Hier s’est tenue la première séance d’été du présent gouvernement pour l’an 2022.
Divers membres du gouvernement se sont empressés de faire des déclarations assez pathétiques, tels Lapid, « il y a déjà eu d’autres gouvernements dans le passé qui n’avaient pas la majorité, et ils ont tenu… » Donc le sien va tenir également.
De l’autre côté, Netanyahou a insisté sur le fait qu’un gouvernement qui repose sur un groupe musulman et qui n’est pas capable d’assurer la sécurité dans le pays n’a pas de légitimité.
Entre ces deux pôles, quelle est la position des groupes religieux ? Question d’autant plus intéressante que certaines voix s’élèvent dans la majorité disant qu’il faut se débarrasser des musulmans dans le gouvernement et accepter à leur place les partis orthodoxes !
Il faut juste encore savoir si ces derniers sont prêts à un tel deal. Jusqu’à voici peu, rav Gafni disait que la solution de se rendre devant les urnes est à éviter à tout prix, car elle semble ne mener à rien : l’égalité entre les deux camps, la droite et la gauche-centriste ne change pas, et en conséquence on n’aura rien gagné. On arrivera au même résultat d’une situation ingérable.
Ce matin, mardi le 10 mai, le rav Gafni s’est exprimé dans une interview au Yated et fait passer un message un peu différent : « S’il est vrai que le présent gouvernement ne peut plus prendre de décisions législatives destructrices, il n’en reste pas moins que les dégâts qu’il commet envers le Judaïsme sont terribles, même sans la Knesset, et il faut que ce gouvernent saute ! »
Il n’est plus possible de décider de lois, surtout quand elles vont à l’encontre de l’avis de l’opposition, puisqu’à la suite de la désertion de Silman, la coalition n’a pas de voix de plus lui permettant de d’adopter des lois qu’elle seule soutient. Quant aux dégâts, ils sont terribles, une personne telle que Kahana, ministre des Cultes, se permettant de contrecarrer intégralement le fameux statu-quo conçu et mis en place en son temps par Ben Gourion, qui avait compris que si les uns ne respectent pas les autres, si le monde non religieux n’accepte pas de fonder une sorte de minimum commun, le pays éclate. Or Kahana ne conçoit une telle retenue, et vise à réformer l’ensemble du régime, et donc de provoquer des catastrophes, telles pousser les gens à former de listes de familles à filiation claire, et donc une autre partie du pays avec des familles douteuses, sans doute pas juives, une cacherouth sur laquelle il n’est pas possible de se reposer, et le reste à l’avenant.
Toutefois, sur la question de provoquer même de nouvelles élections, le rav Gafni déclare que cela n’est pas la direction qu’il souhaite : cela ne servira à rien ! L’égalité entre les blocs fait qu’il n’y a que très peu de chances pour qu’une prochaine fois il puisse être plus évident que la droite accède au pouvoir. Par contre, il pense que, face à une menace d’une telle issue, des partis tels que Tikva ‘hadacha ou que Yamina craindront à juste titre de disparaitre de la vie politique, ce qui peut les amener à changer d’avis face à Netanyahou et à accepter de rejoindre un gouvernement dirigé par lui.
Voici donc ce que dit l’un des plus anciens responsables politiques. Les journées qui viennent pourraient montrer quelle est la direction que va prendre la vie politique dans le pays.