accroît la popularité du mouvement Cisjordanie, aux dépens d’Abbas et de son régime.
- Maintenant que le Hamas a obtenu gain de cause à Gaza – des millions de dollars et pas de guerre avec Israël – ses amis de Téhéran l’incitent à développer son action en Cisjordanie. L’objectif est triple : saper ou renverser l’Autorité palestinienne, infliger de lourdes pertes à Israël et contrecarrer n’importe quel plan de paix de l’administration américaine.
Le Hamas et ses alliés développent leur « lutte armée » contre Israël et exportent leur guerre pour prendre le contrôle de la Cisjordanie. Sur la photo: des terroristes masqués du Hamas. (Photo par Abid Katib / Getty Images) |
Il est acquis que le Hamas est à l’origine des récents attentats terroristes perpétrés contre des Israéliens en Cisjordanie. Ces attaques servent les intérêts du Hamas ainsi que les intérêts de ses amis et sponsors, le Jihad islamique palestinien – et l’Iran.
Le plan du Hamas et ses alliés – ils ne le cachent même pas – est d’exporter leur « lutte armée » contre Israël au-delà de la bande de Gaza et de prendre le contrôle de la Cisjordanie.
La dernière attaque terroriste a eu lieu le 9 décembre devant l’implantation israélienne d’Ofra en Cisjordanie, à l’est de Ramallah. Amichai Ish-Ran, un citoyen canado-israélienne, et sa femme enceinte, Shira, ont été blessés à bord de leur voiture et cinq autres personnes avec eux. Le bébé, né prématurément à la suite de l’attaque terroriste, est décédé le 12 décembre, malgré l’acharnement des médecins à le sauver pendant près de 72 heures.
Le Hamas, qui a revendiqué l’attentat, a été le premier à féliciter les terroristes. Aucune faction palestinienne n’a dénoncé l’attaque, y compris le Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
L’attentat a été qualifié d’« opération héroïque et exemplaire » et des représentants du Hamas et de plusieurs factions palestiniennes ont affirmé que la « résistance palestinienne était toujours vivante en Cisjordanie ». Les mêmes représentants du Hamas ont aussi appelé les Palestiniens à « intensifier l’intifada » contre Israël, en particulier contre les habitants des implantations israéliennes et les soldats de Tsahal.
« La Cisjordanie a entrepris de résister à l’occupation » a déclaré le Hamas dans un communiqué publié à Gaza au lendemain de l’attentat. Le Hamas a ajouté « l’heure est venue pour notre peuple d’affirmer son droit de résister à l’occupation à un moment où l’occupant et Israël, tentent de criminaliser notre résistance ».
Cette déclaration du Hamas comporte deux indicateurs importants. La première est que le Hamas et ses alliés annoncent qu’ils oeuvrent à un nouveau soulèvement anti-israélien en Cisjordanie ; secundo, le Hamas et ses amis exploitent le récent refus de l’Assemblée générale des Nations Unies de voter une résolution américaine condamnant le Hamas et les autres groupes palestiniens pour leurs tirs de roquettes et leur incitation à la violence contre Israël.
Unir tous les Palestiniens contre Israël est le rêve inchangé du Hamas depuis sa création il y a 31 ans. Le Hamas ne veut pas gérer la bande de Gaza. Il veut conquérir la Cisjordanie, Jérusalem et toute la terre comprise entre « le Jourdain et la mer Méditerranée ». Le Hamas ne croit pas aux négociations ni aux règlements pacifiques. Le djihad reste pour lui le seul moyen de « libérer » la terre musulmane. Cet objectif est au fondement de la « lutte armée » contre Israël.
La charte du Hamas l’énonce clairement :
Le Mouvement de la Résistance Islamique est un mouvement palestinien honorable qui fait allégeance et à Allah et à sa voie, l’islam. Il lutte pour hisser la bannière de l’islam sur chaque pouce de la Palestine, car sous l’aile de l’Islam, les croyants de toutes les religions peuvent coexister en toute sécurité pour leurs vies, leurs biens et leurs droit. » (Article 6)
La charte du Hamas ne laisse aucun doute sur ses techniques de résolution du conflit israélo-arabe :
« Il n’existe pas de solution à la question palestinienne, excepté le jihad. Les initiatives, les propositions et les conférences internationales sont une perte de temps et des tentatives vaines. » (Article 13)
La charte du Hamas mise en application aujourd’hui, stipule sans ambiguïté que « le Mouvement de la Résistance Islamique croit que la Palestine est un Waqf islamique dévolu aux générations de musulmans jusqu’au Jugement Dernier. Pas une seule parcelle ne peut en être dilapidée ou abandonnée à d’autres. (article 11).
Comment s’étonner que le Hamas célèbre et applaudisse chaque attaque terroriste contre Israël, à Gaza, en Cisjordanie ou en Israël ? Ces « opérations héroïques et courageuses » sont la manifestation concrète de l’idéologie du djihad pour « libérer la Palestine ». Même si les terroristes d’Ofra en Cisjordanie n’appartiennent pas au Hamas, leurs attaques illustrent l’ambition et le but du Hamas de rayer Israël de la carte.
Le Hamas a de bonnes raisons de célébrer les attentats, et d’autres récents « succès ». Les 30 millions de dollars que le Qatar a versé au Hamas pour lui permettre de payer les salaires et les aides sociales de ses dizaines de milliers d’employés et sympathisants, et le refus de l’Assemblée générale des Nations Unies d’adopter une résolution anti-Hamas sont des « victoires ». Elles font hurler de rire les dirigeants du Hamas jusqu’au prochain attentat contre Israël.
Les fonds du Qatar ont été remis au Hamas dans le cadre d’accords non écrits sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Cet argent avait pour but d’aider à résoudre la crise humanitaire dans la bande de Gaza et de prévenir un affrontement militaire majeur avec Israël. Mais le Hamas n’a nullement mis un terme aux violences, à commencer par les manifestations hebdomadaires qui ont lieu depuis mars à la frontière d’Israël. Le Hamas ajoute même – et il n’y a aucune raison de ne pas le croire – que les manifestations continueront. Le Hamas affirme qu’il se se sent tenu à aucun « prix politique » à payer pour un prétendu cessez-le-feu.
Les accords de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, tels qu’ils ont été conclus grâce à la médiation du Qatar, de l’Égypte et de l’ONU, ne concernent que la bande de Gaza. Le Hamas se sent libre de fomenter des attentats terroristes en Cisjordanie et n’y voit aucune violation d’un quelconque cessez-le-feu.
Les Nations Unies, le Qatar et l’Égypte n’ont pas inclus la Cisjordanie dans leur accord de cessez-le-feu, une région ou le Hamas dispose de plusieurs cellules armées et d’un soutien important.
A l’évidence, le Hamas et ses amis ont interprété le rejet de résolution américaine comme un feu vert de l’ONU et de la communauté internationale à la « résistance » contre Israël. L’échec de l’administration américaine à l’ONU leur apparait comme un « immense succès » – qui autorise les Palestiniens à toutes les formes de « résistance » contre Israël, y compris la « lutte armée ». Ce n’est donc pas un hasard si le Hamas a réagi à la débâcle de l’Assemblée générale des Nations Unies en confirmant son engagement à la « lutte armée » contre Israël.
Chaque dollar et chaque concession accordés au Hamas le pousseront à rayonner au-delà de la bande de Gaza. Le Hamas considère que sa stratégie a été légitimée par l’ONU et d’importants acteurs de la région tels que le Qatar et l’Égypte. Tant que le Hamas aura le sentiment d’agir dans la bonne voie, les attentats et autres formes de violence iront crescendo en Cisjordanie.
Fort de ses millions de dollars et assuré qu’Israël ne lui fera pas la guerre -, le Hamas porte son effort sur la Cisjordanie, avec la bénédiction de ses amis de Téhéran. Son objectif est triple : saper ou renverser l’Autorité palestinienne d’Abbas, infliger de lourdes pertes à Israël et contrecarrer tout plan de paix présenté par l’administration américaine. Israël – mais aussi à Abbas – ont de sérieuses raisons d’être inquiets.
Khaled Abu Toameh, journaliste primé basé à Jérusalem, est membre du Shillman Journalism Fellow du Gatestone Institute.