Alors que la loi sur l’exemption du service militaire est repoussée au moins à la prochaine session parlementaire, les réservistes croulent sous la charge, et l’armée tente encore de convaincre les orthodoxes de s’enrôler.
Le général David Zini, qui a dirigé la création de la brigade « Hashmonaïm » destinée au public haredi (orthodoxe), a reconnu lors d’un forum pour la promotion de l’unité : « Chaque programme que j’ai examiné n’a pas respecté ses engagements », et a affirmé : « Nous ne venons pas pour laïciser », ajoutant que « des centaines de rabbins nous soutiennent discrètement ».
Yossi Yehoshua | Ynet
Les réservistes sont à bout, la loi sur l’exemption du service militaire est une nouvelle fois repoussée, et au sein de Tsahal, on admet désormais que les engagements envers les orthodoxes n’ont pas été respectés.
Le général David Zini, chef du Commandement des formations et commandant du corps d’armée, a déclaré : « Nous avons mérité les critiques, et elles sont justifiées. Nous n’avons pas tenu parole – c’est prouvé. Je ne viens pas pour les changer, seulement ainsi nous pourrons bâtir la confiance. Ceux qui veulent faire avancer ce dossier doivent d’abord restaurer la confiance – en montrant que nous ne cherchons pas à nous changer les uns les autres. Il faut construire des ponts. »
Zini s’exprimait lors de « Souccath Chalom », une rencontre entre hommes d’affaires religieux et laïcs pour promouvoir l’unité. Il y a déclaré : « Il ne faut pas forcer. Il y a des centaines de rabbins qui reconnaissent la nécessité du changement, et qui disent en privé : ‘Celui qui n’étudie pas, doit s’enrôler’ – à condition que les cadres soient conformes à leurs valeurs. »
Il a ouvert son intervention en affirmant : « On pense savoir ce qui se passe en Iran, mais de l’autre côté de la rue, à Bené Brak, on parle une autre langue. Il est temps qu’on apprenne à parler la langue de l’autre. »
Zini a raconté que s’il lui avait été demandé il y a deux ans s’il créerait une brigade orthodoxe, il aurait dit ‘jamais’. Aujourd’hui, Tsahal adapte ses structures aux soldats haredim, dans les limites de l’État et de l’armée, mais « avec humilité et respect envers ce public ».
En janvier, Zini avait été évacué d’un restaurant à Bené Brak après qu’un groupe d’extrémistes orthodoxes l’avait pris à partie, forçant la police à intervenir.
« Ils ont peur de la laïcisation. Nous avons changé d’approche – nous ne venons pas les laïciser », a-t-il insisté. « Il faut former des commandants orthodoxes qui comprennent leur langage. Il y a une volonté réelle dans ce secteur. Le feu est là, particulièrement chez les jeunes. »
Des engagements non tenus
À propos de sa déclaration selon laquelle Tsahal n’a pas tenu ses engagements, Zini a précisé : « Tous les parcours que j’ai examinés – et je ne dis pas les avoir tous vus, mais la grande majorité – n’ont pas rempli les engagements pris. Des éducateurs ou des leaders haredim disent : ‘Vous parlez, mais vous n’agissez pas’. Et c’est prouvé. Bâtir la confiance, cela veut dire que nous devons d’abord changer, pour qu’ils puissent venir. »
Zini explique que la crainte d’une assimilation vient du fait que les institutions sionistes ont longtemps promu un ‘creuset’ culturel.
« C’est un problème à traiter, car beaucoup de commandants dans l’armée ne comprennent pas le monde haredi, et avec de bonnes intentions, peuvent faire de mauvais choix. »
Il donne une image : « Si je demande à un daltonien de me dire quand le feu passe au vert, il est probable qu’il se trompe. »
Des officiers haredim pour guider les soldats
Zini a précisé que, même si la situation n’est pas idéale, dans les années à venir, les brigades dédiées aux haredim seront dirigées par des commandants issus de leur milieu.
« Tsahal fait de gros efforts, mais nous ne sommes qu’au début. La volonté à la base est énorme. Nous avons encore peu d’effectifs, mais cela augmentera, surtout si une loi vient encadrer le monde des Yechivoth. Je vous le dis : les rabbins parleront haut et fort. Il y en a déjà des centaines qui comprennent que le changement est nécessaire. »
Conclusion de Zini
« La volonté profonde que nous avons vue au début de la guerre est toujours là, vivante, vibrante – chez les jeunes comme chez les adules. La question est de savoir si nous saurons les intégrer non par principe ou par force, mais en disant : ‘Nous sommes frères’.
Il faut un grand effort, pas des solutions rapides. Ce n’est pas un processus qui se fait en un jour. »
Manifestation à Jérusalem contre l’enrôlement
Jeudi dernier, des milliers d’orthodoxes se sont rassemblés à Jérusalem, rue Shmuel Hanavi, pour une « prière de protestation » contre la conscription, aux côtés de rabbins et de chefs de Yechivoth.
L’un des orateurs a déclaré : « Pas une seule âme ne doit être livrée à l’assimilation ! »
À la fin de l’événement, des manifestants ont bloqué un carrefour, démonté des panneaux de signalisation et les ont jetés sur la route. La police a indiqué que deux personnes ont été arrêtées pour troubles graves à l’ordre public, et que six policiers ont été blessés.
Des manifestants ont vandalisé un bus, brisant ses vitres, ont jeté des pierres sur les forces de l’ordre, qui ont répondu avec des matraques. Ils ont aussi incendié des poubelles, puis lancé des bouteilles en verre et des œufs, blessant des passants.
Enfin, certains se sont rendus près de Latroun, au mémorial de blindés, pour tenter de perturber une présentation de la nouvelle brigade haredi de Tsahal.