- L’amiral Alireza Tangsiri, commandant du corps naval des Gardiens de la Révolution islamique (IRGC), a annoncé que l’Iran allait construire une nouvelle base militaire dans l’océan Indien. Cette base a-t-il ajouté, sera utilisée pour protéger la pêche et les navires commerciaux de la piraterie et des « navires étrangers », une allusion à la force navale multinationale dirigée par les États-Unis qui protège la circulation maritime dans le Golfe contre les ingérences iraniennes.
- L’accord sino-iranien ouvre à la Chine l’accès à un certain nombre de ports iraniens, dont Chabahar. Les Chinois auraient l’intention de construire une nouvelle base militaire à proximité de Chabahar.
- Une telle base donnerait à la marine chinoise les moyens de surveiller les activités de la marine américaine dans la région, en particulier la Cinquième Flotte déployée en permanence dans le Golfe pour protéger la circulation dans le détroit d’Ormuz, une voie navigable vitale pour l’économie mondiale.
- Toute expansion militaire iranienne et chinoise dans la région aurait un impact sur l’île de Diego Garcia, une base militaire américano-britannique, atout-clé du Pentagone dans la région.
L’armée américaine, déjà préoccupée par les agissements de l’Iran dans la région, prend très au sérieux la perspective d’une alliance militaire sino-iranienne dans l’océan Indien. Photo : Le président iranien Hassan Rouhani serre la main du président chinois Xi Jinping le 23 janvier 2016 à Téhéran. (Photo par STR/AFP via Getty Images) |
Depuis l’annonce de la construction d’une nouvelle base militaire iranienne dans l’océan Indien d’ici la fin de l’année, les États-Unis s’attendent à de nouvelles tensions avec Téhéran.
L’annonce iranienne a eu lieu à la veille de la signature par Téhéran d’un accord commercial de 400 milliards de dollars avec la Chine. Cet accord inclut un volet militaire qui met en place une coopération renforcée entre les deux pays pour contrer la traditionnelle domination de Washington dans la région.
Selon le New York Times qui a rendu public les termes de l’accord, la Chine pourrait investir jusqu’à 400 milliards de dollars en Iran au cours du prochain quart de siècle.
Selon un proche du président iranien Hassan Rouhani, l’accord devrait être signé d’ici mars 2021. Il institue une coopération militaire renforcée entre les deux pays, prévoit le développement d’armes de guerre, des manœuvres conjointes et une coopération dans le renseignement afin de lutter contre « contre le terrorisme, le trafic de drogue et d’êtres humains et les crimes transfrontaliers ».
Cette coopération entre Téhéran et Pékin inquiète les responsables militaires occidentaux. Ils estiment qu’une présence renforcée des deux pays dans l’océan Indien aurait pour but de remettre en cause la traditionnelle prééminence de l’Amérique dans le Golfe.
C’est l’amiral Alireza Tangsiri, commandant du corps naval des Gardiens de la révolution islamique (IRGC), qui a annoncé le projet de nouvelle base militaire dans l’océan Indien. Il a ajouté que la base servirait à protéger la pêche et les navires commerciaux de la piraterie et des « navires étrangers », une allusion très claire à la force navale multinationale dirigée par les États-Unis qui protège actuellement le trafic maritime dans le Golfe, contre toute ingérence iranienne notamment.
L’Iran n’a rien dit quant à la localisation de sa nouvelle base maritime. En l’état actuel de la situation, la base iranienne la plus proche de l’océan Indien est le port de Chabahar dans le golfe d’Oman, par où transitent les marchandises exportées en Afghanistan.
Dans le cadre de l’accord actuellement négocié avec Pékin, la Chine aurait accès à un certain nombre de ports iraniens, dont Chabahar. Les Chinois auraient l’intention de construire une base militaire à proximité.
Si ce site militaire voyait le jour, la marine chinoise aurait les moyens de surveiller les activités de la marine américaine dans la région, en particulier la Cinquième Flotte déployée en permanence dans le Golfe pour protéger le détroit d’Ormuz, cette voie navigable vitale à l’économie des pays occidentaux.
Toute expansion de l’activité militaire iranienne et chinoise dans la région aura des effets sur la base américaine de Diego Garcia, une île de l’Océan Indien que le Pentagone considère comme un site stratégique.
Au début de l’année, pour faire face aux tensions consécutives à l’assassinat de Qassem Soleimani, le commandant de l’IRGC qui dirigeait la Force d’élite Qods, Washington a envoyé une flotte de bombardiers B-52 à Diego Garcia.
Une alliance militaire de l’Iran et de la Chine dans l’océan Indien ne manquera pas – si elle se concrétise – d’être considérée avec le plus grand sérieux par l’armée américaine.
Celle-ci est déjà préoccupée par la façon dont l’Iran exerce son influence dans toute la région. Le général Kenneth McKenzie du corps des Marines et chef d’Etat Major, a récemment déclaré que l’Iran représentait la principale menace à la sécurité et à la stabilité régionales.
« L’Iran travaille activement à l’instabilité politique de la région et cherche à faire baisser le niveau de sécurité général », a déclaré McKenzie. « Ils utilisent des intermédiaires et la violence pour plier les autres nations à leur ordre du jour. »
Toute alliance militaire future entre Téhéran et Pékin ne peut que renforcer l’Iran dans sa détermination à étendre ses activités malveillantes dans la région, ce qui accroitra le risque d’une nouvelle escalade avec les États-Unis et leurs alliés.
Con Coughlin, spécialiste du Telegraph pour la défense et les affaires étrangères, est Distinguished Senior Fellow du Gatestone Institute.