Le CRIF maintient l’exclusion du RN

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Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a réitéré son refus d’inviter le Rassemblement National (RN) à son traditionnel dîner annuel, arguant de persistants problèmes d’antisémitisme au sein du parti. Interrogé cette semaine dans l’émission « C à vous », son président Yonathan Arfi (notre photo) a confirmé cette position ferme : « Non, le RN n’est pas invité au prochain dîner du CRIF. Il y a encore un problème d’antisémitisme à l’extrême droite. On n’a pas vu le RN faire preuve de sa capacité à regarder l’histoire du parti ou à dénoncer l’antisémitisme de Rivarol. »

Cette décision s’inscrit dans la continuité de la ligne adoptée par l’organisation, bien que certaines voix, y compris au sein de la communauté juive, s’interrogent sur la pertinence de cette exclusion. Récemment, l’historien Serge Klarsfeld, figure emblématique de la mémoire de la Shoah, a publié une tribune dans Le Figaro, où il défend une approche plus nuancée. Il y affirme que « nombre de Français juifs considèrent que le RN ne constitue plus une menace pour eux » et que « la persistance du CRIF à diaboliser ce parti risque de creuser un fossé entre la communauté juive et les organisations censées la représenter. »

Une fracture au sein de la communauté
La question de l’attitude à adopter face au RN divise de plus en plus la communauté juive en France. Depuis son arrivée à la tête du parti, Marine Le Pen s’efforce de rompre avec l’héritage controversé de son père Jean-Marie Le Pen, dont les déclarations antisémites ont longtemps alimenté le rejet du FN (devenu RN) par les institutions juives. Sous la présidence de Jordan Bardella, le parti poursuit cette stratégie de normalisation, notamment en adoptant une posture pro-israélienne et en condamnant fermement l’antisémitisme.

Cette mutation a été illustrée par la récente visite de Jordan Bardella en Israël, où il a été reçu par des responsables israéliens et a visité le mémorial de Yad Vashem. Cette invitation officielle a suscité des réactions contrastées en France : certains intellectuels et personnalités juives, dont Bernard-Henri Lévy, ont refusé d’y participer en signe de protestation, tandis que d’autres voient dans cette évolution un signal positif d’émancipation du RN de son passé sulfureux.

 

L’extrême gauche et l’islamisme en ligne de mire
Dans son plaidoyer pour une reconsidération du RN, Serge Klarsfeld pointe une menace qu’il juge plus pressante aujourd’hui : « L’extrême gauche est complice de l’islamisme et le RN s’est transformé en un parti pro-juif et pro-israélien. » Un constat partagé par une partie croissante des Français juifs, qui s’inquiètent de l’augmentation des actes antisémites et du soutien affiché par certains mouvements de gauche aux causes propalestiniennes, y compris celles liées à des groupes hostiles à Israël.

Le CRIF, de son côté, continue de camper sur sa position historique, en rejetant toute légitimation du RN et en insistant sur la nécessité d’un rejet clair de l’antisémitisme par l’ensemble du spectre politique. Cependant, la fracture entre la ligne officielle du CRIF et les réalités du terrain devient de plus en plus manifeste, certains Français juifs estimant que la menace ne vient plus de l’extrême droite, mais plutôt des mouvances islamistes et de leurs soutiens politiques.

 

Un CRIF toujours proche de l’Élysée
Alors que la question du RN divise, un point semble faire consensus : le CRIF reste fidèle à sa proximité avec le pouvoir en place. Ainsi, Emmanuel Macron, qui a proposé un embargo sur les armes destinées à Israël, a tout mis en œuvre pour empêcher l’armée israélienne d’intervenir à Rafah et a soutenu le Liban dans sa confrontation avec l’État hébreu, sera très probablement convié au prochain dîner du CRIF. Une invitation qui ne manquera pas de faire réagir, tant elle illustre les paradoxes et les débats internes au sein de la communauté juive de France.

Jforum.fr

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