L’intérêt du gouvernement de Benjamin NetanyahOu pour les différents scénarios envisagés par l’armée israélienne si les tensions le long de la frontière libano-israélienne venaient à dégénérer, n’est pas lié à une probabilité plus forte de guerre aujourd’hui, précise le quotidien qui rappelle que les services de renseignement estiment que le risque d’une guerre lancée par le Hezbollah reste faible. « Les craintes sont plutôt liées aux développements en Syrie et au Liban, qui risquent de provoquer une escalade », ajoute le Haaretz, alors que depuis plusieurs semaines, les forces du régime de Bachar el-Assad ont considérablement avancé dans les régions de Deraa et Qouneitra, proches de la partie du Golan occupée par l’Etat hébreu.
Trois scénarios différents auraient donc été présentés par l’armée israélienne au gouvernement NetanyahOu, variant principalement sur la question de la durée d’un éventuel conflit, d’une dizaine de jours à plus d’un mois.
Se basant sur des rapports publiés au cours des dernières années, l’armée israélienne estime que le parti chiite dispose d’entre 120.000 et 130.000 missiles et roquettes de courte et moyenne portées, et que 90% de ces missiles peuvent parcourir une distance de 45 kilomètres. D’après les informations rapportées par le Haaretz, l’armée israélienne prévoit, en cas de conflit, « des centaines de roquettes tirées quotidiennement » soulignant que la majorité de ces roquettes « peuvent porter une ogive de plus de dix kilos ». Il a également été estimé par les forces armées que le système de défense aérienne ne pourra pas intercepter autant de projectiles que lors de précédents conflits, notamment les guerres de 2012 et 2014 contre Gaza, le nombre de missiles anti-balistiques israéliens étant trop limité par rapport à la puissance de feu du Hezbollah.
Abris et coupures de courant
Bien que « tous les nouveaux bâtiments construits depuis la moitié des années 90 doivent être équipés d’abris » pouvant protéger la population d’attaques de ce calibre, la perspective de voir des roquettes s’abattre loin sur le territoire israélien, en cas de « guerre totale », a poussé l’armée israélienne a prévoir un plan détaillé d’évacuation. Ce plan concerne les habitants de zones situées à portée de missiles, et notamment des cinquante localités situées dans une bande de quatre kilomètres de profondeur à partir de la frontière, c’est-à-dire près de 80.000 personnes. Dans ce cadre, des « jumelages ont été créés entre les différentes autorités locales », les localités à évacuer et celles qui accueilleraient les évacués.
Mais ce plan et les mesures prévues en cas de guerre, reposent également sur la discipline des citoyens israéliens, un point qui, selon le Haaretz, « empêche les hauts responsables militaires de dormir ». En effet, d’après le quotidien, « les attentes des Israéliens sont très élevées, ce qui risque de pousser les habitants à ne pas respecter les consignes, surtout dans le centre du pays ».
L’armée aurait également évoqué avec le gouvernement israélien le sort de la plateforme offshore de forage installée au large du pays. Les autorités sont en effet confrontées à un dilemme en ce qui concerne les opérations d’extraction de gaz, nécessaires pour l’alimentation en électricité du pays.
Si, en cas de guerre, les opérations d’extractions se poursuivaient, les plateformes risqueraient d’être endommagée (malgré les systèmes de défense qui seront déployés pour sa protection), et « il faudrait plusieurs années pour réparer les dégâts ». Tandis que si les installations sont touchées alors qu’elles sont à l’arrêt, « les réparations ne prendront que quelques semaines », rapporte le journal israélien. Il est donc recommandé aux autorités de « fermer la compagnie d’électricité » le temps des bombardements. En conséquence, « pour la première fois dans l’histoire d’Israël, le courant risque d’être coupé de manière périodique sur l’ensemble du territoire ».
Enfin, le Haaretz rapporte que l’autorité en charge de la gestion des situations d’urgence a « établi une liste de cinquante infrastructures sur l’ensemble du territoire, dont l’importance est primordiale et qui doivent bénéficier d’une défense renforcée ». Cette liste comprend des structures liées à l’approvisionnement en énergie et au transport.