Le grand plan de Sarcelles pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme

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Sarcelles, ce mercredi. La ville vient de lancer un plan territorial de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations. LP/M.G

Montrer Sarcelles telle qu’elle est. Une ville cosmopolite de 60 000 habitants, composée d’une centaine de communautés, de toutes origines, toutes cultures, toutes religions. « Où les actes racistes et antisémites ne sont pas la règle mais une exception », insiste Patrick Haddad, le maire (PS).

Il ne nie pas pour autant le fait qu’il « existe parfois des tensions ». D’où la nécessité de faire de la prévention pour « déconstruire des idées fausses et valoriser ce qui se passe bien ». Pour se faire, Patrick Haddad vient de signer un plan territorial de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations, en partenariat notamment avec la Dilcrah (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT), SOS racisme, l’UEJF (Union des étudiants juifs de France), l’agglomération Roissy-Pays-de-France.

Quatre grands thèmes d’action

Ce plan se construit autour de quatre thèmes. « La pédagogie dans les écoles publiques et privées. C’est avec les enfants et les jeunes qu’il faut d’abord travailler, insiste Patrick Haddad. Sur les réseaux sociaux, il y a de la désinformation. Avec l’éducation nationale, nous voulons travailler sur les valeurs citoyennes, la laïcité, la tolérance, la connaissance de l’autre ». Des actions se feront avec l’association Coexist qui intervient en milieu scolaire pour « déconstruire les préjugés raciaux ».

Tout un travail sur la mémoire est également pensé. « À Sarcelles, nous reconnaissons les histoires et souffrances passées des communautés, dans lesquelles la France est impliquée ou pas. L’idée est de créer une mémoire collective », détaille Patrick Haddad. Expositions, documentaires, témoignages d’anciens déportés, de résistants, rencontre entre les habitants, le champ d’action se veut large.

« Au fond, ce dont nous parlons, c’est de vivre-ensemble, de nos valeurs communes »

Un volet concernant les discriminations à l’emploi est également prévu, à travailler avec l’agglomération Roissy-Pays-de-France. « C’est quelque chose qui mine la cohésion sociale. Le fait d’être stigmatisé en raison de son quartier d’habitation, de sa couleur de peau… Il faut donc lutter contre cela », insiste le maire.

Le dernier élément concerne la mise en place d’événements culturels et festifs. « On a récemment organisé un concours de poésie auprès d’écoliers qui ont écrit de très beaux textes contre le racisme et l’antisémitisme », détaille Patrick Haddad. Rencontres sportives, concerts, création d’un festival du rire contre le racisme… « On veut des actions qui ne soient pas seulement austères », répète le maire, sans oublier d’évoquer la prévention contre la radicalisation.

Une soirée de lancement en septembre

Une soirée de lancement de ce plan, dont le coût total s’élève à 108 500 €, financé pour moitié par l’Etat, est prévue en septembre. « Nous inviterons la population pour montrer notre travail, ce qui se fait ailleurs, ce que nous pouvons mieux faire. Au fond, ce dont nous parlons, c’est de vivre-ensemble, de nos valeurs communes », ajoute le maire pour qui Sarcelles doit devenir « ville référence en matière de lutte contre le racisme et l’antisémitisme ».

DES HABITANTS PARTAGES SUR L’UTILITÉ DE CE PLAN

La ville de Sarcelles vient de lancer un plan territorial de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations. DR.
La ville de Sarcelles vient de lancer un plan territorial de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations. DR.  

Que pensent les habitants de Sarcelles de ce plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme ? Direction avenue Paul-Valéry, quartier où vit une importante partie de la communauté juive. « C’est une très bonne chose, réagissent Sarah et sa mère Valérie*. On a assisté à une montée d’actes antisémites ces dernières années. Les gens se méfient entre eux donc il faut changer ces rapports-là ».

À quelques mètres du café où elles s’installent, Georges est plus mesuré. « Ça dépend de ce qui sera proposé, est-ce que ça sera vraiment du concret ou juste des promesses sur papier », interroge-t-il. Près des Flanades, sur la place de France, Djamila, 52 ans, estime que les « gens vivent bien à Sarcelles. C’est toujours intéressant d’avoir des actions où les habitants peuvent apprendre les uns sur les autres ».

Foued, 32 ans, croisé rue du 8 mai 1945, est plus sceptique. « Ici tout le monde cohabite, on n’a pas plus de problème qu’ailleurs. À mon avis, on n’a pas besoin de ce type de plan. Ça peut même avoir l’effet inverse et faire croire qu’il y a plus de racisme et d’actes antisémites à Sarcelles alors que ce n’est pas le cas. »

*Les prénoms ont été modifiés

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