Le considérable traumatisme pour les Gazaouis

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Le cessez-le-feu annoncé hier soir à Gaza a été accueilli par des réactions contrastées, tant parmi les habitants de la région qu’à l’échelle internationale. Si le Hamas s’efforce de présenter cet accord comme une grande victoire, les habitants de la bande de Gaza, eux, semblent porter un regard plus critique sur cette « trêve ». Après 15 mois de combats incessants et d’une guerre qui a laissé des cicatrices profondes, beaucoup s’interrogent sur les véritables gagnants et sur ce que cette pause signifie pour leur avenir.

La guerre du 7 octobre a, en effet, provoqué un traumatisme considérable pour les Gazaouis. Elena, une habitante de la région, résume parfaitement la situation : « Qu’avons-nous gagné après 466 jours de destruction et de souffrance ? Rien, sauf des ruines et des vies brisées », déclare-t-elle. Un sentiment de « triste joie » imprègne les rues de Gaza alors que les habitants commencent à évaluer les conséquences de ce conflit. Karim, un autre résident, exprime son désarroi en soulignant que, même si leur corps a survécu, leurs souvenirs et leur passé demeurent irrémédiablement entachés par la violence et les pertes humaines.

Les mots de Silwan, un habitant de Gaza, résument également ce sentiment de vide : « Je me sens comme le dernier survivant après cette guerre ». Les Gazaouis peinent à trouver du réconfort dans la fin des hostilités, car ils savent que la reconstruction sera lente et difficile. « Nous retournons dans nos maisons dévastées, sans aucun moyen de réparer ce qui a été détruit », dit-il. Cette « victoire » annoncée par le Hamas semble bien déconnectée de la réalité vécue par les habitants de Gaza.

Le Hamas, pour sa part, tente de capitaliser sur l’accord de cessez-le-feu, en particulier à travers les discours de ses dirigeants, comme Musa Abu-Marzouk. Ce dernier a évoqué un « triomphe militaire » en déclarant que les actions du Hamas le 7 octobre seraient transmises de génération en génération. Toutefois, ses déclarations semblent à peine en phase avec la situation sur le terrain. Les Gazaouis, fatigués et traumatisés, se moquent de ce discours, soulignant qu’il est en décalage avec l’ampleur de la destruction qui a frappé la région.

Dans les rues de Gaza, certains membres de la branche militaire du Hamas ont fait preuve de leur présence, menaçant et célébrant ce qui est perçu comme une victoire symbolique. Des vidéos montrant des membres armés du Hamas faisant la fête ont circulé, contrastant avec les images de dévastation qui ont marqué la bande de Gaza pendant plus d’un an. Ces scènes de réjouissances ont fait l’objet de moqueries, notamment sur les réseaux sociaux, où l’on a remis en question la légitimité de ces célébrations.

Le cessez-le-feu a également provoqué des réactions dans d’autres régions du monde arabe, où des manifestations en soutien au Hamas ont eu lieu, notamment à Sidon, en Syrie et en Jordanie. Toutefois, ces défilés ont été largement limités, et certains pays ont pris des mesures pour empêcher de telles manifestations. En Cisjordanie, l’Autorité palestinienne a intensifié ses efforts pour limiter les défilés pro-Hamas, comme l’indique le gouverneur de Tulkarem, qui a ordonné la répression de toute forme de soutien à l’organisation terroriste.

À l’échelle internationale, certains pays ont salué le cessez-le-feu. Le ministère saoudien des Affaires étrangères a évoqué l’importance de traiter la cause profonde du conflit israélo-palestinien, soulignant la nécessité d’un Etat palestinien indépendant. Cependant, certains comme les Houthis ont rappelé que la question palestinienne reste un sujet central pour le monde arabe, bien qu’ils n’aient pas précisé si ce cessez-le-feu marquait la fin des hostilités contre Israël.

En conclusion, bien que la fin des combats soit une lueur d’espoir pour de nombreux Gazaouis, la situation reste incertaine. Le Hamas tente de s’imposer comme un acteur victorieux, mais pour les habitants de Gaza, cette paix fragile n’est qu’une première étape dans un processus de guérison qui pourrait durer des années. Pour eux, la véritable bataille commence à peine : reconstruire ce qui a été perdu, et surtout, panser les blessures profondes laissées par cette guerre dévastatrice.

Jforum.fr

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