Le Financial Times déforme la réalité pour présenter Israël comme un agresseur au Liban

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Rinat Harash

Trois éléments de reportage déformé sont présents dans un récent article du Financial Times sur le conflit entre Israël et le Hezbollah : une écriture trompeuse, un choix sélectif d’interviews et un cadrage émotionnel.

Le résultat est que le lecteur moyen de l’article intitulé « Les démolitions qui nettoient la « première ceinture » d’Israël au Liban » ne peut s’empêcher de considérer l’État juif comme une nation voyou qui procède arbitrairement à la destruction massive de villages libanais.

Écriture trompeuse

L’article comprend 34 longs paragraphes, entrecoupés de cartes, de vidéos, d’images et d’infographies montrant des démolitions contrôlées menées par l’armée israélienne dans des villages libanais le long de la frontière.

Mais la raison invoquée par Israël pour ces démolitions – détruire le réseau de tunnels du Hezbollah qui menace le nord d’Israël – n’apparaît que dans le 24e paragraphe.

Dans le contexte actuel de consommation rapide de l’information, rares sont ceux qui prennent la peine de lire au-delà du « pli » numérique des deux premiers paragraphes.

C’est aussi un péché journalistique que d’enterrer la réaction même qui fournit une réponse à l’une des cinq questions les plus fondamentales du reportage : le « Pourquoi ? » – Pourquoi Israël fait-il ce que l’article relate ?

Au lieu d’inclure ces informations en haut de l’article, le Financial Times spécule qu’Israël veut créer une zone tampon de 3 kilomètres le long de la frontière. Pourquoi ? Pas de réponse.

L’article ne mentionne même pas le méga-plan du Hezbollah visant à envahir les communautés du nord d’Israël et à reproduire le massacre du Hamas du 7 octobre 2023.

Entretiens sélectifs

Mais le texte n’est pas le seul à être trompeur. Le recours à des « experts » interrogés pour l’article, ainsi que l’utilisation de vidéos de démolition, sont motivés par des objectifs précis.

L’article cite deux « analystes » qui présentent Israël comme l’agresseur : un expert juridique ayant une position clairement anti-israélienne et un général de l’armée libanaise à la retraite qui est interviewé en tant qu’autorité sur la stratégie de l’ armée israélienne .

Mais malgré l’utilisation de vidéos montrant clairement la démolition d’infrastructures de tunnels souterrains – comme tout expert en munitions peut le vérifier – aucun expert de ce type n’a été interviewé par le Financial Times.

Cela est particulièrement alarmant étant donné que l’unité des porte-parole de Tsahal a distribué de telles vidéos comme preuve de l’existence de tunnels du Hezbollah sous des villages libanais – ce qui fait de ces villages des cibles militaires légitimes au regard du droit international.

Avec 8 journalistes travaillant sur cet article, sans compter les rédacteurs en chef, l’omission de cette information suggère, au mieux, de l’ignorance, au pire, de la partialité.

HonestReporting a donc fait ce que le Financial Times aurait dû faire et a contacté l’experte militaire israélienne Sarit Zehavi, présidente du Centre de recherche Alma. Voici ce qu’elle a déclaré après avoir lu l’article :

La grande majorité des vidéos présentées dans cet article montrent clairement l’explosion de tunnels. Certaines d’entre elles ont été filmées par des journalistes que Tsahal a autorisés à pénétrer dans la zone avant qu’elles ne soient détonnées. Le Hezbollah a transformé chaque maison du sud du Liban en site militaire. Selon le droit international, il est permis d’attaquer des sites militaires. La quantité de munitions que Tsahal retire de ces sites, les schémas d’explosion dans les vidéos des frappes de Tsahal et les explosions secondaires dans les installations de stockage de munitions sont autant de preuves évidentes qui étayent cette affirmation.

Cadrage émotionnel

Mais tout cela échappe au lecteur, car l’ouvrage est entièrement centré sur l’histoire émouvante d’une famille libanaise dont le village ancestral a été démoli par l’armée israélienne.

En fait, cinq paragraphes en haut de l’article et quatre en bas détaillent la souffrance émotionnelle d’un des fils de la famille, qui vit actuellement à Beyrouth. Il semble qu’aucun de ses proches n’ait été blessé physiquement.

En effet, dans le journalisme, c’est toujours une bonne idée de faire entendre la voix du peuple, mais ici, c’est fait explicitement pour encadrer le récit.

Il semblerait que les journalistes n’aient même pas pris la peine de demander au membre de la famille si son village était effectivement proche ou au-dessus d’infrastructures terroristes – comme l’armée israélienne l’a montré à plusieurs reprises à propos de nombreuses maisons « civiles » dans la région.

Mais poser des questions peut ruiner les récits imaginaires de journalistes partiaux.

Ainsi, ils trompent, omettent et encadrent la réalité.

JForum.fr avec HonestReporting

Rinat Harash
Rinat Harash, Ph.D, est un professionnel chevronné des médias d’information, avec 15 ans d’expérience en tant que journaliste Reuters, monteur vidéo et producteur couvrant Israël et les territoires palestiniens.

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