Par Jacques BENILLOUCHE – Temps et Contretemps
Les terroristes de Cisjordanie ont évolué ; ils ne lancent plus des pierres mais ils disposent de kalachnikov et d’explosifs en affrontant les forces de l’ordre israéliennes. Ils sont généralement de plus en plus jeunes et donc plus téméraires que leurs ainés. Le commandant-adjoint de l’unité d’élite Nahal, le major Bar Falah (notre illustration) âgé de 30 ans, a été tué par des tirs ennemis. Quand ce n’est pas un commandant de Tsahal, c’est une jeune policière de 18 ans, Noa Lazar, qui est abattue dans une fusillade au point de contrôle de Shou’afat, près de Jérusalem. Et pourtant la police et l’armée israéliennes ne chôment pas puisque des opérations sécuritaires ont lieu tous les jours dans les villages arabes et qu’un ou deux Palestiniens trouvent la mort chaque jour en Cisjordanie dans des échanges de tirs avec Tsahal.
L’audace veut qu’un jeune palestinien armé s’approche à pied d’un barrage de police, ouvre le feu et s’échappe dans une voiture qui attend, en se dirigeant vers le camp de réfugiés voisin. Si l’on prend l’exemple de ces derniers jours, le 7 octobre, deux Palestiniens ont été tués par des tirs des forces israéliennes. Adel Dawoud, 14 ans, a succombé à des blessures par balles à Qalqilya, dans le nord de la Cisjordanie. Il avait été repéré en train de lancer des cocktails Molotov et les soldats ont riposté. Plus tard, un autre jeune de 17 ans, Mahdi Ladadwat, a été tué près de Ramallah.
Les terroristes sont de plus en plus jeunes et manifestent pour s’opposer à l’expansion des implantations. Tsahal organise tous les jours des opérations dans les villages de Cisjordanie à la recherche d’armes et de terroristes mais la tension ne se réduit pas. Ces opérations israéliennes, émaillées d’affrontements avec la population, ont aussi fait des dizaines de morts côté palestinien, parmi lesquels des membres de groupes armés. À chaque mort israélien, les habitants tirent des pétards en signe de joie tandis que les mères exultent lorsque leurs fils tombent sous les balles israéliennes. On ne voit plus où est la logique humaine. Le gouvernement a autorisé l’armée à procéder à l’élimination des chefs palestiniens qui depuis Gaza donnent des ordres à leurs cellules de Cisjordanie. Mais les chefs sont facilement remplaçables.
Au lieu de calmer les esprits, le Hamas cherche à envenimer la situation en Cisjordanie en saluant l’attaque : «La courageuse opération à Shou’afat prouve que la résistance armée en Cisjordanie et à Jérusalem occupée se poursuit, aussi répressives que soient les mesures prises par l’ennemi». Le ministre de la Sécurité publique, Omer Barlev, a déclaré qu’une opération prolongée pourrait être nécessaire compte tenu de l’augmentation des activités terroristes. «Nous faisons de notre mieux pour ne pas nous retrouver dans une campagne militaire en Judée-Samarie, mais il ne fait aucun doute que les événements des semaines et des jours passés sont d’une grande intensité. Nous faisons de notre mieux, mais si ce n’est pas le cas assez, nous serons contraints de mener une opération majeure dans le nord de la Samarie».
De son côté, le député Itamar Ben-Gvir du parti Otzma Yehudit, n’est plus à un excès de langage près : «Avec toute la nation d’Israël, je prie pour le bien-être des personnes blessées dans cette grave attaque. Il n’y a pas de gouvernance, il y a de la faiblesse ; déjà ici, attaque terroriste sur attaque terroriste et il n’y a personne pour aider Benny Gantz, un gauchiste d’extrême-gauche qui n’apprend pas sa leçon et qui continue sa politique de faiblesse envers l’ennemi, qui se frotte ses mains jointes de plaisir et regarde comment Gantz évacue les villes juives et rencontre le terroriste Mahmoud Abbas».
Ben Gvir sur le Mont du Temple
Pourtant des directives ont été données aux soldats pour anticiper une attaque et tirer sur tout terroriste armé, même d’un couteau, qui s’approche d’eux sans attendre d’être en situation de légitime défense. Mais viser à froid un homme n’est pas encore entré dans les mœurs des jeunes soldats attachés à la vie et surtout à l’éthique de l’armée.
La question essentielle reste que face aux violences en Cisjordanie, l’Autorité palestinienne demeure passive malgré une police omniprésente et ne fait rien pour limiter les échanges de tirs. Mahmoud Abbas s’est contenté d’appeler les Etats-Unis à «accentuer la pression sur Israël pour qu’il cesse sa guerre totale contre le peuple palestinien. Les opérations israéliennes mèneront à une explosion et à un point de non-retour, ce qui aura des conséquences dévastatrices pour tous».
Le gouvernement envisage l’usage de blindés et de troupes d’élite pour mater les émeutes quotidiennes qui ont lieu au nord de la Cisjordanie. Les Palestiniens en paieront le prix fort.