«Le communisme français, un cadavre qui bouge encore, hélas !»

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French Communist Party's (PCF) Ian Brossat takes part on April 4, 2019 in a debate gathering 12 list front-runners for the May 2019 European Parliament elections, on the set of French public TV channel France 2 in Saint-Cloud, near Paris. (Photo by BERTRAND GUAY / AFP)

FIGAROVOX/TRIBUNE – Pour Nicolas Lecaussin, le communisme aurait dû depuis longtemps sortir de l’Histoire. Et ce n’est pas à l’honneur de la France d’avoir toujours un parti communiste, explique-t-il.


Nicolas Lecaussin est Directeur de l’IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales) et vient de publier Les donneurs de leçons aux Editions du Rocher.


Je n’aurais jamais imaginé que, trente ans après la chute du communisme, il y aurait encore un parti communiste en France. Après avoir fait des dizaines de millions de morts et laissé des champs de ruines partout où il a été au pouvoir – toujours arrivé par la force, jamais grâce aux élections – le communisme est une idéologie qui séduit toujours en France. L’historien Marc Lazar avait raison lorsqu’il parlait d’une «passion française». Non seulement le PCF est toujours là, mais ses leaders s’affichent avec insolence, sans aucun état d’âme, et il frôle même les 4 % dans les sondages pour les Européennes. En novembre dernier, le Congrès du PCF avait été occulté par les débuts des gilets jaunes.

Au PCF, il n’a jamais été question de rien changer, même pas de nom, alors que même le parti communiste italien a entrepris une mutation idéologique dès le début des années 1990. Sous le nom de Parti démocratique de la gauche (PDS) adopté en 1991, il est devenu une force politique importante. Notre PCF, lui, malgré sa chute dans l’électorat -16. 1 % aux législatives de 1981, 2.7 % en 2017 -, persiste dans l’erreur. Il a été le seul parti politique allié d’Hitler entre 1939 et 1941, et il s’obstine à préférer le mensonge face à la vérité, l’attitude négationniste face aux faits historiques. Ainsi en 1997, lorsque paraît le Livre noir du communisme ses représentants, la main sur le cœur, nient l’horreur, clamant haut et fort l’innocence des idées communistes. Il est vrai que ce déni accélérera encore son déclin. De nombreux membres l’ont quitté pour rallier La France insoumise ou d’autres courants politiques d’extrême gauche. N’oublions pas qu’aux élections présidentielles de 2017, Jean-Luc Mélenchon a obtenu 19.58 % des voix et que, sur onze candidats, neuf affichaient clairement leurs penchants léninistes et leurs programmes marxisants!

« L’humain ». ll faut oser, de la part de quelqu’un qui se réclame d’une idéologie ayant entassé les cadavres et qui n’a eu que mépris pour l’être humain.

Aujourd’hui, Ian Brossat, la tête de liste du PCF aux Européennes, serait, selon Le Parisien (8 mai), un communiste «new look». Mais pourrait-il y avoir aussi un nazi «new look»? Dire aux victimes du communisme que celui-ci est devenu «branché»… Un peu de respect. Rien, d’ailleurs, ne montre que l’idéologie aurait changé. Brossat défend le communisme avec l’aplomb et le dogmatisme d’un vrai apparatchik. Il est même fier de son grand-père qui a été espion au service du KGB et condamné à vingt ans de prison par la justice israélienne.

Au cœur de son programme pour l’Europe, il y a… «l’humain». ll faut oser, de la part de quelqu’un qui se réclame d’une idéologie ayant entassé les cadavres et qui n’a eu que mépris pour l’être humain. Son programme reprend les formules creuses et les propositions éculées du PCF. Toujours la même rengaine contre «le marché, la concurrence, l’austérité…». C’est toujours l’Etat qui résout tout, pas de salut ni solutions hors les services publics, haro sur les banques, les entreprises et bien entendu les riches, qui doivent être punis.

Sans oublier la dose habituelle d’antiaméricanisme, administrée depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, avec la sortie de l’OTAN.

Difficile de croire que Ian Brossat et le PCF feront 5 % dimanche prochain. Ce qui est très grave c’est que, aujourd’hui, même si le PCF est plutôt cliniquement mort, ses dogmes, pourtant démentis par l’Histoire, font encore des émules. En fait, paradoxalement, les idées communistes ont proliféré en France comme des cellules cancéreuses en dépit de la déliquescence du PCF.

L’antilibéralisme, l’antiaméricanisme, l’égalitarisme et la haine des riches sont profondément ancrés dans le tempérament français. L’idéologie communiste, entre toutes les idéologies, bénéficie toujours d’un statut privilégié. Le succès médiatique des personnalités politiques – Mélenchon, Ruffin, Garrido…- s’en réclamant prouve qu’elle garde un capital de sympathie et d’admiration auprès de très nombreux Français. Comme si l’on avait gommé tout simplement les dizaines de millions de morts, victimes des dictatures communistes. Le négationnisme de gauche décrit par Thierry Wolton dans son dernier livre est très efficace dans ce pays.

Que se passerait-il si l’on organisait au Grand Palais une expo consacrée à l’art nazi où une boutique proposerait des mugs avec Hitler ?

D’ailleurs, l’exposition organisée en ce moment au Grand Palais et intitulée «Rouge: Art et utopie aux pays des Soviets» montre parfaitement les caractéristiques de la propagande communiste ; sauf qu’elle est présentée de telle manière que l’immense tragédie qu’elle cache n’y apparaît jamais… Une seule fois il est fait allusion (en tout petit) aux dizaines de millions de victimes du totalitarisme communiste et au destin des vrais intellectuels (déportations, assassinats, résidence forcée, etc…). Que comprennent des jeunes qui ne connaissent pas très bien cette période et qui peuvent acheter, à la fin de l’expo, des cahiers, des stylos et des mugs avec les portraits de Staline, Marx et Lénine? Que se passerait-il si l’on organisait au Grand Palais une expo consacrée à l’art nazi où une boutique proposerait des marque-pages avec la tête de Goebbels, des mugs avec celle d’Hitler souriant ou des stylos sur lesquels on apercevrait Himmler? Ce serait inconcevable et cela provoquerait, à juste titre, des protestations de toutes parts.

Communisme, un nom que j’espérais perdu dans les poubelles de l’Histoire, a toujours la cote dans un pays, la France, qui, à défaut de se réformer, montre une inquiétante attirance pour les erreurs idéologiques. Honte à un pays comme la France, d’avoir encore, en 2019, un parti communiste.

Source www.lefigaro.fr

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