- Qu’en est-il du Guide Suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui produit des tweets antisémites et incendiaires à jet continu et dont le régime est qualifié par le Département d’État américain de « pire commanditaire du terrorisme au monde » ? L’engouement de Khamenei pour Twitter est tel qu’il l’utilise pour appeler publiquement à l’anéantissement d’Israël et nier l’Holocauste.
- La politique de Twitter est de n’accorder aucune place « aux organisations violentes, y compris les organisations terroristes et les groupes extrémistes violents, ainsi qu’aux individus affiliés à ceux‑ci et qui font la promotion de leurs activités illicites… Nos évaluations en vertu de cette politique s’appuient sur les listes nationales et internationales officielles d’organisations terroristes… »
- Plus choquant encore, le 9 novembre 2014, Khamenei a expliqué sur Twitter comment anéantir Israël : « Pourquoi devons-nous et comment pouvons-nous éliminer #Israël ? Les réponses de l’ayatollah Khamenei à 9 questions clés. #HandsOffAlAqsa (#Bas lespattesd’AlAqsa) ». Khamenei a posté une capture d’écran qui explique en détail le processus devant mener à la destruction d’Israël. Ces tweets sont toujours en ligne.
- « Je ne plaisante pas ! Le représentant de @Twitter a déclaré à une commission de la Knesset sur l’antisémitisme que le compte @realDonaldTrump a fait l’objet d’un signalement parce que cela sert le « débat public », mais l’appel de l’Iran @khamenei au GENOCIDE, passe pour un « commentaire acceptable des questions politiques du jour » – Arsen Ostrovsky, avocat des droits de l’homme, 29 juillet 2020.
Plusieurs réseaux sociaux géants ont grandement surpris en bannissant le président américain Donald Trump de leurs plateformes alors que les dirigeants iraniens, un gouvernement que le département d’État américain considère comme le principal sponsor du terrorisme dans le monde, sont libres d’opérer librement sur leurs réseaux sociaux.
Facebook et Instagram ont les premiers bloqué « indéfiniment » les comptes du président Trump. Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a déclaré :
« Permettre au Président de continuer à utiliser notre service pendant cette période nous a paru représenter un risque trop grand. Par conséquent, ses comptes Facebook et Instagram seront bloqués indéfiniment et pour au moins les deux prochaines semaines, jusqu’à ce que la transition politique ait eu lieu pacifiquement ».
Twitter a immédiatement emboîté le pas de Facebook et les comptes du président Trump, de Michael Flynn et de Sidney Powell ont été suspendus. Concernant le président Trump, Twitter a déclaré :
« Après un examen attentif des derniers Tweets du compte @realDonaldTrump et de leur contexte – en particulier la manière dont ses tweets sont reçus et interprétés sur Twitter et hors Twitter – nous avons définitivement suspendu le compte en raison du risque d’incitation à la violence. »
Seuls deux tweets du président ont apparemment posé problème à Twitter : dans l’un Donald Trump a déclaré qu’il n’assisterait pas à l’inauguration du président-élu Joe Biden, le 20 janvier : « À tous ceux qui ont posé la question, je n’irai pas à l’inauguration du 20 janvier ». Dans le second, le président Trump a écrit :
« Les 75 millions de grands patriotes américains qui ont voté pour moi, pour AMERICA FIRST, et pour MAKE AMERICA GREAT AGAIN, auront une INFLLUENCE GÉANTE dans le futur. Nul ne pourra les mépriser, ni les maltraiter de quelque manière que ce soit !!! »
Twitter a expliqué :
« Ces deux Tweets doivent être lus et interprétés dans le contexte large des évènements qui affectent notre pays et qui font que les déclarations du Président peuvent mobiliser différents publics, notamment pour inciter à la violence, ainsi que dans le contexte du modèle de comportement de ce compte au cours des dernières semaines. Ces Tweets ayant été passés au crible de notre politique de lutte contre la « Glorification de la Violence », il nous est apparu clair que ces messages violaient nos règles en la matière et que l’utilisateur @realDonaldTrump méritait d’être immédiatement et de manière définitive, suspendu. »
Une telle interprétation semble pour le moins exagérée – surtout si on la compare à ce qui est autorisé sur Twitter sans même une « petite note explicative » d’aucune sorte.
Ainsi, que penser du statut réservé au Guide Suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui produit des tweets antisémites et incendiaires à jet continu et qui incarne un régime que le Département d’État américain qualifie de « pire sponsor du terrorisme au monde » ? Khamenei n’a aucun problème avec Twitter quand il appelle publiquement à l’anéantissement d’Israël et qu’il nie l’Holocauste.
« Nous soutiendrons et assisterons toute nation et tout groupe partout dans le monde qui s’oppose et combat le régime sioniste », a tweeté Khamenei le 20 mai 2020, « et nous ne craignons pas de le dire. #FlyTheFlag (Brandissons le drapeau) ».
Le 18 mai 2020, Khamenei a tweeté :
« La Cisjordanie doit s’armer, tout comme Gaza. Seul le rapport de force peut atténuer les épreuves des Palestiniens. Aucun compromis ne réduira si peu que ce soit la cruauté de cette entité usurpatrice, diabolique aussi féroce qu’un loup. #FlyTheFlag ».
Le 21 mai 2020, il a tweeté :
« Le peuple de Palestine devrait organiser un référendum. Le système politique pour lequel il voterait devrait s’imposer à toute la Palestine. Le seul remède à la suppression du régime sioniste est une résistance armée sans concession. »
La politique de Twitter concernant les « organisations violentes » affirme que :
« il n’y a pas de place sur Twitter pour les organisations violentes, à commencer par les organisations terroristes et les groupes extrémistes violents, ni pour les individus affiliés à ces groupes et qui font la promotion de leurs activités illicites… Nos évaluations en vertu de cette politique s’appuient sur les listes nationales et internationales officielles d’organisations terroristes… »
Ces tweets du Guide Suprême iranien ne violent-ils pas les règles de Twitter ?
Plus choquant, le 9 novembre 2014, Khamenei a twitté qu’il était nécessaire d’anéantir Israël : « Pourquoi et comment #Israël peut-il être éliminé ? La réponse de l’ayatollah Khamenei à 9 questions clés. #HandsOffAlAqsa » (Bas les Pattes d’Al Aqsa) ». Khamenei a ainsi posté sur Twitter une capture d’écran détaillant exactement le processus de destruction d’Israël. Ces tweets sont toujours en ligne.
Interrogée en vidéoconférence sur les tweets antisémites de l’ayatollah, Ylwa Pettersson, responsable régionale de Twitter pour les pays nordiques et Israël, a déclaré aux membres de la Commission de l’immigration, de l’insertion et de la diaspora de la Knesset israélienne, que :
« Concernant les dirigeants, notre approche prévoit que les interactions directes qu’ils peuvent avoir avec d’autres personnalités publiques, leurs commentaires sur les questions politiques du jour où les rodomontades sur les questions militaro-économiques en matière de politique étrangère ne violent pas nos règles. »
La réponse a suscité une louable indignation. Et bien des élus ont estimé qu’ils se retrouvaient face à une politique du deux poids-deux mesures. La députée israélienne Michal Cotler-Wunsh, qui dirigeait la discussion, a écrit :
« Wow. Twitter vient d’admettre que les tweets des dirigeants iraniens appelant au génocide des juifs NE VIOLENT PAS sa règlementation ! CECI est un deux poids-deux mesures. C’est de l’antisémitisme. »
L’avocat des droits de l’homme Arsen Ostrovsky a tweeté :
« Je ne plaisante pas ! Lors d’une audition à la Knesset sur l’antisémitisme, le représentant de @Twitter a annoncé qu’ils lancent un avertissement au compte @realDonaldTrump parce que cela est « utile au débat public », mais l’appel au GENOCIDE de l’Iran @khamenei_ ir passe pour un « commentaire acceptable sur les questions politiques du jour » cc. @CotlerWunsh ».
Les géants des médias sociaux autorisent les dirigeants iraniens à tweeter des menaces de mort aux Américains, à tenir des propos antisémites et à appeler à la destruction d’Israël. Quelqu’un va-t-il se lever pour les arrêter ?
Le Dr Majid Rafizadeh, stratège et consultant en affaires, est diplômé de Harvard, politologue, membre du conseil d’administration de la Harvard International Review et président du Conseil international américain sur le Moyen-Orient. Il est l’auteur de plusieurs livres sur l’islam et la politique étrangère américaine. On peut le contacter a Dr.Rafizadeh@Post.Harvard.Edu